Transcription du webinar du 30/01/2023 "Comment accompagner les décrocheurs révélés par la crise sanitaire ?"

Confinement, éco-anxiété, addictologie numérique, refus scolaire anxieux… comment accompagner les décrocheurs révélés par la crise sanitaire ? Le constat est partagé au sein des structures d’accompagnement des jeunes : l’émergence de ces facteurs vient impacter le décrochage scolaire. S’ajoute à ces facteurs un rajeunissement des décrocheurs. L’ensemble de ces éléments questionnent les modalités d’accompagnement actuel des jeunes. Ce webinaire tentera de cerner l’impact de ces phénomènes sur l’accompagnement et d’explorer les solutions à mettre en place pour mieux répondre aux besoins des décrocheurs et des jeunes qui ne sont ni en études, ni en formation, ni en emploi.

Intervenants : 

  • Anne Reliant, psychologue - Pôle de psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent, Hôpital Sainte-Marie, (Clermont-Ferrand) 
  • Simon Leurent, responsable du Laboratoire d’innovation pédagogique, Association « Osons Ici et Maintenant ! »

Animé par Jérôme CALTRAN, Chargé de mission - Communication grand public sur l'Obligation de formation des 16-18 ans et décrochage scolaire,Via Compétences

Jérôme Caltran - Via Compétences 

Bonjour. Via compétences vous propose un nouveau webinar sur le décrochage scolaire. Confinement, éco-anxiété, addictologie numérique, refus scolaire anxieux, rapport troublé au genre et au corps... l'émergence et le développement de ces facteurs viennent questionner l'accompagnement des jeunes.

Ce constat est partagé, largement partagé au sein des structures, au sein de vos structures chargées d'accompagner les jeunes. Alors ce webinar tentera de cerner l'impact de ce phénomène et explora quelques pistes pour essayer de mieux accompagner ces jeunes qui ne sont inscrits ni en études, ni en formation, ni en emploi. Pour cela nous avons le plaisir d'accueillir Anne Reliant, psychologue rattachée à l'unité Soins-Etudes au Pôle de psychiatrie de l'enfant et de l'adolescent au centre hospitalier Sainte-Marie de Clermont-Ferrand. Bonjour Anne, et Simon Leurent de l'association Osons Ici et Maintenant ! Il est responsable du laboratoire d'innovation pédagogique. Bonjour Simon. Bonjour à tout le monde. 

Ce webinar se déroulera en deux temps : tout d'abord, Anne nous parlera de l'accompagnement des jeunes aujourd'hui en faisant un petit focus sur ces jeunes en panne ou en souffrance, avant d'aborder quelques pistes pour essayer d'accompagner au mieux les jeunes déscolarisés, et enfin, elle ouvrira la voie des possibles en nous donnant quelques solutions.

Dans un deuxième temps, c'est donc Simon Leurent qui nous présentera son association Osons Ici Maintenant ! et le programme 100% transition avant d'évoquer les apprentissages et les leviers pour accompagner les jeunes, des apprentissages et des leviers qu'ils mettent en place au sein de leur association, et puis en deux mots il nous présentera son laboratoire d'innovation pédagogique. En toute fin de webinar, on vous a sélectionné quelques supports, quelques ressources, pour aller plus loin qui devraient vous aider, vous accompagner dans vos pratiques professionnelles

et juste avant de céder la parole à Anne, je ne me suis pas présenté, alors je le fais: je suis Jérôme Caltran de Via Compétences, chargé de communication grand public

sur l'obligation de formation des jeunes de 16 à 18 ans et sur le décrochage scolaire. Anne, je te cède la parole pour ce premier temps.

 

Anne Reliant

Je vais commencer par vous faire un petit focus sur les jeunes décrocheurs, alors, des jeunes en panne ou en souffrance selon la façon dont on envisage les choses.

Ils présentent un certain nombre de points communs : tous ont une souffrance à l'égard de l'école vis-à-vis de laquelle ils n'arrivent plus à se rendre que ce soit au lycée, ou au collège. On retrouve également une défiance vis-à-vis du monde des adultes, adultes qui ont pu ne pas comprendre leur souffrance, de leurs parents, de leurs proches ou encore être vecteurs de malmenage pédagogique voire d'humiliation parfois involontaire de la part de certains professeurs. Ils partagent, ces jeunes, une perte considérable de l'estime de soi car ne pas réussir à aller en classe c'est ne pas répondre aux attentes parentales et sociétales dans la société d'aujourd'hui, où tout jeune de moins de 16 ans, voire même de moins de 18 ans, est censé aller en classe et remplir un parcours de formation académique. Donc il en résulte cette perte de considérable de l'estime de soi, parfois un repli sur soi ou sur la famille. Le jeune choisit au départ de ne pas choisir entre guillemets de ne plus aller au sein de son établissement scolaire, ce qui le soulage, et progressivement se déshabitue à sortir de la maison, et parfois reste complètement replié sur soi, sur la famille, sans pouvoir nouer de relation avec les autres, et à la phobie scolaire peut s'associer une phobie sociale.

On retrouve chez ces jeunes également une difficulté à affronter l'avenir. Toute projection dans le futur devient impossible pour une projection de formation, de métier, mais même parfois de loisirs, parce que cela leur paraît trop angoissant. Ce sont des jeunes qui sont persuadés que la vie ne peut se dérouler si les attentes de la société sur la scolarisation ne sont pas remplies. Il n'y a pas d'autres voies possibles pour la réalisation de soi.

Alors, au-delà de ces points communs, bien-sûr, ce sont des histoires singulières à chaque fois. Chaque décrocheur a une trajectoire singulière. On retrouve un événement déclencheur qui peut être l'objet d'une rationalisation après coup. Cela peut être différentes choses donc par exemple un changement d'établissement scolaire, classiquement l'entrée au collège, l'entrée au lycée majore les risques de décrochage. Ça peut être aussi un déménagement ça peut être un événement de vie familiale plus douloureux comme la perte d'emploi, d'un parent ou encore la maladie ou voir le décès d'un parent ou d'un grand-parent. Ça peut être aussi des particularités anciennes dans les apprentissages, on peut penser aux dyslexies dysorthographiques, aux troubles de l'attention, au potentiel, tout vécu qui a créé un rapport douloureux à l'école avec potentiellement des situations d'échec ou de désappointement d'élèves, en tous les cas, qui a pu contribuer à façonner, à cristalliser une peur de l'évaluation, qui dépend de plusieurs facteurs. Cette angoisse de l'évaluation, elle dépend de facteurs personnels, mais aussi des attentes parentales ou aussi de remarques d'enseignants, d'où une difficulté à se confronter à l'image de soi et aussi qui va fragiliser les relations aux pairs du même âge, c'est la peur d'être jugé par les autres sur son physique, sur ses réponses en classe, sur sa manière de se comporter en groupe. C'est la difficulté parfois à intégrer un groupe d'adolescents du même âge, en comprendre les règles implicites, les normes et à intégrer, à se conformer au phénomène normatif bien typique et très fort du groupe à l'adolescence, typiquement vraiment dans les années collège. Pour certains, ce qui a fait le socle de la déscolarisation, c'est une difficulté à se séparer de ses parents, à quitter donc la sécurité du monde familial, surtout par exemple, dans le cas de famille au fonctionnement autarcique, repliée sur elle-même ou encore de parents inquiets qui ont du mal à favoriser l'autonomie de leur enfant et ont tendance à le refermer sur la famille. Ça peut être alors, beaucoup plus rarement, j'insiste, beaucoup plus rarement, l'entrée dans une pathologie mentale dont les prodromes et les prémices se nouent à l'adolescence, que ce soit un trouble de l'humeur ou une schizophrénie, la dépression étant plus complexe, parce que parfois attachée aussi à une déscolarisation qui est source de souffrance.

Avant de revenir plus précisément sur l'impact du confinement pour ces déscolarisations, je pense qu'il est important de faire un petit point sur ce qu'est l'adolescence, qu'est-ce que c'est que l'adolescence, parce que c'est une période particulière de la vie, une période développementale qui requiert de traverser plusieurs défis, plusieurs challenges, et c'est lorsque ces défis de l'adolescence achoppent que le phénomène de déscolarisation est davantage susceptible d'intervenir. Alors, on peut y voir quatre grands défis au moment de l'adolescence. D'abord, c'est le temps des métamorphoses, des métamorphes du corps qui grandit, et puis les dernières métamorphoses du cerveau qui achève sa maturation jusqu'à plus de 20 ans, je le rappelle, notamment la maturation du lobe frontal, responsable des fonctions exécutives. C'est la capacité à s'adapter à toute situation nouvelle. Il y a également l'élimination des connexions synaptiques inutiles encore à l'adolescence et l'accélération de la transmission de l'influx nerveux entre différentes cellules nerveuses par le phénomène de myélinisation, donc, des transformations importantes du cerveau encore jusqu'à la vingtaine et surtout, bien évidemment, la croissance du corps sous la poussée hormonale. Il s'agit de passer d'un corps d'enfant à un corps sexué d'homme ou de femme avec ce que cela suppose de questionnements potentiels identitaires, l'identité de genre, identité sexuelle aussi, et puis potentiellement une fragilisation narcissique et en tous les cas, avant même de parler de fragilisation, il y a un questionnement narcissique, un doute sur soi : qui suis-je ? qui vais-je devenir ? parce que l'adolescence c'est aussi le moment du processus de séparation, individuation. Qu'est-ce que cela signifie ? Ça signifie se séparer, mettre un petit peu à distance ses parents, les principales figures d'attachement de l'enfance, les référents, pour ne plus compter que sur soi en cas de nécessité vitale. C'est ça devenir adulte, c'est compter sur soi et se séparer de ses parents c'est-à-dire questionner les figures d'autorité qu'ils représentaient, leurs positions, d'où ce qu'on trouve vraiment l'adolescence, c'est ce besoin d'indépendance, parfois, farouchement revendiqué par nos adolescents, mais qui coexiste avec une dépendance forte à l'adulte encore et une recherche du cadre, quitte à le questionner et à questionner aussi les figures d'autorité. Troisième défi : la projection dans l'avenir. Elle s'appuie sur l'idéal du moi que l'adolescent doit construire, c'est à dire une image future de soi satisfaisante et pour cela ils s'appuient sur de nouvelles relations sociales, c'est l'importance donc du groupe de pairs, de camarades du même âge, si important à cette époque de la vie, parce que désormais l'idéal de moi se construit non plus seulement sur les attentes et les projets parentaux, mais aussi sur l'identification aux camarades du même âge et aussi sur l'identification à telle ou telle qualité d'une personne adulte admirée. Dernière chose les bouleversements émotionnels liés à la tempête hormonale avec des émotions extrêmes ressenties de manière très intense et parfois des variations émotionnelles très rapides et très intenses, d'un état à l'autre, d'où des difficultés à réguler l'humeur et à maîtriser toute cette pulsionnalité. Un petit point sur l'ennui et l'inhibition anxieuse que l'on observe souvent à cet âge-là. Je pense aux ados allongés dans leur lit tout un dimanche par exemple et bien plutôt que d'y voir une forme de passivité ça peut être aussi le signe au contraire d'une excitabilité pulsionnelle intense, ressentie comme tellement forte et difficile à réprimer qu'elle est réprimée drastiquement en son contraire en une sorte, effectivement, de passivité qui traduit parfois un malaise intérieur. Alors quels sont les nouveaux facteurs de décrochage spécifiquement liés au confinement ?

Il s'agit d'une massification de certaines problématiques que je viens d'esquisser, parfois antérieures, mais il y a quand même des choses aussi qui sont inédites je pense, notamment la désarticulation du lien auparavant obligé entre la socialisation et les apprentissages,

c'est-à-dire que ces mois que nous avons passés reclus dans nos intérieurs, repliés sur nous, à défaut de reclus, au printemps 2020, ont désarticulé le fait qu'il fallait avant toujours aller à l'école, toujours se déplacer sur les lieux de l'établissement scolaire pour recevoir le savoir.

Pendant le confinement nombre d'élèves ont reçu des cours en ligne de leurs professeurs, ont reçu des cours donnés par leurs parents qui sont devenus professeurs à plein temps, éventuellement chez eux ou encore ce sont mis à consulter des ressources en ligne et à suivre des cours donnés par des youtubeurs avec un langage qui parfois leur paraissait plus clair que le langage de leur professeur, d'où un rapport bouleversé à l'enseignant, à une perte de confiance et de respect pour la figure de l'enseignant même si ça pouvait exister avant, et si c'est pas toujours évident le cas, mais surtout une modification du rapport au savoir puisque il y a nombre d'élèves qui n'ont pas été aussi assidus et qui ont perdu l'habitude d'étudier tous les jours et qui sont parfois restés des semaines, voire des mois un peu éloignés des apprentissages académiques. Ceci au moment où pour certains d'entre eux le rapport au savoir leur paraissait déjà tellement éloigné de leur propre passion concrète, trop abstrait, trop désincarné, et ne faisant pas sens pour eux à un moment aussi, où simultanément la réforme du lycée avec l'introduction du contrôle continu et les vœux d'orientation précoces via la plateforme Parcoursup a pu majorer un stress constant. Je vous renvoie à l'article du Monde que je lisais ce matin même, donc un stress constant des élèves qui vivent et qui sont évalués en continu et qui ont en éprouve un stress constant. Ils sont nombreux à dire jouer leur vie à chaque note, ceci, dès la seconde, voire la troisième pour ceux qui passent le brevet, dans un contexte où les professeurs ont pu enfin peuvent eux-mêmes être inquiets à l'idée de ne pas transmettre suffisamment tout leur programme et majorer par leur discours, le stress des élèves. Comment échapper à ce stress ? Et bien parfois la solution que trouvent certains d'entre eux c'est de plus aller en cours temporairement, voire un peu plus longtemps que temporairement. Donc, on observe aussi une perte de sens pour les contenus, les contenus transmissibles et contenus de savoir deviennent inaudibles au profit de l'évaluation constante, ceci s'inscrivant dans une angoisse globale pour l'avenir, parce qu'on observe donc une perte de sens, de foi en la possibilité d'un avenir serein, d'un avenir viable même. J'entends autour de moi et en consultation des jeunes dire : "notre génération va assister à la fin du monde." Alors comment donner sens dans ce contexte à un savoir qui parait ne pas répondre ou à des projets de formation qui paraissent ne pas répondre aux enjeux du monde d'aujourd'hui avec des crises donc sanitaires, la succession des crises sanitaires, géopolitiques et aussi climatiques bien évidemment ? Alors, l'impact du confinement deux ans après, ce sont surtout de manière concrète des pertes d'habitudes qui se sont produites, des pertes de rythme de vie avec des bouleversements parfois complets du rythme de sommeil - veille, une inversion, certains jeunes dorment la journée, une perte de scansion de la semaine. Quand on reste chez soi, un lundi ressemble davantage à un dimanche ou un vendredi. Le temps semble suspendu et égal. Des journées égales ont une perte aussi du rythme d'apprentissage.

Une jeune étudiante infirmière me disait hier, que pendant ces deux ans de confinement, elle avait perdu l'habitude de réviser, de se mettre à ses cours tous les jours, que maintenant le rythme à reprendre était difficile. Il y a aussi une perte d'habitude des déplacements hors la maison, puisque les élèves apprenaient chez eux et ça a favorisé l'étiolement de la socialisation avec le groupe de pairs, or cette socialisation avec le groupe de pairs, on s'est aperçu qu'elle est essentielle pour donner l'envie d'apprendre, pour la soutenir parce qu'aller en classe pour nombre de lycéens et de collégiens, c'est d'abord et avant tout la possibilité de rencontrer des jeunes, de s'entraider, de s'épauler. Cela renforce un sentiment d'identité et d'appartenance, et ça soutient aussi l'envie d'apprendre. Quand tout ceci a été inactivé pendant des mois, et bien, ce sont aussi des nouvelles ressources de nouvelles compétences relationnelles qui se sont perdues. Et quand elles se sont mal mises en place, elles peuvent s'enrayer et contribuer à ce qu'on appelle la phobie sociale et au décrochage scolaire. L'autre conséquence, bien sûr, c'est le repli sur soi et sur la famille.

Je l'évoquais déjà précédemment, mais ces phénomènes se sont massifiés, dans le cas de famille, élément fragilisé, davantage en fonctionnement autarcique, sur elle-même, qui ont moins activé les ressources sur l'extérieur et qui peuvent vivre le monde extérieur comme davantage menaçant insécurisant et/ou insatisfaisant. Donc globalement, de tout cela, en a résulté un rapport bouleversé de soi au monde et de soi à soi avec la massification de certaines problématiques, qui existaient auparavant bien évidemment, ces problématiques sur le questionnement d'identité de genre, pour le cas du rapport de soi à soi, fille garçon, binaire non binaire. Et les problématiques d'orientation sexuelle, bien évidemment, elles ne sont pas décisives d'un décrochage scolaire, mais elles peuvent majorer, quand même certaines difficultés et rendent la fréquentation des établissements et le lien aux apprentissages plus ténus. 

 

Jérôme Caltran – Via Compétences

Donc Anne, on vient de dresser un tableau rapide, mais assez précis quand même de ces jeunes. Avant de passer à la deuxième partie et d'évoquer les pistes pour essayer d'accompagner au mieux ces jeunes, on a quand même une première question : jusqu'à quel âge peut durer la phase de l’individuation ? Est-ce que ça peut aller jusqu'au début de l'âge adulte ? 

 

Anne Reliant

Oui, pour moi sans aucun doute ça peut aller jusqu'à l'âge adulte. Effectivement, c'est un processus long et il se déclenche à des moments différents selon les jeunes.

Classiquement, on dit que les filles vont plus vite dans leur adolescence que les garçons, mais je pense, après c'est une position personnelle et aussi clinique, mais c'est un débat parmi les professionnels de la pédopsychiatrie en France, est-ce que l'adolescence s'arrête à 18 ans ou à 25 ans ? On peut penser légitime qu'entre 18 et 25 ans, la personnalité n'est pas complètement formée et donc ce processus d'individuation / séparation n'est pas complètement rempli. 

 

Jérôme Caltran - Via Compétences 

Donc, on continue avec ces pistes qu'on va explorer pour essayer de mieux accompagner ces jeunes. 

 

Anne Reliant

Alors mieux les accompagner et bien d'abord, il s'agit de les recevoir, donc en créant un espace d'accueil et d'écoute bienveillant. D'où l'importance du cadre ici, qui doit être pensé en amont, mais il n'a pas de cadre obligé, de cadre meilleur qu'un autre, de cadre idéal. Place à la créativité de chacun ! L'important, l'essentiel, c'est se sentir à l'aise dans le cadre que l'on instaure, pour instaurer et instituer des modalités de communication, dans lesquelles on se sent à l'aise. Alors ça suppose un espace protégé, pas de bruit, pas de nuisances sonores, pas de coups de fil, pas d'intervention extérieure, pas de distracteur. Mais il n'y a pas de cadre meilleur qu'un autre. L'agencement de l'espace peut être réfléchi, mais si on est plus à l'aise derrière son bureau mieux veut recevoir un jeune derrière son bureau qu'autour d'une table si on est moins à l'aise. L'important, c'est d'être disponible et à l'écoute, donc savoir se mettre en retrait, savoir mettre à l'écart ces préoccupations du moment, ces soucis pour rester disponible. Importance de la bienveillance, pas de jugement, ni pessimisme. Je rappelle un jeune qui est déscolarisé, est un jeune en souffrance qui a perdu foi en lui, en ses ressources, en ses capacités de rebond. Et l'essentiel ici, c'est de travailler à restaurer sa confiance progressivement, sa confiance en lui et sa confiance en l'adulte. Autre point à favoriser : la communication avec le jeune c'est-à-dire être attentif ici à tous les paramètres de la communication, la communication verbale, déjà donc ne pas hésiter à prendre l'initiative et à mener l'échange. Certains jeunes sont parfois très mal à l'aise avec l'expression, silencieux, mutiques, très peu loquaces, donc, s'exprimer et soutenir l'échange. Ça peut être utile de connaître quelques techniques communicationnelles. On pose des questions ouvertes. Adapter son style de langage à celui du jeune. Ne pas avoir un style trop soutenu, trop technique, trop abstrait. Il est important aussi d'être attentif au langage non verbal, qui dit déjà des choses sur le jeune, sur l'état de son état d'esprit, sa tenue vestimentaire, ses postures, ses mimiques, son regard. Peut-il croiser le regard ? Est-il vraiment replié sur lui-même ? Attention ici à la proxémie. La proxémie, c'est la distance physique entre soi et autrui, qui est indispensable pour une communication confortable. Cette distance est déterminée par des facteurs culturels. La distance d'un Français ne sera pas la même que celle d'un Japonais ou d'un Américain, mais elle est déterminée aussi par des facteurs personnels qu'il faut respecter pour être à l'aise. Après, il peut être utile de recourir à un mode de communication davantage horizontale que vertical où l'adulte est un partenaire et non plus celui qui détient le savoir, qui pourrait lui conférer un ascendant dans la relation. Il semble important de garder sa place d'adulte. Une communication horizontale, ça ne signifie pas renoncer à sa place d'adultes, car pour le jeune ce qui compte, c'est vraiment de retrouver une confiance en l'adulte, un adulte sur lequel il puisse s'appuyer et parce que cette confiance a été endommagée par des années ou des mois de décrochage scolaire. Autrement dit, il n'y a pas de recette miracle, pas de cadre obligé. L'important, c'est d'être authentique dans les modalités de communication que l'on instaure, car ne pas oublier que derrière le professionnel, ce que guette l'adolescent, c'est l'adulte, l'adulte sur lequel il puisse prendre appui, qui lui donne confiance et qui potentiellement peut être un modèle. Alors ensuite, il peut être important, je pense, de faire raconter à chacun son histoire de déscolarisation parce que plusieurs objectifs à cela. D'abord ça rend le jeune acteur de son récit or il subit sa déscolarisation. Ça permet de tenter de le sortir de sa passivité, même dans la mise en mots et puis ça permet de voir si c'est possible justement. Ça permet de repérer ce qui a posé problème. Est-ce que c'est une situation de harcèlement douloureuse ? Est-ce que c'est des difficultés anciennes dans les apprentissages ? Est-ce que c'est une brimade d'un enseignant ? Ça permet aussi de repérer ce qui a déjà été tenté auparavant par d'autres professionnels et ce qui a échoué. Donc, c'est des premières indications pour la prise en charge du projet futur. Et ça permet aussi de se construire une représentation de la structure familiale et des personnes ressources autour du jeune.

C'est la question des parents. Il paraît illusoire ou en tous cas hasardeux, de se lancer dans un projet sans que les parents soient associés ou au moins informés, quand le jeune a moins de 18 ans ça paraît aller de soi. Quand il a plus de 18 ans, en réalité, le jeune est dépendant affectivement encore, je pense, et de toute façon économiquement, de ses parents et construire un projet sans les associer, sans les convoquer à quelques rendez-vous, au moins avec l'accord du jeune, paraît illusoire. Et c'est prendre le risque de courir à l'échec en se heurtant à des forces de résistance invisibles si les parents ne sont pas convaincus du projet. D'où l'importance du partenariat. Enfin dernier point : repérez quand la souffrance psychique demande de faire appel à un professionnel du soin parce qu'elle nécessite un accompagnement spécifique. Donc quand faut-il faire appel aux structures de soins ? Et bien quand les symptômes sont massifs, par exemple quand l'angoisse se traduit par des attaques de panique à répétition, quand la tristesse se marque par des idées noires, voire des idées suicidaires exprimées, quand on a observé des conduites d'attaque de soi, des grattages, des scarifications apparentes, récentes, quand on repère aussi des addictions à une substance que ce soit du cannabis ou l'alcool, aux écrans, phénomène un peu différent ou quand on voit une inhibition relationnelle marquée, c'est-à-dire quand la relation devient vraiment très contrainte presque impossible. Attention à ce titre, la négation de la souffrance n'est pas significative. Une souffrance ne se dit pas forcément ouvertement. Elle peut s'exprimer par des comportements inverses, par exemple l'insolence ou des colères. 

 

 

Jérôme Caltran - Via Compétences

Donc c'était important de rappeler un petit peu ces conseils, ces préconisations, maintenant, il est temps donc d'ouvrir la voie des possibles et de nous donner quelques solutions... 

 

Anne Reliant

Au départ, ce qui me semble important, modestement, c'est déjà d'aider à remettre les jeunes décrocheurs en route parce qu'ils ont été immobilisés, arrêtés dans leur trajectoire de vie. Donc déjà premier point, les aider à retrouver une hygiène de vie, par exemple avec des rendez-vous réguliers. J'ai un jeune en consultation qui me dit que ces rendez-vous avec un conseiller de sa mission locale c'est sa sortie de la quinzaine, sinon il ne sort pas de chez lui. Donc des rendez-vous réguliers, ça remet en marche dans une vie qui a un rythme. Ça peut être des conseils sur l'hygiène de vie également. Non pas stigmatiser, mais conseiller, rappeler l'importance d'un rythme de sommeil régulier, de repas régulier. Ça renvoie en filagramme la fréquentation des écrans. On peut essayer de quantifier, mais surtout de savoir quelle est la fonction de cette fréquentation. Est-ce que c'est un but de re-narcissisation, ou d'échapper complétement au stress du monde concret, réel et donc au-delà, il s'agit de se pencher sur les passions des jeunes, leurs centres d'intérêts, leurs occupations favorites, les sujets de société qui les mobilisent, tout ce qui les mobilise. L'objectif ici, c'est de faire apparaître la personne derrière l'élève en échec, de le restaurer dans son projet de vie global, au-delà de sa seule inscription scolaire et donc de son échec. Et il est essentiel que le professionnel arrive à voir la personne derrière l'élève en échec. Alors autre point, susciter l'envie avant même la motivation parce qu’avant d'être motivé, il faut retrouver une envie, une curiosité pour les autres et pour le monde, donc pour cela être force de proposition ça peut être par exemple proposer des sorties culturelles, des sorties sportives, en ville, dans la nature, quitte à accompagner physiquement le jeune quand il en est incapable au départ, bien-sûr, accompagner physiquement si c'est possible dans son cadre professionnel, et ensuite dialoguer et discuter avec le jeune de toute nouvelle expérience pour rassurer, parce qu'un jeune qui est scolarisé a perdu toute confiance en lui et en ses capacités de rebond. Ça permet de souligner le positif donc et de mettre en avant des savoir-faire et des compétences transversales dont le jeune peut parfois n'avoir aucune conscience et ça redonne surtout à cette personne une place d'interlocuteurs digne d'intérêt, reconsidéré, ce qui participe au processus de re-narcissisation. Ensuite, on peut présenter des alternatives au projet de formation classique. Les différentes possibilités de moduler la scolarité, par exemple d'articuler le CNED avec des cours en présentiels, de présenter la possibilité de reprendre très progressivement des cours avec un planning progressif et évolutif, présenter les dispositifs des micros-lycées ou des lycées de la nouvelle science ou encore les établissements qui proposent une scolarité différente à des bases de pédagogie alternatives comme les établissements du type Freinet en tout petits effectifs, ou encore présenter la possibilité de faire des stages, des services civiques qui vont activer des compétences endormies, méconnues des jeunes souvent, ou encore la mise en contact avec des associations spécifiques pour faire du bénévolat ou qui propose aussi des prises en charge globale sur plusieurs mois et là, je vous renvoie l'intervention de Simon dans quelques instants qui vous présentera son programme 100% transition. Dernier point, les partenariats avec les structures de soins quand c'est indispensable, je rappelle, les structures des consultations ambulatoires que sont les maisons des ados et les centres médicaux psychologiques qui existent dans les principales villes de la région, et où les consultations sont gratuites, anonymes dans le cas de la maison des ados, les services d'hospitalisation spécifique qui proposent des temps de prise en charge en hôpital de jour où les dispositifs soin-études qui existent à Clermont-Ferrand et aussi à Grenoble qui articulent prise en charge de la souffrance psychique et aide, accompagnement à la rescolarisation.

Et enfin, un exemple d'intervention en amont, le dispositif Élise : Equipe de Liaison Soins Etudes qui est déployée dans plusieurs établissements autour de Clermont-Ferrand, établissement qui a loué un partenariat avec Sainte-Marie et qui permettent à des infirmiers de l'équipe de liaisons soins études d'aller proposer aux élèves en passe d'être déscolarisés ou qui commencent à avoir des absences perlées et qui ont été repérés par les équipes pédagogiques donc de leur proposer des étudiants infirmiers deux, trois, avant que la déscolarisation se pérennise, ce qui permet parfois de désamorcer des situations qui peuvent devenir problématiques. Je vous renvoie pour ces deux derniers points sur les soins études et le dispositif Élise au support Web qui sera disponible à la suite de mon intervention. Je vous remercie. 

 

Jérôme Caltran - Via Compétences

Alors, merci beaucoup Anne, je le dis je le répète parce qu'effectivement, c'est important, mais ce support de présentation vous sera envoyé. Vous pourrez le télécharger. Ce sera même un support de présentation qui sera enrichi. Je précise qu'effectivement, il y a deux dispositifs qui sont bien différents : il y a les lycées de la nouvelle chance et les écoles de la deuxième chose, lycée d'une nouvelle chance d'un côté, école de la deuxième chance d'un autre. Ce sont deux dispositifs qui sont bien différents. Alors, là on a vu un petit peu l'aspect théorique, mais à la fois aussi très pratique avec cette présentation d'Anne, ce que je vous propose, c'est une illustration maintenant très concrète à travers une association et son programme : l'association, c'est Osons Ici et Maintenant, et son programme, c'est 100 % transition que va donc nous présenter dès à présent Simon.

 

Simon Leurent 

Oui et bien merci beaucoup, Jérôme. Bonjour à toutes et à tous. La première chose que je voudrais partager, c'est le fait que je ne prétends pas être ici et vous donnez tout le savoir en disant, c'est bon, on a tout compris et si vous faites exactement comme nous c'est tout bon, vous allez régler tous vos problèmes. Pas du tout. En fait, simplement, voilà, sur l'invitation de Jérôme, l'idée était de présenter ce qu'on fait et puis de donner un petit focus un peu de terrain sur l'un de nos programmes. Et comme, on a quelques années avec ce programme, on a pris un peu de recul et on a pu en tirer quelques apprentissages. Donc je vais vous les livrer. Il y a probablement aussi d'autres manières de faire qui fonctionnent très bien. Il y a d'autres programmes aussi d'accompagnement qui fonctionnent très bien. En tout cas, je voulais vous partager ça. Peut-être que la première chose que je peux vous partager c'est que c'est hyper intéressant tout ce qu'Anne vient de raconter.

Typiquement, si vous êtes ici avec ce webinaire, vous êtes déjà sur le bon chemin pour avoir des informations, pour peut-être faire évoluer vos pratiques d'accompagnement. Alors savoir un peu plus peut-être qui je suis et quelle est notre association ? L'association Osons Ici Maintenant c'est une jeune association. Elle a été créée fin 2014, d'abord à Bordeaux, et moi, j'ai monté en fait une antenne sur le Rhône. Donc, cette association, elle a vraiment été créée pour faire face en fait à un constat où de plus en plus de jeunes se sentent isolés, se sentent incapables, en souffrance, décrocher se sentent inutile parfois. Donc il y a beaucoup de souffrance. Il y a de plus en plus de décrochage. Donc finalement d'un côté, on a cette jeunesse qui cherche une place qui est aussi en quête de sens, et de l'autre côté, on est face à des crises de plus en plus majeures. Donc finalement, comment est-ce qu'on peut faire face à ces crises si on n'a pas la contribution active de tous et notamment des jeunes ?

Et c'est vraiment pour répondre à ce constat qu'on a créé l'association. Donc, notre mission c'est vraiment créer et accompagner le déclic pour que les jeunes de tous les horizons puissent déployer leur potentiel et puissent trouver une place qui fait sens pour elles et pour eux et contribuent à construire le monde dans lequel ils ont envie de vivre. Voilà donc ça c'est très important pour nous : la partie déclic, la partie potentielle puis le côté insertion inclusion, mais il y a aussi la notion de contribution. Alors comment on fait ça ? Modestement en concevant, en animant, et en transmettant des parcours transformateurs, des parcours d'accompagnement des formations qui vraiment ont pour objectif de développer le pouvoir d'agir des jeunes. Vraiment, on parle de développement du pouvoir d'agir de notre côté. Donc on a une association présente sur quatre régions, en France, Auvergne Rhône-Alpes, principalement sur le Rhône, nouvelle Aquitaine, en Bretagne en Guyane. Depuis 2015 on a accompagné plus de 8000 jeunes à peu près, avec des programmes courts et des programmes longs. Je ne vais pas rentrer dans le détail, vous avez le lien du site internet si vous voulez aller voir. On vise finalement trois types d'impacts. Le premier, c'est vraiment développer un changement d'état d'esprit chez les jeunes. C'est vraiment par ça qu'on commence, et quand on dit changement d'état d'esprit c'est reprendre confiance en soi, développer l'estime de soi, mieux se connaître, développer ce sentiment de d'avoir de l'énergie à nous parler de d'avoir de l'envie. Johnny avait raison : l'envie d'avoir envie quoi c'est exactement ça. Donc nous, on s'attache vraiment d'abord à travailler à faire évoluer, à impacter l'état d'esprit des jeunes avant même de parler d'un changement de situation. C'est vraiment un préalable pour nous. Donc, ça ne veut pas dire qu'on ne travaille pas un changement de situation puisqu'on a aussi cet objectif d'impact, qui est de permettre aux jeunes de définir leur projet de vie et de contribuer à la société.

Donc ça, ce sont vraiment aussi des objectifs importants pour nous, mais ça vient un second temps et si vous voulez lire notre rapport d'impact détaillé, vous aurez le lien dans le support. Donc finalement là, j'avais sur l'invitation de Jérôme l'envie de vous présenter un peu plus en détail le programme 100% transition, qui est un programme lauréat du PIC Programme d'Investissements dans les Compétences, au niveau national. C'est un parcours en fait ce programme. C'est un parcours d'accompagnement intégré sur trois ans qui permet d'accompagner 300 jeunes au national et 72 jeunes là dans le Rhône, de la remobilisation jusqu'à la définition d'un projet de vie pour favoriser l'insertion, l'inclusion des jeunes et cette envie d'aller chercher, d'aller en tout cas susciter de la curiosité et de l'envie autour des formations et des métiers au service de la transition écologique et sociale. Finalement, il n'y a pas de raison que des jeunes décrocheurs, des jeunes NEETS n'aient pas finalement des choses à dire, à penser, ou à faire, ou un projet de vie qui puisse être en lien avec la transition écologique et sociale. C'est ce qu'on a voulu expérimenter. En plus de ça, l'idée, c'est quand même de décloisonner des approches pédagogiques, des approches d'accompagnement, qui vont de la remobilisation jusqu'à l'insertion sociale et professionnelle en travaillant énormément avec une multiplicité d'acteurs. On a tout un volet de recherche et développement social. Notre objectif c'est de dire, on accompagne 300 jeunes sur trois ans, ça ne change pas, enfin, vu le nombre et vu l'ampleur du phénomène, ça ne va pas changer, ça change peut-être la vie de ces jeunes, mais ça ne change pas la société.

En revanche, ce qu'on peut faire c'est essayer de tirer les apprentissages forts et transmettre ses apprentissages. C'est aussi pour ça que je suis là ce matin avec vous. Alors 100% transition on parle de quel jeune ? Moyen d'âge de 19 ans, une majorité de filles. On parle de jeunes NEETS, qui ne sont donc ni en emploi, ni en formation, ni en stage, et qui sont vraiment très peu, voire pas du tout diplômés puisque deux tiers des jeunes n'ont pas validé le Bac, ont au mieux le brevet des collèges donc ça, c'est deux tiers qui sont infrabac.

Environ un quart qui ont validé un bac et 7% qui ont au-dessus d'un bac, donc finalement des jeunes peu diplômés. Au niveau national, on a aussi cette envie d'aller chercher des jeunes d'horizon divers, et donc ça veut dire dans différents endroits, développer ce programme à la fois en zone urbaine et d'aller aussi s'adresser à des jeunes qui sont en quartiers politiques de la ville, et puis aussi dans les zones un peu les territoires ruraux dans les ZRR donc. Il y a quasiment un tiers des jeunes qui sont dans ces territoires-là. On a cette envie bien-sûr d'être inclusif de pouvoir accompagner aussi des jeunes qui ont une reconnaissance RQTH et ça c'était important pour nous. Comment sont venus les jeunes dans notre programme ? Clairement nous, ce programme, il se base sur un travail d'ancrage, un travail partenarial avec, en fait, tout un tas de relais de structures avec lesquelles on travaille, on est partenaire, énormément les Missions Locales bien-sûr. Ce sont vraiment des relais terrain très précieux pour nous, avec qui on aime bien travailler environ 40% des jeunes qui viennent, des structures spécialisées ou des partenaires du projet, donc l'aide sociale à l'enfance, les CCAS, les éducateurs spécialisés, les associations de quartier, les clubs sportifs, donc c'est vraiment en fait un travail, un maillage du territoire qu'on fait. On a été surpris. Il y a quand même une bonne partie des jeunes qui viennent grâce au bouche-à-oreille et aussi l'Agence du service civique parce que ce que je n'ai pas précisé c'est qu'effectivement le programme 100% transition propose un temps d'engagement à travers un service civique d'initiative, c'est-à-dire que c'est le jeune qui va coconstruire sa mission dans une structure. Voilà, ce n'est pas la structure qui dit : voilà notre mission de Service Civique, est-ce qu'il y a un jeune qui veut postuler ? C'est qu'on essaie de trouver en fonction des contraintes aussi de mobilité des jeunes notamment en milieu rurale de dire, en fonction de qui tu es, de ce que tu aimes, tes goûts, tes passions, tes coups de gueule, etc. les causes qui te sont chères, on va t'aider à trouver un service civique, et tu vas le coconstruire avec une mission qui va accueillir à la fois, ton envie, tes initiatives. Le jeune est déjà acteur de son service civique. Et voilà donc un service civique d'initiative Les trois étapes finalement d'impact c'est vraiment un accompagnement global. Je vous ai parlé de l'état d'esprit. D'abord, c'est remobiliser, avoir un déclic. Anne en parlait très bien d'ailleurs. Ce sont des jeunes qui ont des souffrances, qui ont des blessures. Ce sont des jeunes qui ont peu de confiance. Donc, arriver et continuer de leur mettre une pression sur c'est quoi ton projet pro, c'est quoi ton projet, c'est faire pire que mieux. Donc, nous, en fait, on commence d'abord par dire qui tu es, ce que tu aimes faire, et on te permet de le faire dans un environnement sécurisé et collectif. Ça c'est important. Ensuite, on travaille les compétences psychosociales notamment des compétences comme la communication, la coopération, la prise d'initiative, l'audace, l'esprit critique. Donc d'abord de travailler ces choses-là.

Et puis ensuite, on travaille la question du projet de vie. Donc, c'est d'abord changer d'état d'esprit avant de changer de situation. Du coup, simplement pour vous résumer, on est sur des promos de 12 jeunes à peu près, donc, des groupes de 12 jeunes et c'est un programme qui est co-porté avec un organisme de formation. "Osons Ici Maintenant" notre association, elle travaille vraiment cette question du pouvoir d'agir, la question de la confiance en soi, de l'estime de soi, la connaissance de soi, accompagne au service civique d'initiative et accompagne à la transition écologique et sociale à travers l'organisation de chantiers, à travers pas mal de choses comme ça, d'ateliers. Et l'organisme de formation travaille un peu plus la question de la valorisation des compétences et la question, bien-sûr, du projet, de l'insertion, donc du projet professionnel. Donc, moi je copiloté le programme sur Lyon Métropole en milieu urbain, et Arbresle, Tarare, plutôt en milieu rural. On a plusieurs promotions en cours. Là, on est à la troisième année du programme. On réfléchit à voir comment il peut se prolonger sur certains territoires. Mais voilà, on a déjà trois ans un peu dans le rétroviseur et c'est pour ça que je voulais vous partager quelques apprentissages, quelques leviers, qui nous paraissent importants. Je ne peux pas tout dire. Je n'ai pas le temps et il y a déjà une bonne partie des choses qui ont été précisées par Anne.

Simplement, nous ce qu'on sait, ce dont on s'est rendu compte, c'est le cadre, le cadre, le cadre ! Evidemment des personnes qui souffrent, et qui ont eu des blessures qui n'ont pas de confiance déjà qu'elles arrivent à s'engager dans un parcours, il faut qu'elles puissent le faire de manière consciente et qu'elles puissent se sentir en sécurité, confortables, en confiance donc ça, c'est hyper important. Ce que ça veut dire, c'est que c'est un cadre qui est cocréé avec les jeunes dans les premiers temps collectifs, donc, ils ont cocréé un blason d'équipe. Ce n'est pas très compliqué, mais les jeunes se disent voilà qu'est-ce qui est important pour moi pour me sentir bien, en sécurité. Ils coconstruisent. Ils sont co-constructeurs du cadre. Cadre ludique et convivial. On met de la musique. On propose dans les temps, des temps informels, des jeux, ect. On n’a pas de temps pour démarrer les matins et les après-midis : des « icebreaker », des « energizer ». On propose des temps de mises en mouvement. C'est important que ce soit convivial et ludique. Ce ne veut pas dire que c'est la fiesta. Cela veut simplement dire on est là pour permettre à chacun d'être bien, de se sentir bien, à l'aise dans un bon état d'esprit. Un cadre qui est un peu désinstitutionnalisé.

Alors, qu'est-ce que cela veut dire ce grand mot ? Ce n'est pas un gros mot, mais cela veut dire que s'ils sont en souffrance par rapport à des situations qu'ils ont vécues, on va essayer de faire en sorte qu'ils ne revivent pas la même situation. Nous, typiquement, on s'est rendu compte qu'effectivement la disposition de l'espace dans lequel on recevait les jeunes, notamment en groupe, c'était très important. Donc on enlève les tables. On fait un cercle de chaises. Tout le monde au même niveau. On a des zones où ils peuvent se lever. On dit qu'ils ont le droit de se lever s'ils ont envie de se lever un certain moment. On fait des pauses régulièrement. On leur demande, on leur pose des questions, etc. Donc ils sont co-constructeurs, il est un peu désinstitutionnalisé et surtout ce qui est très important, c'est qu'on leur propose des pairs et des repères. Alors, qu'est-ce que ça veut dire ça ? CA veut dire qu'on utilise énormément la force du collectif vraiment les jeunes ce qui est important, c'est que nous, dans notre programme, on s'est rendu compte que le rythme, reprendre des repères, de la confiance, se dire, qu'eux aussi, ils ne sont pas tout seuls à se poser des questions. Ils ne sont pas tout seuls à avoir vécu de la souffrance. C'est hyper important. On se rend compte qu'on n'est pas seul. Donc ça, c'est très important pour que vous puissiez donner des repères aux jeunes en le faisant en collectif. Donc on fait l'individuel, mais surtout du collectif. Des postures. Alors, je vais avancer. Des postures variées et adaptées aux jeunes, mais aussi adaptées aux objectifs pédagogiques que vous vous fixez sur vos sessions collectives, vos formations ect. Ça veut dire que parfois, c'est une posture basse, c'est-à-dire une posture d'écoute, une posture d'accueil, une posture où vous posez des questions ou vous mettez au même niveau. Anne parlait d'horizontalité tout à l'heure. Une posture basse où finalement, on est plus là pour valoriser ce qui est fait, pour poser des questions et écouter que prendre la parole et dire voilà ce qu'il faut que vous fassiez etc. Mais parfois, c'est aussi des postures hautes. Ça veut dire, voilà, j'ai un savoir, j'ai une information importante à vous donner. Je suis là parce que j'ai une expertise et des compétences donc je vous le transmets et ce qui est important, ce n'est pas de dire que vous devez être tout l'un où tout l'autre, c'est de s'adapter. Ce n'est pas toujours bas, ce n'est pas toujours une posture haute. Et ce qui est vraiment important, c'est que, parfois, vous allez avoir ce rôle d'expert, parfois, vous allez avoir un rôle plutôt de facilitateur. Vous allez vous mettre au service du groupe, de ce qu'il a envie de faire. C'est compliqué. Un lundi matin, vous aviez prévu un truc hyper dur, hyper grand, hyper voilà... Ca ne marche pas, les jeunes, ils ne veulent pas, ils n'ont pas l'énergie. De toute façon, soit vous allez à confrontation, soit vous vous adaptez. Ok bon, on va faire autre chose. L'important, c'est que vous appreniez. Donc, il y a ce côté, un peu posture de facilitation et puis parfois, vous avez une posture d'animation, mettre de l'énergie dans le groupe, alimenter la dynamique de groupe, et parfois une posture éducateur expert parce que vous êtes là pour transmettre une information, un savoir, un conseil. L'important, c'est de varier de vous adapter à la situation et aux besoins des jeunes. Ce qui est important, c'est l'approche du projet de vie. Nous c'est vrai qu'on a basé 100% transition sur deux piliers : l'accompagnement au projet de vie et la transition écologique et sociale. Là, je vais vous cibler plutôt l'approche par le projet de vie qui est vraiment intéressant pour motiver, pour remobiliser les jeunes. L'approche du projet de vie, tant que j'avance un petit peu, c'est vrai que je n'ai pas passé mes slides, mais ce qui est important, c'est, dans l'approche du projet de vie, c'est de se dire que le jeune, il y a tout un tas de facettes qui sont importantes pour lui et pour tout le monde d'ailleurs, pas que pour les jeunes, pour être bien et épanoui dans vie. Dans ces différentes facettes, Il y a le projet professionnel, mais ça fait partie d'un ensemble et c'est important d'avoir ça en tête pour que les jeunes quand, ils viennent à un programme d'accompagnement, parce qu'ils sont sortis d'un système scolaire, que vous puissiez l'accompagner plutôt à dire : qu'est-ce qui est important pour toi dans ta vie pour être heureux, plutôt que qu'est-ce que tu vas faire l'année prochaine en termes de projet professionnel. Et c'est important, parce que quand on pense l'avenir un peu de manière globale, on va se rendre compte qu'il y a des jeunes, ce n'est pas la peine de les accompagner à trouver une formation parce que, dans leur vie personnelle, par exemple dans leur cercle familial il y a des problématiques. Nous, on a eu des jeunes, en fait, ils doivent s'occuper de petits frères, petites sœurs. Ils doivent parfois même s'occuper des démarches administratives pour les parents, mais tant que le jeune est dans ce rôle-là, ce n'est pas la peine de l'envoyer dans une formation, parce qu'il va quitter la formation. Ce qui est, bien sûr, plus important pour lui, c'est sa famille. Donc ce qui est important, c'est de se rendre compte pour chaque jeune qu'est-ce qui est important, par quelle facette du projet de vie, on va rentrer, on va aider, accompagner le jeune. Ça va être une, deux, trois, quatre, ça ne peut pas être les 10 facettes en même temps. Donc vous voyez que les 10 facettes du projet de vie ce sont les qualités, les valeurs, c'est bien-sûr, les revenus que le jeune veut avoir et le métier, mais c'est aussi la vie familiale, le lieu d'habitation, la vie amoureuse. Ça ne sert à rien d'envoyer un jeune en formation pour faire routier ou hôtesse de l'air, si de toute façon, ce qui est important pour lui, c'est sa famille, et il ne peut pas s'éloigner de sa famille, ça ne se sera pas durable. Ça ne marchera pas.

Cela nous va très bien si un jeune, quand on termine l'accompagnement, il dit, moi, mon projet de vie c'est régler mes problèmes de santé et faire en sorte que ma famille soit plus autonome et que je puisse, moi prendre un petit peu plus d'autonomie. Si à la fin du projet du programme d'accompagnement, on en arrive là, on sait qu'on aura avancé, pour qu'il soit disponible par la suite pour se lancer dans une formation. Donc c'est vraiment important l'approche du projet de vie, je ne peux pas l'expliquer là, c'est super intéressant de d'accompagner les jeunes à travers ce à travers ce prisme-là. Evidemment, la complémentarité des acteurs. Et là, je ne vais pas rentrer dans le détail, mais ce programme 100% transition, il ne fonctionne et je trouve qu'il a un intérêt et un impact uniquement et grâce au fait qu'on travaille en consortium. On travaille en partenariat. Je vous l'ai dit pour la mobilisation avec des partenaires prescripteurs et c'est vrai aussi avec des partenaires avec lesquels on co-intervient auprès des jeunes. Evidemment que ce n'est pas une seule personne qui peut régler tous les problèmes. Pas du tout ! Chacun a ce domaine d'expertise et l'objectif c'est de se passer le ballon, et comment on fait en sorte pour que le jeune est plutôt un parcours sans couture avec un accompagnement et plutôt un état d'esprit qui est aligné. C'est plutôt ça qui est intéressant d'essayer de mettre en place et de s'aligner avec les partenaires sur un état d'esprit pour accompagner le jeune. Ce n'est pas facile à faire, mais c'est vraiment intéressant. En tout cas, notre objectif dans 100% transition c'était remettre l'humain au centre à la fois les jeunes, mais aussi travailler avec les partenaires, essayer de faire un pas de côté, se mettre à la place de c'est aussi, et bien oui les Missions locales, elles ont des contraintes particulières, le CCAS, l'ASE, les éducateurs, ils ont des contraintes. Les psychologues, les personnes qui travaillent sur les logements avec le département, elles ont des contraintes. Un peu d'empathie ça permet de se mettre à la place de, et ça permet de mieux travailler avec. Surtout, on prend plus de plaisir, on va se dire aussi c'est quand même vachement plus cool de travailler avec d'autres autour des jeunes pour les jeunes que de travailler dans son coin et se dire, mais il ne comprend pas mes contraintes etc. Cette slide simplement pour vous partager qu'il y a d'autres types de structures qui font des super choses. Allez voir Parenthèse Utile, Année Lumière, le Semestre Rebond, les Cités d'Or.

Il y a plein d'associations qui proposent des programmes d'accompagnement ou des services civiques. Je vois que l'heure tourne. 

 

Jérôme Caltran – Via Compétences

Avant d'aborder le laboratoire d'innovation pédagogique, il y a pas mal de questions sur le public accueilli, savoir à partir de quel âge l'association et le programme 100% transition accueillent les jeunes. Est-ce que vous accompagnez des publics en situation de handicap ? Quelles sont aussi, rapidement, les conditions pour intégrer la promo ? Et puis dernière petite question, mais si tu en oublies une, je te la poserai, est-ce qu'un accompagnement de trois ans ce n'est pas trop long pour les jeunes ? Mais déjà le public. Alors quel public est accueilli ? quel âge ? 

 

Simon Leurent 

Ce sont des jeunes qui ont entre 16 et 25 ans, principalement la moyenne d'âge, c'est 19 ans, et on a vu que la moyenne d'âge elle baissait au fur et à mesure des années. Je suis désolé effectivement, je n'ai pas parlé de la durée du programme. On accompagne les jeunes pendant 9 mois. J'ai dit que c'était un programme de 3 ans, les jeunes, ils ne sont pas là pendant 3 ans, en fait, on a 3 promos pendant 9 mois. Comment est-ce qu'ils sont recrutés ? En fait, un des éléments qu'on s'est dit pour faire que ça fonctionne dès le démarrage, c'est que justement, j'ai mal formulé ma phrase, on ne recrute pas les jeunes. On ne les sélectionne pas entre guillemets. Ce sont eux qui ont la responsabilité de dire : je veux rentrer dans un parcours d'accompagnement. Donc, en fait, ce qu'on fait, c'est qu'on crée

un événement au démarrage qui s'appelle La Fabrique à talents, c'est un, on va dire, que c'est une formation. C'est comme un bilan de motivation, mais on le fait en collectif.

Ces trois premiers jours, les jeunes ne sont pas encore dans le programme, c'est juste des jeunes qu'on a repérés, qu'on a eu au téléphone qu'on a vu en physique, que des structures nous ont envoyées. On leur dit : viens participer à ce premier temps et c'est à la fin de ce temps-là, que tu diras si oui ou non, tu veux participer. Est-ce que ça t'intéresse ? Est-ce que les objectifs du programme sont clairs pour toi ? Est-ce que c'est le bon moment ? Est-ce que c'est ok, aussi, avec les manières dont, nous, on accompagne les jeunes ? Est-ce ok pour toi le groupe ? Parce qu'on mise beaucoup sur le groupe. Il y a des jeunes, ils ne peuvent pas.

Ce n'est pas le bon moment pour eux. Certains jeunes qu'on a eus nous ont dit moi : je suis hyper intéressé pour être accompagné, mais je ne peux pas là être avec 12 jeunes. Ce n'est pas possible en fait, c'est trop pour moi. Pas de souci, on va trouver autre chose. Il y a d'autres types d'accompagnement possible. Cette Fabrique à talents a vachement bien fonctionné parce que c'est seulement à la fin qu'ils disent ok, moi, je veux y aller et nous, on les a vus, en fait, en situation et on peut dire ok, nous, ça nous va aussi. Donc en fait, on se choisit mutuellement. 

 

Jérôme Caltran – Via Compétences

Sur le public, il y avait une question aussi : est-ce que vous accueillez des jeunes en situation de handicap ? 

 

Simon Leurent 

Oui, oui. On essaye bien-sûr d'accueillir autant que faire se peut. Après, on a une ressource sociale qui est spécialisée aussi et qui accompagne l'ensemble des responsables de programme de l'association, pour nous accompagner à faire les choses correctement. Je dirai que les contraintes, finalement, pour intégrer le programme c'est malgré tout comprendre le français et la possibilité d'interactions avec un groupe. Vraiment, il y a des jeunes qui ont des difficultés, des phobies à être avec d'autres personnes. Cela, c'est un peu compliqué. Après, pour toute type de personnes, c'est bon. 

 

Jérôme Caltran - Via Compétences

Tu as beaucoup insisté sur la relation avec les partenaires, leur place. Est-ce que tu peux préciser, mais rapidement, quels sont les liens de l'association avec l'Education Nationale, que ce soit la MLDS, Mission de Lutte contre le Décrochage Scolaire, les CIO et les psychologues de l'Education Nationale. 

 

Simon Leurent 

Oui, c'est une très bonne question. En fait, nous, finalement, on a des jeunes, qui comme je vous disais, ont entre 16 et 25, plutôt des jeunes qui sont sortis, et qui sont un peu après, on va dire, dans leur parcours. Soit, ils sont sortis, soit ils vont... bref. Donc, on n'a pas tant de liens que ça avec l'Éducation Nationale, malheureusement. On a quelques liens, mais on a très envie de développer plus de liens parce que ce qu'on se rend compte c'est que finalement les jeunes qu'on a là, et bien, il n'y a pas si longtemps que ça, avant, ils étaient encore en fait dans leur parcours scolaire. Donc, nous, on a très envie d'expérimenter nouveaux programmes avec l'Éducation nationale en travaillant en travaillant avec tout le personnel enseignant, pédagogique, toutes les personnes, donc les psychologues, les CIO. Donc, on est en train de réfléchir avec le Ministère du Travail, avec le ministère de l'Éducation nationale et quelques partenaires sur le terrain pour lancer une expérimentation et plutôt apporter nos programmes pédagogiques au sein de l'Education Nationale pour essayer d'arriver un peu en amont. Donc ça c'est en train de se faire, c'est en discussion, mais ça nous plairait beaucoup. 

 

Jérôme Caltran - Via Compétences

Merci beaucoup pour ces précisions. On te laisse nous présenter ton laboratoire d'innovation pédagogique.

 

Simon Leurent 

Oui. Alors qu'est-ce que c'est que ce gros truc qu'on appelle laboratoire d'innovation pédagogique ? En fait, c'est simplement un endroit où on a voulu capitaliser. C'est comme un grand centre de ressources. On s'est dit nous ça fait 5-7 ans qu'on accompagne des jeunes. Il y en a pas mal qui sont passés. On a expérimenté beaucoup de formats d'accompagnement avec des formats courts, des formats longs. On a des briques autour de l'accompagnement à la connaissance de soi, la confiance en soi, l'estime de soi, le projet de vie, la transition écologique et sociale, et c'est vrai que dans notre pédagogie qu'on veut contributive, collective, active et pluridisciplinaire, on se dit, nous, si on a testé des trucs et qui fonctionnent bien, pourquoi on ne les partagerait pas à d'autres, et d'ailleurs, on a pas mal de demandes en ce sens. Donc, c'est simplement un centre de ressources, ce laboratoire d'innovation pédagogique, où on va capitaliser pour ensuite mieux transmettre. Transmettre à qui ? Et bien, transmettre à des gens que ça peut intéresser. Donc on travaille avec des missions locales, on travaille avec des centres sociaux, on travaille avec des éducateurs, et on commence à partager des outils, des formations. Voilà, c'est ni plus ni moins que ça : un peu être au service, sinon on se considère comme un laboratoire. On expérimente des choses, des méthodes d'accompagnement, des outils, des postures etc. Après notre but, c'est plutôt de les diffuser pour démultiplier notre impact. Nous, on n'a pas vocation à être partout en France, sur tous les territoires, dans toutes les villes. Pas du tout. En fait, au contraire, c'est pour ça que ce webinaire, il est super, c'est que notre objectif, c'est vraiment de transmettre à ceux qui ont envie nos apprentissages, nos méthodes, voilà. Alors, je vous partage juste une information qui peut être pourra en intéresser certains ou certaines, justement parce qu'on a eu beaucoup de demandes entrantes, ce que vous faites avec les jeunes, nous, on aimerait bien essayer, on aimerait découvrir, peut-être même vivre. On a un temps fort dans notre programme 100% transition qui s'appelle La Fabrique à Déclik.

C'est 3 jours pendant lesquels on fait vivre entre 60 et 150 jeunes vraiment, 3 jours avec une énorme mobilisation, beaucoup d'énergie, des ateliers d'inspiration, d'introspection, des parcours d'accompagnement et de passage à l'action, enfin, il y a vraiment tout un processus pédagogique. Ce qu'on souhaite faire, c'est de faire un petit peu la même chose, mais pour les professionnels de la jeunesse de l'accompagnement, c'est-à-dire que faire goûter à celles et ceux qui ont envie une autre manière de former, de se former, en fait, c'est une nouvelle expérience de la formation qu'on essaye de faire vivre : une expérience transformatrice apprenante qui va durer trois jours et qui est vraiment dédié spécialement pour les professionnels de la jeunesse, de l'accompagnement, pour permettre de s'inspirer, de s'outiller, de partager ces bonnes pratiques, et aussi, il faut le dire parce que, Anne, elle a parlé du constat qu'on fait chez les jeunes et il y a beaucoup de choses à dire, et à savoir, évidemment, mais nous, on a fait, parce qu'on travaille avec beaucoup de partenaires, c'est ce que je disais, on a fait aussi un constat qui est très important, c'est qu'avec les partenaires avec lesquels on travaille, on sent quand même, aussi beaucoup, chez les professionnels de la démobilisation parfois, un manque de repères, un manque d'inspiration, l'envie de faire évoluer ces pratiques, l'envie d'avoir un espace pour pouvoir en discuter. En fait, c'est parfois ça qui manque. Donc, on veut tout faire pour les jeunes et moi la question que je pose c'est : qu'est-ce qu'on peut faire pour ceux qui accompagnent les jeunes ? Donc, il y a un peu cette question-là pour éviter le décrochage des professionnels de la jeunesse et de l'accompagnement. Ce sera un prochain webinaire avec Jérôme. Une fabrique à déclic à l'automne 2023. Vous n'hésitez pas à me contacter. Je suis désolé, c'est très court, mais merci beaucoup, en tout cas de votre attention. 

 

Jérôme Caltran - Via Compétences

Merci beaucoup de cette intervention, Simon. Avant d'aller un petit peu plus loin, Anne, je reviendrai juste sur une question qui est, je pense un petit peu complexe, mais intéressante,

c'est comment on fait quand la maison des ados n'a pas les moyens de venir nous  accompagner ? Il faut que tu remettes ton micro, Anne. La question est complexe, mais voilà, comment on peut faire ? Tu as un petit souci. Ce n'est pas grave. En tous les cas, on essayera d'y répondre. Pour aller plus loin, je vous avais promis quelques bonus pour vous accompagner dans vos pratiques professionnelles alors, je vais les citer rapidement pour ne pas vous faire perdre trop de temps, puisqu'on vous avait dit que ce webinaire durait jusqu'à midi, mais vous les retrouverez bien évidemment sur le support pédagogique qui vous sera envoyé. Donc, on vous a repéré des livres, des pépites : "La phobie scolaire - retrouver le plaisir d'apprendre" Il y a également "Espaces de parole - quels enjeux, quelles pratiques" et enfin, "Le décrochage scolaire - anticiper et franchir les obstacles". Ces trois livres sont sortis en 2019, 2020, 2022. C'est vraiment des ouvrages qui sont récents et dont vous n'aviez pas forcément connaissance. Un petit peu plus ancien, il y a "Qu'est-ce que l'adolescence ?" donc un ouvrage qui a été rédigé sous la direction de Véronique Bedin. Anne nous avait recommandé aussi ce livre de Nicole Kathleen et de Jean-Philippe Raynaud qui est sur les phobies scolaires : "Les phobies scolaires aujourd'hui un défi clinique et thérapeutique" Enfin, Anne l'a cité aussi rapidement, mais c'est intéressant d'avoir cette ressource, c'est la Fondation Santé des Etudiants de France. On vous a remis leur site internet : www.fsef.net. Il y a deux documentaires, dont vous avez peut-être entendu parler : " Phobies scolaires, le mal de grandir", qui est sorti en 2018 de Frédéric Capron et Cécile Tartakovski, et encore plus récent, qui est sorti en janvier 2023, que vous retrouvez sur la plateforme de France Télévisions : le webinaire, "On a passé 48 heures" pas le webinaire pardon le documentaire, l'émission documentaire : "On a passé 48 heures dans un lycée pour décrocheurs." C'est une immersion dans le lycée, le micro-lycée du 93. Il y a plein de témoignages de jeunes, c'est vraiment très instructif, et de l'équipe pédagogique. Ce webinaire, c'était le sixième d'une série de cycle de webinaires qu'a organisé Via Compétences sur le décrochage scolaire. Je vous rappelle que ces webinaires sont en replay, donc, vous pouvez aller les consulter. Ils sont sur le site internet : via-competences.fr. A propos de webinaire, le prochain webinaire de Via Compétences aura lieu le 28 février sur l'actualité de l'orientation, emploi, formation, en Auvergne-Rhône-Alpes avec deux focus, un focus sur la VAE, la validation des acquis de l'expérience, un point d'étape sur la réforme et puis sur un sujet, qui va à mon avis se développer, vous intéresser, sur les tiers-lieux de formation et la digitalisation avec des appels d'offres qu'est en train de mener actuellement la région. Et puis enfin, il y a deux sites internet, que je pense que vous commencez à bien connaître, il y a le site Internet de côté formations et sur ce site, on a développé une rubrique entièrement dédiée aux jeunes de 16 à 18 ans. A l'intérieur il y a plein de témoignages vidéos de jeunes décrocheurs et qui parlent des dispositifs et de la façon dont ils ont repris confiance, de la façon dont ils se sont remis en marche. Donc, je pense que là, c'est un support assez intéressant dans vos pratiques professionnelles, et puis, on rappelle des bons plans, les structures pour aider ces jeunes à se remettre en marche. Et puis, sur le site de via compétences évidemment, il y a ce dossier sur le décrochage scolaire, avec des outils et du contenu éditorial qui est mis en place, qui est mis en ligne pour vous, professionnels, pour vous aider dans votre pratique au quotidien.

Et puis, pour terminer, le plan de professionnalisation de Via Compétences 2023 est sorti.

Vous le retrouvez sur le site internet : www.professionnalisation.via-competences.fr et sur ce plan de professionnalisation, il y a de nombreuses formations, que ce soit des webinaires, des classes virtuelles, de l'auto-formation, des sessions en distanciel ou en présentiel. On vous a concocté un petit programme aux petits oignons pour vous, pour vous aider, comme disait Simon tout à l'heure : pour éviter de décrocher et retrouver, si besoin est, de la motivation, mais je sais que vous en avez énormément. Merci beaucoup pour votre participation. Vous étiez 200. On a été 200 à participer à ce webinaire. Je remercie, mais vraiment infiniment à la fois Anne et Simon pour leur implication. Je sais qu'ils restent disponibles. Je suppose que vous pouvez les contacter. Donc un grand merci à tous les deux pour le temps passer à la préparation de ce webinaire. Et puis merci aussi à Yolande qui a animé le tchat, et puis à Florac qui nous a donné un coup de main pour l'organisation de ce webinaire. Merci à tous, très bonne journée et puis à bientôt sur Via Compétences. Merci au revoir.

 

SVG

Votre avis compte !

Aidez-nous à améliorer ce site en nous faisant part de vos commentaires et suggestions :

Donnez votre avis