Transcription du webinar : "Organismes de formation : Comment améliorer vos pratiques ? Retours sur 2 ans d’enquête"
Depuis quelques années, le secteur de la formation fait face à de nombreuses mutations réglementaires et sociétales, accélérées par la crise sanitaire. Pendant 2 ans, Via compétences – à la demande de la DREETS - est allé à la rencontre des OF pour les interroger sur leurs pratiques, sur leurs visions des grands enjeux de la formation professionnelle et leur stratégie de développement dans ce contexte mouvant. Plus de 60 témoignages ont été recueillis parmi tous les acteurs de la formation. Au cours de ce webinar, Via compétences propose de restituer les résultats de cette grande enquête régionale et dévoiler les recommandations issues de ses observations.
Véronique SPIRITO - Bonjour à tous, je vous propose de démarrer ce webinar, donc, qui s'intitule : Organismes de Formation - comment améliorer vos pratiques ? Retour sur deux ans d’enquête. En effet, donc, pour réaliser ce webinar et cette étude qui va vous être présentée, on est parti à la rencontre des OF, et aussi de tous les acteurs de l'écosystème de la formation, pour voir ensemble, découvrir leurs pratiques, échanger aussi sur leur vision, sur leurs besoins, sur leurs attentes, et toutes ces observations ont donné lieu à un rapport qui sera publié pour début juin.
Et en attendant ce rapport, l'idée était aujourd'hui de vous faire une synthèse de nos observations, qui seront associées à des recommandations, donc je suis Véronique SPIRITO, chargée de mission ingénierie de l'orientation, et je suis en compagnie de Ann PORCHERET-AMARA, avec laquelle j'ai travaillé en étroite collaboration sur cette étude. Et puis, au chat, Julie TRIVIER sera présente. Donc vous pouvez poser toutes vos questions, on y répondra dans le dernier quart d'heure. Si vous rencontrez des problèmes techniques vous pouvez aussi passer par le chat, on tentera de vous apporter une réponse.
Ce que je vous propose aujourd'hui, donc on est ensemble pour une heure, jusqu'à midi, donc c'est le contexte de l'étude, de vous représenter, voilà, tout ce qui est tout ce qui a donné lieu à ces deux ans d'enquête, et puis on présentera nos résultats, nos observations, dans trois grandes parties : donc la première partie montrera en quoi finalement l'environnement de la formation se complexifie, la deuxième partie sera plutôt consacrée à la stratégie des organismes de formation. Finalement, qu'est-ce qu’ils mettent en place pour répondre à cette complexification de l'environnement ? Et dans la troisième partie, on abordera plutôt les ressources en interne qui sont déployées par les organismes de formation pour développer leur stratégie. Et puis on conclura pour ensuite laisser un bon quart d'heure de questions-réponses. Et en attendant, donc, je passe la main à ma collègue Ann, donc, pour lui permettre de recontextualiser justement notre étude.
Ann PORCHERET-AMARA - Bonjour à toutes et tous, donc, ravie de vous recevoir pour ce webinar, donc effectivement je vais contextualiser cette étude. Donc c'est une étude qui a été financée par l'État, donc, via la DREETS, c'est la Directions Régionale de l’Économie, de l'Emploi, du Travail et des Solidarités. Cette étude a été réalisée de décembre 2020 à mai 2023 et l'objectif principal est effectivement de connaître les évolutions des pratiques des organismes de formation, donc en lien avec la loi avenir professionnel de 2018, donc de mieux connaître du coup les besoins des OF, et leurs défis, du coup, notamment, en matière de transition numérique. Voilà, l'ambition c'était effectivement de pouvoir permettre aux acteurs de l'écosystème formation d'avoir du coup des clés pour adapter les pratiques et parcours de formation des apprenants et bénéficier aussi de dispositifs de financement qui seraient ajustés à leurs besoins. Voilà. En somme, on a eu trois phases dans cette étude globale : une plutôt quantitative, où 3300 OF ont été ciblés (donc on a pu récupérer en fait 479 questionnaires qu'on a pu exploiter en tant que tels) et donc ces résultats sont disponibles d'ailleurs sur le site de Via Compétences, pour ceux qui ne les auraient pas encore consultés, puis on est venu compléter ce travail-là par une étude qualitative, parce que l’idée, c’était d’avoir un peu plus de matière en termes qualitatifs, c'est-à-dire avoir des verbatims, des paroles et approfondir certains thèmes qui avaient dans l'étude quantitative, donc aller un petit peu plus loin dans le contenu, 61 entretiens semi-directifs, donc quand on dit semi-directifs, c'est en gros à l'aide d'un guide d'entretien plutôt thématique. On a exploité un certain nombre de thèmes dont on vous parlera un petit peu plus tard dans le webinar. Donc pour ces entretiens, il y avait 38 organismes de formation, 10 entreprises, 6 apprenants, 5 financeurs et 2 certificateurs. Et donc dans l'idée, on va pouvoir publier le rapport qui correspond à cette étude, et il sera aussi disponible sur le site de Via Compétences ; on vous a mis la référence du site en bas de la diapo. Maintenant, je redonne la main à Véronique pour le début de l'étude qualitative sur la question de la complexification de l'environnement.
Véronique SPIRITO - Ok merci Ann. Donc moi, je vous propose de vous présenter, justement, en quoi les organismes de formation et même les acteurs de l'écosystème ont le sentiment, vraiment, d'une complexification de l'environnement.
Alors, il y a une complexification d'abord par la succession des réformes. Depuis une quinzaine d'années, il y a en moyenne une réforme tous les 5 ans, jusqu'à, finalement la loi Avenir Professionnel qui a eu lieu en 2018. Cette loi, elle voulait quand même amorcer vraiment un virage. À l'époque, Muriel Pénicaud parlait de Big Bang, donc l'idée c'était vraiment d'avoir un tournant réglementaire par rapport à cette loi Avenir Professionnel. Donc il y a eu, quand même, des grandes thématiques, des grandes transformations, qui ont eu lieu avec cette loi, notamment la monétisation et la désintermédiation du CPF, qui a été un élément phare, la libéralisation de l'apprentissage, la création des OPCO, et puis largement aussi de la recentralisation des financements par l'État et puis évidemment le référentiel qualité Qualiopi. Donc l'environnement se complexifie, donc non seulement en termes réglementaires mais aussi en termes concurrentiels, puisque les organismes de formation ne cessent de croître : aujourd'hui en Auvergne-Rhône-Alpes on a environ 17000 organismes de formation. Voilà, donc ce qui fait de ce monde-là un monde vraiment concurrentiel avec des moyens financiers quand même assez importants à la clé. Et puis des grandes transformations sociétales en cours, qui ont été aussi bien évidemment accélérées, comme on le sait tous, par la crise sanitaire. Ce n'est pas encore fini, puisqu’une réforme a été annoncée dans les grandes lignes pour le moment pour 2023, avec des changements qui devraient être moins profonds, moins impactant que la réforme de 2018, mais en tout cas, elle devrait plutôt axer vers un renforcement de la qualité de la formation et puis voir quelques dispositifs de transitions professionnelles évoluer. Donc une réforme certainement moins ambitieuse, mais quand même une réforme.
Alors je précise simplement que tous nos slides sont fabriqués un peu sous le même format : donc vous aurez à chaque fois nos constats associés à des préconisations et puis associés à des verbatims. Alors des verbatims qui sont là, sur les diapos, sur les diapos, donc qui sont illustrés, donc évidemment vous pourrez ensuite en prendre plus largement connaissance puisque ce diaporama, vous pourrez le télécharger. Pour vous donner un ordre d'idée, dans tous les interviews qu'on a pu mener, on a environ 700 pages Word de retranscription d'entretiens, donc là vous avez vraiment une sélection de verbatims très fine, et bien évidemment donc dans le rapport, vous aurez là une alternance de constats et de Verbatims bien plus appuyée que celle présentée ici.
Alors pour entrer effectivement dans les impacts pour les organismes de formation, donc qu’est-ce qui a pour eux vraiment particulièrement contribué à ce sentiment de complexification ?
Tout d'abord on a Qualiopi. On peut dire que c'est un dispositif qui est vraiment au cœur des mutations. Il y a eu, donc depuis les années 2000, plutôt un renforcement des démarches qualité, à mesure finalement que les organismes de formation devenaient de plus en plus stratégiques pour le gouvernement : stratégiques en terme de transformation de la société et avec aussi donc une manne financière quand même importante à la clé, parfois quelques fraudes qui ont pu avoir lieu, et du coup la nécessité d'harmoniser ces pratiques, la nécessité de mettre en œuvre d'énormes qualités jusqu'à justement ce référentiel Qualiopi, qui a été mis en œuvre le 1er janvier 2022 et auquel de nombreux organismes de formation sont rentrés dans ce dispositif, puisque dans tous les OF qu'on a pu interroger, seulement deux ne rentraient pas, ne voulaient pas rentrer dans cette démarche Qualiopi. Il faut dire aussi que finalement la démarche est quasiment obligatoire, puisque pour obtenir des fonds publics ou mutualisés, il faut impérativement disposer de ce certificat qualité, ce qui en fait quand même on peut dire un sésame pour les organismes de formation, qui l'ont du coup passé un peu parfois à marche forcée. Pour les organismes de formation, Qualiopi ça a été quand même une démarche très complexe, beaucoup de synonymes, d'ailleurs, de ce mot, nous ont été donnés, une démarche vraiment difficile, dure, un labeur incommensurable, enfin voilà, en tout cas, vraiment, une démarche vécue comme très complexe par les organismes de formation. Et les organismes de formation, donc il en existe une variété quand même très importante, au niveau bien sûr de leur statut, du chiffre d'affaires, de l'effectif aussi bien sûr, et en fonction de l'effectif, les organismes de formation finalement sont vraiment inégalement dotés pour rentrer dans cette démarche, comme je le disais complexe et aussi coûteuse, puisque finalement l'investissement financier nécessaire pour Qualiopi, il est le même d'un OF à l'autre et les indépendants ont pu le percevoir, quand même, comme un certificat encore plus lourd et finalement le vivre avec encore un peu plus d'injustice par rapport à des gros OF qui, eux, sont quand même très structurés, parfois avec des services qualité en interne, pour pouvoir rentrer dans ce dispositif, traduire ce référentiel Qualiopi.
Alors comment est-ce que finalement les organismes de formation se sont enfin adaptés à Qualiopi ? Ceux pour lesquels finalement cette démarche a été plus simple, moins coûteuse, c'est ceux qui sont rentrés, qui avaient déjà souvent des labels qualité, alors des labels de tous types, ça pouvait être des labels régionaux, ça pouvait être des labels AFNOR, des labels ISO, et ceux qui étaient déjà structurés, qui étaient déjà finalement rentrés dans une démarche d'amélioration continue, pour ceux-là, Qualiopi a été quand même plutôt simple, ça c'est fait dans une certaine fluidité, continuité et ont approché finalement Qualiopi de façon plus simple, plus harmonieuse, d'où l'idée effectivement de considérer Qualiopi non pas comme un dispositif qui nécessite des preuves, qui nécessite une lourdeur administrative, mais plutôt comme ce pourquoi il a été conçu, c'est-à-dire un dispositif d'amélioration continue, et de rentrer vraiment, d'aborder Qualiopi sous cet angle-là : comment Qualiopi peut me permettre structurellement d'améliorer mes pratiques ? Aussi, Qualiopi a été une aide, notamment, c'est ce que nous ont dit les nouveaux OF, ceux qui était relativement récents, se sont appuyés souvent sur le référentiel Qualiopi pour structurer leur offre de service. Et du coup, ils ont fait un peu d'une pierre deux coups, c'est-à-dire qu'ils ont passé Qualiopi en même temps que structurer leur organisme de formation, comme ça ils avaient aussi, justement, l'assurance de rentrer dans ses clous aussi de Qualiopi. Et puis là aussi, où ça a été facilitant, c'est quand finalement la direction de l'OF s'est vraiment saisie de cette démarche Qualiopi, et a pu le diffuser à l'ensemble de son personnel pour en faire, pour vraiment prendre en main cette démarche et non pas comme quelque chose, vraiment, de centré sur la preuve, centré sur la lourdeur administrative, mais vraiment centré sur, voilà, comment on peut tous ensemble se réunir et chercher à améliorer le dispositif, améliorer notre offre de service. Voilà un peu les conditions sine qua none qui font que Qualiopi est mieux vécu, Qualiopi est vécu tout simplement avec un peu plus de légèreté.
Ensuite, qu'est-ce qui a aussi fait que ce sentiment de complexité s'est accru au sein des OF ? Ce sont tout simplement les nouveaux circuits de financement. Donc la loi Avenir Professionnel a considérablement restructuré les financements, au travers d’une recentralisation, donc avec le pilotage de l'État, l'apparition aussi de nouveaux acteurs dans le paysage de la formation, l'apparition de nouveaux dispositifs de la formation , et bien évidemment les financeurs ont un rôle central à jouer dans le dispositif, dans le monde de la formation, puisque ce sont eux qui vont distribuer les financements et du coup donner les grandes orientations dans lesquelles, finalement, les organismes de formation vont rentrer pour bénéficier tout simplement de ses financements. Donc de nouveaux acteurs, notamment France Compétences qui pilote la formation, l'URSSAF, la Caisse des Dépôts et puis aussi des nouveaux, les OPCO bien sûr, à citer, et puis des nouveaux dispositifs aussi. Des nouveaux dispositifs ou alors des dispositifs plutôt, que nous vous disons, en tout cas, rénovés, puisque la monétisation du CPF a eu un énorme impact sur le paysage de la formation. Donc cette monétisation a évidemment recentré aussi un nouveau public dans les organismes de formation. Il y a eu aussi le projet de transition professionnelle, qui a été donc innovant aussi dans cette réforme, et puis enfin qui a eu un énorme impact pour les organismes de formation, c'est la libéralisation de l'apprentissage, puisque maintenant tous les OF déclarés peuvent créer leur centre d'apprentissage et évidemment ça a beaucoup aussi fait bouger les lignes, puisque ça devient une source de financement très importante pour les organismes de formation qui souvent vont se lancer aussi dans cette possibilité offerte par la libéralisation. Et dans tout ce schéma, aussi, on peut voir que les OF interrogés ont souvent le sentiment que les financements ne sont pas toujours adaptés finalement à la réalité de cette formation : des inadaptations parce que certains dispositifs, notamment le CPF, a été plus raccourci, plus compressé, et permet de prendre en charge des formations finalement qui sont beaucoup plus courtes, avec la création des OPCO aussi et le recentrage des formations vers les petites entreprises, en tout cas les entreprises de moins de 50 salariés, finalement les formations ne sont pas à la hauteur d'un accompagnement qui pourrait être vraiment suffisant pour les organismes, pour les entreprises de moins de 50 salariés. Du coup, là aussi, quelques inadaptations, et surtout, l'inadaptation, elle est surtout, elle est surtout soulignée par rapport à un coût horaire. Alors le coût horaire, c'est vrai que c'est historique au niveau de la prise en charge de la formation, on est toujours sur ce fameux coût horaire stagiaire, qui est souvent quand même assez dénoncé parce qu'il ne permet pas finalement de prendre en charge le coût global de la prestation et les exigences des financeurs qui sont vraiment de plus en plus nombreuses, notamment au travers de l'individualisation de la formation, qui prend beaucoup de temps aux OF, qui nécessite une analyse fine du besoin, qui nécessite vraiment d'adapter, de penser la formation, donc tout ça prend du temps, tout ça est lourd pour les organismes de formation. Au travers aussi cette accélération de la digitalisation de la formation, qui devient là aussi un enjeu de priorité pour les financeurs. Donc la digitalisation de la formation et on le verra plus tard, demande vraiment une réingénierie du contenu de formation. Et tout ça, prend voilà beaucoup de temps, et finalement un forfait de prise en charge de la formation paraîtrait beaucoup plus adapté à une prise en charge du parcours de la formation, et au financement de la formation dans son ensemble, et serait plus facile à évaluer de la part des organismes de formation. Et il y avait aussi l'idée, alors là c'est plutôt une préconisation évidemment aux pouvoirs publics, mais en tout cas de créer un comité régional inter-financeurs, qui permettrait d'harmoniser les pratiques des financeurs. Parce que là aussi on le voit, ce qui crée vraiment de la lourdeur pour les organismes de formation, c'est aussi toute cette différence de pratiques de chaque financeur, des systèmes d'information différents, des modalités différentes, des priorisations différentes, et tout ça va créer un sentiment vraiment de difficulté pour les OF, alors que ce comité régional, il pourrait vraiment permettre finalement d'aller dans le sens de l'harmonisation des pratiques, pour permettre une plus grande facilité derrière pour les organismes de formation, et aussi permettre parfois d'être un peu plus alerte quand un organisme de formation dysfonctionne, par exemple, pour pouvoir être un peu plus réactif dans les signalements. Voilà, ça c'est concernant effectivement, donc, les circuits de financement rénovés.
Un dernier point, aussi, qui qui contribue à complexifier cet environnement de la formation, c'est l'hétérogénéisation des demandes des apprenants : en fait, on voit que, au travers des différents dispositifs, au travers des différents financements de la formation, il y a une plus grande variété de public. Déjà, le CPF introduit un nouveau public, l'individu, qui dispose de son compte personnel, et puis les dispositifs PIC aussi, dans le cas du Plan d'Investissement dans les Compétences, les financements de l'État vont dans le sens des publics qui vont être de plus en plus éloignés de l'emploi, et tout ça va faire qu’il y a de nouveaux publics, avec des attentes différentes, avec des compétences différentes, et qui vont venir aux OF, et ça, ça va demander quand même un peu plus de temps, un peu plus de d'investissement de la part des OF, pour gérer finalement cette plus grande variété de publics qu’ils n'avaient pas forcément avant, en parallèle d'une augmentation, aussi, du nombre d'apprenants qui viennent à la formation. Et donc tous ces apprenants ont des exigences qui sont multiples, et aussi des exigences qui peuvent parfois s'affronter, des visions qui sont parfois antagonistes, entre finalement les pros distanciels, qui ont une approche un peu plus, je dirais, moderniste de la formation (évidemment, la crise sanitaire est passée par là, mais en tout cas, qui vont préférer demander des formations à distance, parce que ça va leur faire gagner du temps, de la flexibilité, ça va faire aussi tout simplement des économies en termes d'euros et aussi de déplacement), et puis il y a tous ceux qui ont une vision quand même plus traditionnelle de la formation, qui n'envisagent finalement pas une formation en distancielle, et qui veulent, eux, du 100% présentiel, qui veulent être présents, qui veulent bénéficier du groupe, des apports du groupe, de cette dynamique. Et aussi, qui voit la formation comme, bien sûr, une possibilité de monter en compétences, mais aussi le développement de son réseau, et pour lesquels, là, le présentiel devient très important. Et c'est vrai qu’on voit aussi que, finalement, il y a ces deux visions qui s'affrontent un peu, et les OF jouent un rôle aussi là-dedans, en matière de d'accompagnement justement, au changement des mentalités des apprenants. Une autre vision, aussi, qui s'oppose, entre l'obligation et le volontarisme : il y a certains apprenants qui vont plutôt considérer la formation, vraiment se saisir de la formation, en faire une démarche, vraiment, un peu dans le sens de la loi Avenir Professionnel, une démarche proactive, pour lesquels la formation va être vraiment un levier de dynamisation de leur trajectoire professionnelle ; ils vont, eux, se saisir de leur CPF. Alors, c'est plutôt, évidemment, des personnes plus autonomes, plus qualifiées, et ce public-là va être aussi confronté à des personnes, des apprenants, qui vont être dans une vision plus consumériste, plus attentiste, qui vont être en formation plutôt parce qu'ils s'y sentent obligés, ou parce qu'on les a déplacés entre guillemets, déplacés là. Et voilà, les organismes de formation doivent s'adapter à ces visions différentes, entre ceux qui veulent vraiment apprendre, et ceux qui sont là, bon, bah vraiment un peu par défaut, par dépit. Et puis s'affrontent aussi ceux qui ont une approche plutôt individualisante, qui recherchent plutôt une réponse directe à leurs besoins, qui veulent très rapidement. Ils ont un besoin, on y répond en fonction de leurs compétences, en fonction de leurs contraintes, raccourcir les temps de formation. Et ceux qui, au contraire, sont plutôt là pour bénéficier des apports collectifs, des apports du groupe, comme vraiment vecteur, là aussi, de d'apprentissage comme vecteur de découverte, et de s'ouvrir aussi aux autres. Là, les préconisations vont plutôt aller dans le sens d'affiner l'analyse du besoin, pour vraiment conduire cette analyse au plus proche, et permettre de s'adapter aux attentes des apprenants, et puis l'idée c'est aussi de rentrer dans une approche par compétences pour, justement, s'appuyer vraiment sur les compétences des individus pour partir de là, pour s'adapter, pour partir de là où ils en sont, pour les amener là où ils veulent aller, et s'appuyer aussi sur ses compétences pour que ça bénéficie aussi à l'ensemble du groupe. Et là aussi, le CEP, donc le Conseil en Évolution Professionnelle, peut être un atout, pour permettre aussi aux OF, pourquoi pas, de justement s'appuyer sur les compétences qui seront déjà analysées d'un individu à l'autre, et puis évidemment, l'idée, c'est de mixer aussi, au maximum, les modalités de formation, pour pouvoir avoir dans sa boîte à outils différentes modalités pour s'adapter à la variété des demandes qui peuvent être émises par les apprenants. Voilà par rapport à la complexité, donc, ces trois éléments un peu clé, donc, par rapport à la complexité, et maintenant je vais plutôt, je vais laisser la parole à Ann, qui pourra vous présenter plus justement : comment répondent les organismes de formation à cette complexification de l'environnement ?
Ann PORCHERET-AMARA - Merci, du coup, effectivement, les organismes de formation ont fait preuve quand même de réactivité, d'agilité, pour répondre à la mouvance de cet écosystème, donc elles ont développé effectivement des nouvelles réponses stratégiques. Et dans l'étude qualitative, du coup, on a pu recueillir leur perception des mutations diverses et variées qui ont eu cours, et puis aussi on a pu mettre en lumière les offres de service qu'elles ont réussi à mettre en face pour répondre à tout ça. Donc là, on vous présente une partie des résultats : l'idée, c'était de faire un focus sur quatre grands thèmes qui me semblaient essentiels et qui ressortaient en particulier, donc tout ce qui est autour de la digitalisation de la formation, l'individualisation des parcours, la diversification des financements. Donc là, je vais commencer plutôt par la question du renforcement de la digitalisation, et du coup de la formation des équipes qui va avec, du coup. Alors, il est à noter effectivement qu'il y a eu quand même un épisode particulier pour les organismes de formation, c'est effectivement la crise sanitaire, qui a eu pour le coup le mérite en fait d'accélérer la digitalisation, en fait, des formations, et du coup aussi l'investissement dans des équipements divers et variés, adaptés à cette question, et il faut peut-être rappeler ce qu'on entend par digitalisation, et puis on va essayer d'en trouver une vision un petit peu partagée. Mais là, on est plutôt, c'est le fait d'intégrer les technologies du numérique dans les parcours de développement des compétences, ce serait plutôt sous cet angle-là. Á savoir qu'il faut amener aussi une petite nuance, que le fait de digitaliser le monde numérisé en fait, ou proposer des solutions technologiques innovantes, il faut vraiment aussi aller dans cette idée de varier en fait les voix formatives, de tester, d'expérimenter, d'hybrider un petit peu en toile de fond. Donc, ce qui amène l'organisme de formation du coup pour offrir une offre digitalisée efficace, en fait de différents niveaux, donc il peut y avoir la question de : quels sont mes pratiques de formation ? comment les améliorer ? aussi de s'initier, se former à des nouveaux outils dont on n'a pas toujours la maîtrise, et ça, de servir vraiment l’efficacité formative, et puis aussi, ce qui a déjà été évoqué par Véronique, dans l'idée de répondre de la manière la plus ajustée possible aux besoins des apprenants, ça leur permet ainsi en fait de s'impliquer vraiment dans leur parcours de formation, et de d'avoir une forme d'autonomie pédagogique, c'est-à-dire pouvoir avoir un apprentissage individuel et sur mesure. Bon, nécessairement, tout ça amène à se dire que les OF ont aussi des besoins, donc a priori on peut voir émerger un besoin du coup d'être accompagné à cette question de la digitalisation de l'offre de formation. Donc Julie, qui gère le chat, va du coup vous mentionner, vous faire suivre les liens en fait de deux appels à manifestation, ou à projet, donc celui de la région, sur cette question de la digitalisation, et celui de la DREETS. Donc vous allez les avoir les voir apparaître dans le chat.
Deux autres volets que ça interroge, la professionnalisation : sur l'animation à distance, parce que du coup, animer une formation à distance, ce n’est pas tout à fait la même logique, la même façon d'appréhender les choses que lorsqu'on est en présentiel. Il y a une autre dynamique, aussi notamment de la posture du formateur, mais aussi, comment amener cette interactivité qui est souhaitée par certains, mais aussi varier, avec des temps d'individualisation ? Ce sont des questions qui se posent en présentiel, un peu plus complexe à animer à distance et donc ça nécessite un accompagnement spécifique.
Et un dernier volet, ça serait aussi de pouvoir proposer une offre qui soit accessible à tous les apprenants, et ça pose la question de la fracture numérique, et de la façon créer du lien, donc on peut donner ici l'exemple des tiers-lieux de formation, ou des campus connectés.
Maintenant on peut passer plutôt sur la question de l'individualisation des parcours de formation. Alors effectivement, pour répondre à ces mutations, une autre réponse est aussi d'individualiser les parcours, puisque c'est un peu ce qui a attendu depuis la loi 2018. Donc en fait, individualiser les parcours, c'est une façon, d'une certaine façon, en fait, prendre en considération du coup la singularité en fait de chaque apprenant, donc mieux identifier son parcours, son expérience et les outils qu'il a déjà, les contraintes qu’il peut avoir, mais aussi savoir ce sur quoi s’appuyer le concernant, c'est à dire à la fois ces ressources et ses stratégies propres, s’appuyer dessus pour l'accompagner dans le développement de ses compétences. Donc forcément, tout ça, ça amène à se dire que vraiment les organismes de formation ont une souplesse, une adaptabilité pour aussi, pour répondre, en toile de fond, aux besoins, du coup, des entreprises qui forment leurs salariés, notamment pour pouvoir monter en compétences et accomplir au mieux leurs missions. Du coup, tout ça montre qu'il y a un enjeu auquel il faut répondre aujourd'hui : c'est comment, et ça a été aussi évoqué par Véronique, comment rapprocher le monde économique et les organismes de formation, donc davantage travailler sur ce lien-là ? Comment mieux modulariser les partenariats, assez complexes, pour les OF ? Et puis, du coup, pour boucler avec le point d'avant sur la digitalisation, aussi, s'appuyer sur cette digitalisation, comme facilitant l'individualisation. Ça peut être aussi un outil, un levier.
On peut passer du coup au point suivant, qui est sur la diversification des sources de financement. Donc il y a un certain nombre de points qui ont aussi été soulevés par Véronique, donc je rentrerai pas effectivement plus en détail : en plus de la crise sanitaire, les organismes de formation ont dû s'adapter du coup à un certain nombre de modalités de financement qui ont changées, qui sont liées aux réforme successives, donc mentionné tout à l'heure le CPF, donc je ne vais pas revenir sur ce que c'est, mais ça peut être effectivement un nouvel enjeu de financement pour les OF, qui peuvent effectivement se saisir de ce dispositif pour le proposer directement d'un coup, aux demandeurs d’emploi. Et puis, avec la loi de 2018, on a vu apparaître l'apprentissage comme un levier, aussi, de financement des formations, donc c'est un autre axe fort. Et puis, il y a aussi l'idée que via les différents appels à projets ou les appels d'offres qui sont proposés par les financeurs, il y a un souci en fait d'inciter les OF, donc ce qui amène les OF à se rapprocher d’autres organismes de formation ou d’acteurs de l’écosystème, pour pouvoir répondre à ces différents appels d'offres, donc ça interroge aussi sur la manière de mettre en réseau pour mutualiser et puis développer des offres partagées.
Donc ça m'amène directement sur le point suivant, qui est sur le renforcement des stratégies partenariales. Donc il y a un certain nombre de constats qu'on a pu faire grâce à l'étude, mais que vous devez certainement faire aussi au quotidien, c'est qu'il y a un contexte qui reste très concurrentiel dans le secteur de la formation professionnelle. En fait, ce qui pourrait donner l'impression que les gens vont se crisper, que les OF vont se replier sur eux-mêmes, ce sont en fait les finances. Dans le souci de mutualiser et de partager, ça incite du coup les OF plutôt à se regrouper, ou en tout cas à s'allier, de manière épisodique. Donc du coup, de développer une logique partenariale, de se mettre en réseau, et ça sera intéressant peut-être d'aller dans l'idée de faciliter ces échanges-là autour d'objectifs ou de projets communs, peut-être en imaginant un lieu d’échange approprié dans ce sens-là. Et après, on peut mentionner quand même une plateforme qui existe et qui s'appelle La Place, donc c'est un outil en fait qui propose aux professionnels, autour de problématiques communes, donc de découvrir aussi des projets innovants, de s'inspirer des bonnes pratiques, d'expérimentations qui sont menées par exemple dans le cadre du PIC, Plan d'Investissement dans les Compétences, et vous avez possibilité effectivement de rejoindre cette communauté notamment sur la région Auvergne-Rhône-Alpes. Donc Julie va mettre dans le chat d'ailleurs le lien qui correspond à cette plateforme. Vous pouvez vous y rendre et vous inscrire pour bénéficier de ses ressources. Voilà, sur le volet des réponses stratégiques des organismes de formation, j'ai fait le tour, donc je vais pouvoir laisser la parole de nouveau à Véronique qui va balayer la question des ressources que déploient les OF pour aller dans ce sens-là.
Véronique SPIRITO - Merci Anne. Donc effectivement, les ressources déployées en interne. Alors on va dire qu'il y a deux grandes dimensions dans les ressources qui sont déployées par les organismes de formation. Il y a d'abord la dimension un peu « cœur de métier », donc c’est-à-dire, comment finalement les organismes de formation cherchent à développer cette culture de l'excellence pédagogique ? Ça, c'est vraiment le premier point, et dans les autres ressources, donc, comment l'OF accompagne cette transformation organisationnelle pour finalement s'adapter aux acteurs de l'écosystème, et vont augmenter en compétences dans tout, finalement, les compétences relatives au métier connexe, au métier qui n'est pas le métier de formateur.
Alors on a, donc effectivement, la recherche du développement de cette culture d'excellence. D'abord, les OF vont effectivement chercher en premier lieu à développer l'ingénierie pédagogique, c'est vraiment sur ce volet là que va être axé la plupart on va dire de la formation continue au sein de l'OF, ça va vraiment toucher cette augmentation de la qualité de l'ingénierie. On est vraiment dans une transformation, finalement, des manières de penser au sein de l'organisme de formation, et l'idée, c'est vraiment, aussi, d'accompagner les transformations du métier de formateur, puisque on le voit, le métier de formateur se transforme de plus en plus au niveau effectivement de la posture, des attentes et de ce qu'on va donc lui demander. Et on constate aussi beaucoup que, avant de parler vraiment de la posture du formateur, que les formations de formateur passent beaucoup par des formations, on va dire traditionnelles, des formateurs, soit qui peuvent être accompagnés directement en interne par la venue d'un formateur, ou alors certains OF vont aller chercher des certifications de formations de formateur adéquates, pour faire monter leurs formateurs en compétences, notamment en termes d'animation. Et puis ça peut aussi passer par des groupes d'échanges entre pairs, la formation, l'augmentation, enfin le développement des compétences des formateurs, et puis aussi par la veille, qui demande de plus en plus aussi à être développée, notamment par Qualiopi. Il y a toute cette dimension de la digitalisation de la formation, qui, là aussi, va demander aux formateurs de monter vraiment en compétences puisque, et comme le disait Ann, on ne va pas digitaliser simplement en mettant son contenu à distance, ça demande une vraie réingénierie qui va demander aux formateurs, une vraie montée en compétences sur l'animation à distance. On n’anime pas une formation à distance comme on l'anime en présentiel. Et là-dessus, beaucoup d’OF vont axer particulièrement sur ce point-là, ou en tout cas sont en cours d'axer sur ce point-là, et c'est vraiment en fait la formation qui est recherchée en 2022, en 2023, par les organismes de formation, puisqu'il y a évidemment un vrai enjeu à développer cette formation à distance. Et puis évidemment, tout ça, voilà, entraîne une évolution de la posture du formateur, qui change vraiment à mesure des années, puisque le formateur, on peut dire qu'il est vraiment au centre de la formation, c'est le formateur qui va faire, en général, que la formation sera appréciée, que la qualité d'une formation sera soulignée, c'est le formateur, souvent indépendamment finalement de la structure, sur lequel va s'appuyer vraiment tous les commentaires de satisfaction, dans un sens comme dans l'autre d'ailleurs. Et on a évidemment beaucoup hérité de notre modèle éducation nationale, formation descendante, formation initiale et on est beaucoup resté dans ce schéma, mais il tente à évoluer aujourd'hui et il y a un gros débat dans les compétences recherchées chez les formateurs, entre le formateur expert et le formateur animateur. Alors tout ça se joue dans un triangle finalement à trois entrées, entre les apprenants, le formateur et les savoirs. Finalement, qui sait, qui détient les savoirs, et comment est-ce que le formateur va articuler ces savoirs avec les apprenants : est-ce qu'il va plutôt appuyer sur les apprenants, ou est-ce qu'il va plutôt s'appuyer sur son savoir ? Ce qui va en faire un animateur plutôt expert, ou un formateur expert, ou un formateur animateur. Et pour ça, effectivement, c'est le niveau, souvent, de technicité de la formation qui est demandée, le geste professionnel, qui va faire qu'on va axer plutôt sur la recherche d'un formateur expert ou d'un formateur animateur. Et à savoir que souvent, dans les domaines vraiment très techniques, on va plutôt privilégier un technicien qu'on va faire monter en compétences sur l'animation de la formation. C'est plutôt ce qui va être privilégié dans les formations vraiment très techniques. Et à savoir aussi que dans la pédagogie, on va dire un peu de demain, on s'oriente de plus en plus sur une formation individualisée, avec des formations qui sont très courtes, très opérationnelles, très centrées sur un besoin, un besoin individuel, un besoin d'entreprise, donc l'individu a des compétences, il a besoin un besoin immédiat de monter en compétences, et on cherche à satisfaire immédiatement ce besoin, cette montée en compétences, tout de suite, au plus proche finalement de la situation de travail. Et c'est en ça aussi que finalement des dispositifs comme la FEST, la Formation en Situation de Travail, et aussi l'apprentissage, peut permettre justement d'être relativement dans l'air du temps, pour répondre justement à cette recherche d'opérationnalité et ce besoin, en fait, en situation de travail, ce besoin immédiat. En plus, les entreprises aussi, vont justement rechercher à favoriser justement cette culture d'entreprise, autour des situations en formation en situation de travail. Donc effectivement, voilà pour ce qui concerne ce développement de l'ingénierie pédagogique.
Et un deuxième point, donc, plutôt sur les compétences connexes, parce que dans un organisme de formation il n'y a pas que des formateurs, il y a aussi évidemment, enfin vous le savez mieux que moi, il y a tout un monde qui vivote, tout un tas de compétences recherchées, et sur lesquelles on va de plus en plus s'appuyer. Et justement, toutes ces compétences, elles vont servir aussi à manœuvrer dans cet environnement complexe, qui est la formation. Et il y a aussi un point très important dans notre rapport, dans nos constats, c'est qu'il y a un pont, encore, vraiment, à favoriser, à améliorer, à lier davantage, entre le monde économique et le monde de la formation. Finalement, ce lien reste on va dire assez fragile et vraiment tous les acteurs interrogés vont dans ce sens. Il faut vraiment axer plus sur le besoin de l'entreprise, pour aussi faire en sorte que les entreprises s'appuient vraiment sur les organismes de formation et ne soient pas tentées finalement de créer leur OF en interne. Il faut qu'elles puissent trouver une réponse à leurs besoins directement dans les OF, et ça c'est encore quelque chose qui reste vraiment fragile, et pour ça l'idée c'est vraiment euh ben de s'appuyer, comme je vous disais, sur des dispositifs existants, de pouvoir aussi créer des espaces de dialogue entre les entreprises et le monde de la formation, et aussi l'idée c'est de développer l'ingénierie de certification, en ce sens que quand un OF veut enregistrer une certification, il va être vraiment obligé d'avoir une analyse très fine, finalement, de la dynamique du secteur et de son évolution, pour laquelle il souhaite faire enregistrer cette certification. Et l'ingénierie de formation, qui est aujourd'hui en fait une certification qui n'existe pas finalement, mais qui mériterait à développer pour justement permettre aussi de créer des ponts entre le monde économique, les besoins des entreprises, et les réponses que peuvent apporter les organismes de formation. L'idée, c'est aussi de développer les compétences supports qui sont de plus en plus importantes au sein des organismes de formation, à l'heure où la charge administrative devient très importante, les financeurs, comme on l'a dit avec des pratiques assez hétérogènes, des montages financiers de plus en plus complexes à mener, qui nécessitent une connaissance, un accompagnement des apprenants dans ce sens-là, donc compétences à développer dans l'ingénierie financière, pour aussi conseiller, pour vendre son offre (évidemment, c'est une condition sine qua non à la survie des OF) et puis des compétences en gestion administrative. La gestion administrative prend de plus en plus de place au sein des OF, et ça c'est vraiment quelque chose de très récurrent dans notre étude, cette gestion administrative, c'est quelque chose sur lequel les OF reviennent énormément, et donc l'idée c'est aussi de pouvoir faciliter la prise en main des systèmes d'information pour pouvoir pour pouvoir faciliter cette gestion administrative de la formation, pour pouvoir gagner du temps, gagner en fluidité, aussi, dans cette je dirais lourdeur administrative.
Et puis il y a aussi toutes les compétences qui doivent se développer sur les compétences liées à la communication, au marketing, puisque aujourd'hui les OF dans ce monde très concurrentiels doivent être visibles, elles doivent aussi aller communiquer auprès du grand public, notamment par rapport au CPF, donc évidemment ça va nécessiter aux OF de maîtriser cette compétence de vente, de lisibilité, de visibilité de son offre, de référencement, de son offre, pour pouvoir tout simplement faire en sorte que les individus viennent à eux, qu’ils puissent être au courant de leur existence et de ce qu'ils proposent, donc ces compétences sont de plus en plus recherchés, compétences en marketing, compétences en communication, compétences en lisibilité. Donc voilà, ça devient effectivement, ses compétences connexes, de plus en plus recherchées, soit dans les compétences, soit dans la montée en compétences, soit dans ce dont les OF vont externaliser comme recherche de compétences pour vraiment mettre en lumière justement cette offre.
Et puis l'idée c'est aussi, mais ça on en a déjà parlé je ne vais pas m'étendre dessus, sur l'harmonisation des pratiques des financeurs au travers ce comité régional inter-financeurs, qui là aussi ferait gagner énormément de temps aux organismes de formation, notamment dans la gestion des montages financiers. Voilà comment est-ce qu’effectivement les OF, les ressources que les OF peuvent déployer en interne.
Et puis en conclusion, ce que je dirais, c'est qu’effectivement, la loi Avenir Professionnel, elle a vraiment été on va dire un tournant réglementaire, un changement vraiment très important dans le paysage de la formation. Ces réformes vraiment qui s'enchaînent, elles confirment aussi des enjeux vraiment de plus en plus stratégiques autour de la formation. Comme le disait aussi à l'époque Muriel Pénicaud, la société doit devenir une société de compétences et on veut s'appuyer sur les organismes de formation comme vecteur finalement de transformation de cette société, et comme qualification de la société française, donc là vraiment il y a un enjeu majeur, et les OF vraiment sont mis au cœur du système de ces enjeux et ils doivent effectivement s’en saisir pour développer, évoluer leurs pratiques, et ça, ça ne pourra pas se faire effectivement sans les Pouvoirs publics qui doivent continuer effectivement à soutenir l'évolution des organismes de formation, pour permettre justement aux OF de manœuvrer de mieux en mieux et de plus en plus efficacement dans ce paysage de la formation. En tout cas, les préconisations elles ont été émises dans ce sens, et l'idée c'est effectivement qu'ensuite tous les pouvoirs publics puissent se mettre autour de la table et se saisir des préconisations émises pour justement permettre cette évolution des organismes de formation. Et puis évidemment, rappeler en tout dernier lieu, que l'étude donc complète, paraîtra donc comme on l'a dit en introduction début juin, et que là vous aurez donc toutes ces thématiques largement approfondies, avec des verbatims des OF, des entreprises, des financeurs, des apprenants, pour illustrer justement tous ces propos, et permettre justement cette évolution des pratiques des OF.
Voilà ce que je peux vous dire, donc je vois que Ann s'est déconnectée, donc du coup je vais maintenant, ben voilà, prendre ces dernières minutes pour répondre à vos questions, et je vais juste me tourner vers le chat. Alors donc les questions dans le chat. Donc je vois : qu'en est-il du financement pour ce moderniser ? Alors, j'imagine qu'on parle-là de la modernisation de son offre, de la digitalisation de son offre de formation, donc là il y a donc (Julie a mis dans le chat les deux appels à manifestation d'intérêt), il y a un appel à manifestation d'intérêt donc de la région, un appel à manifestation d'intérêt de Pôle Emploi, qui permet en fait aux OF de candidater donc via un formulaire en ligne, et là il y a, cet appel à manifestation d'intérêt, il permet aux OF de travailler sur la stratégie de la digitalisation de son offre de formation. L'idée, c'est vraiment de ne pas digitaliser pour digitaliser, mais vraiment d'élaborer avec l’OF un plan d'action. Quelle est la stratégie ? Comment on va digitaliser ? Qu'est-ce qu'on va mettre en place ? Et ensuite d’aider, justement, l’OF dans la mise en œuvre de la diffusion de la digitalisation de son offre de formation. Donc là vous pouvez donc soit aller directement sur les liens donc proposés par Julie, soit aller donc sur les sites internet de Via Compétences (les liens sont rappelés aussi) ou directement sur le Conseil régional ou Pôle emploi, ou les liens sont rappelés, et voir si vous êtes éligible et si vous pouvez candidater. Voilà vraiment je vous encourage à le faire, parce que c'est vrai qu’il y a vraiment tout un pan justement qui va vous aider à définir cette stratégie, parce que souvent la digitalisation, voilà, on sait pas trop comment faire, comment s'y prendre, alors que là vraiment vous avez cette réflexion et la mise en place de ce plan d'actions. Alors : les prochaines réformes annoncées au CPF ne vont-elles pas à l'encontre de certaines préconisations justement ? Et comment faire justement pour être plus visible ?
Ann PORCHERET-AMARA – Alors peut-être qu'on peut répondre sur la dernière question, et demander un complément, peut-être de questionnement sur la question des réformes par rapport au CPF pour être sûr de bien comprendre. Sur la question de la visibilité, effectivement, il y a toute la stratégie de communication spécifique de l'OF qui peut être développée en interne, c'est à dire avoir un site internet, s'assurer une visibilité sur les réseaux sociaux notamment, mais après il peut aussi peut-être avoir le référencement de son offre de formation notamment via les OPCO, aussi, faut se rapprocher des OPCO du coup pour voir ou pas des plateformes, on peut rester sur son offre, et après, c'est ce qu'on a indiqué un petit peu tout à l'heure dans la préconisation, le fait aussi de se mettre en partenariat avec d'autres OF, ou d'autres acteurs de l'écosystème, ça peut permettre déjà de découvrir comment on peut référencer son offre, mais ça peut aussi permettre de se rendre plus visible par un effet démultiplicateur lié au partenariat. Ce sont quelques options sur lesquelles on peut réfléchir, après Véronique peut compléter
Véronique SPIRITO - oui et puis ben après, il y a aussi toute la partie référencement de son offre, qui est vraiment là aussi stratégique pour voilà être aussi plus visible sur son offre tout simplement. Et là aussi l'idée c'est justement qu’il y ait une définition, là aussi que ça se fasse vraiment dans une stratégie, justement, de visibilité : comment devenir plus visible, qu’effectivement en fonction de la cible, en fonction du secteur, là aussi, ça doit vraiment être réfléchi dans un ensemble. En fonction des attentes de la cible, en fait, chaque OF je dirais a quand même là aussi un travail à faire pour savoir, finalement, quelles sont ses cibles, comment les attirer, mais en tout cas voilà il y a tout un tas de paramètres à prendre en compte, est-ce que l'OF a des certifications enregistrées au RNCP au RS ou pas, donc voilà, et en fonction, évidemment ,il y a aussi ben là une vraie plus-value à avoir des certifications enregistrées au RNCP, puisque ça va participer effectivement du référencement de son offre, et donc à la visibilité de son organisme de formation.
Sur les prochaines réformes annoncées au CPF, donc, et l'encontre que ça peut aller dans les préconisations, alors j'imagine que la personne donc là parle du reste à charge, donc du prix de la formation, alors de toute façon je ne sais pas si ça va à l'encontre des préconisations, l'idée c'est de toute façon qu'il y ait de moins en moins de financement de la formation, et l'idée c'est d'engager de plus en plus les publics dans leur parcours de formation. Donc on peut penser que, ben voilà, le reste à charge va dans le sens de la responsabilisation des individus dans leur parcours de formation. Et aussi probablement encourager les entreprises à, là aussi, se saisir de ce dispositif et de la co-construction, puisque, on le voit finalement, à la fin, il y avait quand même aussi dans la loi 2018 un encouragement certain aux entreprises pour coconstruire les CPF. Et ça, on voit que finalement très très très peu d'entreprises ce sont saisis de cette co-construction, donc voilà il y a peut-être aussi cet encouragement-là, s'il y a un reste à charge payant, peut-être aussi que ça peut encourager les entreprises à s'en saisir, en tout cas les salariés à mobiliser leur entreprise. Alors je regarde oui. Oui, mais les publics ne veulent pas payer de leurs poches, donc s'ils se forment, c'est justement parce qu'il bénéficie du CPF. Alors oui, ben c'est vrai qu'on a une longue tradition quand même de gratuité de la formation, mais c'est vrai qu'on voit donc, les financements de la formation se réduisent, et de toute façon à l'heure actuelle, il y a quand même, enfin le CPF, on le voit, a été de toute façon réduit au travers du compte de formation qui est plafonné à 5000 ou 8000 euros pour les publics donc les plus éloignés de l'emploi, donc de toute façon, 5000 ou 8000 euros, c'est de toute façon insuffisant pour financer un parcours de formation important. Donc quoi qu'il en soit aujourd'hui, c'est déjà le cas, enfin beaucoup de personnes complètent leur CPF.
Alors, je regarde : le CPF ne concerne pas des personnes en situation d'emploi. Je ne sais pas ce que ça veut dire, le CPF ne concerne pas que des personnes en situation d'emplois. Évidemment, notamment les demandeurs d'emploi, des actifs, le CPF, donc oui, effectivement, après il y a des abondements qui sont automatisés, quand même, pour les demandeurs d'emploi, donc là c'est encore un peu différent effectivement pour les demandeurs d'emploi. Donc en fonction de la formation qui est ciblée il y a soit des abonnements qui peuvent être automatiques de Pôle emploi, soit effectivement des prises en charge via d'autres dispositifs.
Alors dire que les OF sont au cœur des politiques d'emploi et réduire les sources de financement, c'est un peu paradoxal. Alors en tout cas, il y a un véritable enjeu stratégique, les OF aujourd'hui sont vraiment au cœur de la transformation des compétences en France, vraiment l'axe est mis sur les organismes de formation. Après c'est vrai qu'il y a énormément d'organismes de formation, tout ça est quand même, enfin voilà, les organismes de formation souvent font individuellement des choses qui sont similaires, c'est vrai que les pouvoirs publics s'orientent de toute façon vers des regroupements d'organismes de formation, et ça on le voit, et on en a parlé tout à l'heure, donc il y a de plus en plus des regroupements, les appels à projets encouragent les OF à créer des partenariats, à se regrouper, donc effectivement, l'idée, c'est aussi de pouvoir peut-être réduire les organismes de formation, ou en tout cas, qu’ils puissent répondre de façon plus diversifiée sur le territoire, mais effectivement les financements de la formation sont importants, mais il y a des choix, en tout cas il y a des priorisations qui sont faites. Donc ça peut paraître effectivement paradoxal, on va dire dans ce sens-là mais en tout cas, il y a des priorisations qui sont faites et les financements, bon ben voilà, ils ne s’étendent pas non plus de façon incommensurable, sachant que là, le choix est vraiment mis sur des dispositifs comme l'apprentissage. Donc là, c'est le dispositif qui va effectivement être source de financement, ça et puis aussi finalement le fait de disposer d'offres enregistrées au RNCP, qui va faire en sorte que, aujourd'hui, la certification devient un enjeu vraiment stratégique en termes de financement des organismes de formation.
Je regarde juste la dernière question : qui peut aider à mettre en place une formation certifiée, c'est très complexe à faire seul ? Oui, alors effectivement, donc, c'est très complexe effectivement de rentrer dans une démarche de certification, donc là effectivement il y a des consultants qui s'orientent un petit peu là-dedans, mais en tout cas l'idée c'est de pouvoir, et là aussi c'est une idée, c'est une préconisation, de pouvoir mettre en place une certification d'ingénieur de certification, justement, qui pourrait aider les OF à faire ce travail d'enregistrement de la certification, qui est effectivement très lourd, très complexe, avec un vocabulaire très particulier. Donc toutes les questions qui n’auront pas reçu de réponse, évidemment moi je vous encourage, et vous serez alerté, donc, de la diffusion du rapport, donc comme je vous le disais début juin, il paraîtra sur notre site, et en même temps que le replay et la possibilité de télécharger le support qu'on vient de vous présenter. Donc je vous encourage à rester connecté, donc, sur notre site Via Compétences pour avoir toutes les dernières actualités, toutes les dernières informations et puis évidemment, donc, les prochaines sessions de professionnalisation et les prochains webinars que vous pourrez retrouver sur notre site. Je vous remercie donc d'évaluer aussi notre webinar et pour ma part, je vous souhaite une excellente fin de journée, une excellente après-midi et j'étais ravie d'être en votre compagnie pendant cette heure, et j'espère que vous aurez pu, bah, trouver toutes les réponses que vous êtes venus chercher. Voilà, je vous souhaite une excellente après-midi, merci à tous et à très bientôt. Bonne journée, au revoir !