Transcription du webinar du 15/01/2024 "Les compétences à l'épreuve de l'intelligence artificielle : enjeux et perspectives"

Cette conférence a pour objectif de présenter plusieurs enjeux et perspectives concernant l’impact de l’intelligence artificielle sur les compétences, notion au cœur des pratiques professionnelles de la formation et de l’accompagnement. L’intervention se focalisera d’abord sur une première prise de recul relative à « l’externalisation » des compétences humaines dans le temps long historique. Des exemples concrets seront donnés afin de comprend en quoi l’IA est un nouveau jalon spécifique de ce cheminement. Enfin, les enjeux sur la posture, l’éthique et la responsabilité du professionnel seront abordés. Cette conférence se tient dans le cadre du lancement du plan de professionnalisation 2024 de Via Compétences.

Bonjour et bienvenue à cette webconférence de Via Compétences qui marquera le lancement du plan de professionnalisation 2024. Je suis Brice Cristoforetti, chargé de mission professionnalisation chez Via Compétences, et je vous accueille aujourd'hui. Nous sommes dans les locaux du CIDFF de Lyon. Je vous accueille aujourd'hui à la fois pour le lancement du plan de professionnalisation 2024 et pour une webconférence sur l’intelligence artificielle. Nous accueillons aussi aujourd'hui notre conférencier Youri Minne qui est doctorant en sciences cognitives au laboratoire EMC Liris et chez Sydo, bonjour Youri ! Bonjour à tous. Je vais vous présenter le dispositif pour savoir un peu ce qu'on va faire ensemble de 10h à midi. Tout simplement, je vais vous faire une première introduction pour vous donner le contexte, vous parler de Via Compétences, du plan de professionnalisation, quelle est cette mission de professionnalisation de notre structure. Je vous rappelle encore une fois que vous avez accès à un chat à droite de votre écran, une équipe de modération est mobilisée et pourra répondre à vos questions et les sélectionner pour qu'on puisse les poser à notre conférencier Youri. Donc on sera ensemble à priori jusqu'à 11h50 / midi et sans plus tarder je démarre. Je vais vous expliquer un petit peu qui est Via Compétences, quelles sont nos missions et puis terminer sur le plan professionnalisation 2024 et les nouveautés. Donc Via Compétence c'est le CARIF OREF de la région Auvergne-Rhône-Alpes, c'est une structure qui est au cœur de la relation orientation emploi formation. Vous avez peut-être du coup déjà entendu parler de nous d'une manière ou d'une autre. Sachez qu'on a quatre missions principales. On est à peu près 45 collaborateurs chez Via Compétences et parmi ces collaborateurs vous avez des personnes qui réalisent des études, qui mettent à disposition des outils, qui conçoivent des outils et les mettent à disposition pour vos missions. Vous avez aussi une mission de mise à disposition de ressources et d'information c'est par exemple les articles d'actualité, les dossiers que vous allez retrouver sur notre site Internet. Vous avez un autre grand P aussi très important chez nous c'est la collecte de l'offre de formation initiale et continue dans la région Auvergne-Rhône-Alpes et enfin une 4e mission qui nous réunit plus particulièrement ce matin c'est la professionnalisation des acteurs, donc c'est la professionnalisation de vous tous, professionnels, que vous soyez dans le secteur orientation formation ou emploi. Voici un peu les quatre missions clés. A garder aussi en tête nous avons une gouvernance quadripartite Etat – Région - Partenaires sociaux. Nous sommes un groupement d'intérêt public financé par l'État et par le conseil régional Auvergne-Rhône-Alpes et enfin nous avons 35 réseaux adhérents, donc vous en faites potentiellement partie en fonction de de la structure à laquelle vous appartenez, qui sont donc membres de notre groupement d'intérêt public. Ensuite la professionnalisation par Via compétence, pour vous donner un peu plus de détails, vous dire un petit peu qu'est-ce que ça permet donc, la professionnalisation fondamentalement c'est une offre de formation complétée par d'autres opportunités de monter en compétence, donc au-delà de la formation, je reviendrai un petit peu sur les modalités ensuite. Qu'est-ce que ça permet, hé bien l'idée c'est de développer la qualité des services rendus à vos usagers, ou à vos clients. Ça permet aussi de créer une culture commune entre différents acteurs qui fonctionnent plus ou moins ensemble, nous notre rôle c'est vraiment d'harmoniser les pratiques, de vous faire vous rencontrer et puis troisième axe, c'est de développer une meilleure connaissance des acteurs, donc entre nous acteurs, entre vous et puis aussi du côté des usagers, que les usagers connaissent les acteurs, sachent vers qui se tourner. Tout ça le plan de professionnalisation va aider d'une manière ou d'une autre à remplir ces objectifs-là. Donc comme je le disais le financement de Via Compétence et le financement du plan de professionnalisation c'est l'Etat, c'est le conseil régional Auvergne-Rhône-Alpes, et puis n'oublions pas l'Agefiph qui finance une partie du plan de professionnalisation. Lorsque vous vous inscrivez à une formation sur une thématique lié au handicap qui est gratuite, hé bien sachez que c'est grâce à la subvention de l’Agefiph. Parfois les formations vont être en partie payantes, donc il peut y avoir une participation des stagiaires, donc vos structures contribuent aussi au financement de ce plan de professionnalisation par ce biais. Peut-être un peu plus de détails sur ce que vous allez trouver pour 2024 sur nos sites Internet. Vous allez trouver à peu près 78 actions de professionnalisation, comme je vous disais ça peut être des actions de formation ou d'autres choses, et elles sont réparties entre 5 domaines thématiques que vous trouvez ici sur la slide. Ce qui est intéressant de savoir c'est que on essaie vraiment de ventiler nos actions de professionnalisation sur tout le territoire, donc soit en basculant sur un format distanciel pour que tout le monde puisse participer, soit en allant organiser des formations dans les grandes agglomérations de tout le territoire typiquement Clermont-Ferrand, Saint-Étienne, Lyon, Grenoble et parfois d'autres villes pour être sûr que vous ayez l'opportunité de participer. En 2023 ça a permis à plus de 5 000 personnes de participer toutes modalités confondues. Alors les modalités, certains d'entre vous qui ont déjà participé, vous allez être à l'aise avec certaines modalités et puis d'autres sont plus originales pour vous. Du classique on va dire, les formations en présentiel, les formations en distanciel, les formations multimodales, c'est quand on va vous proposer des formations qui vont mixer par exemple une journée en présentiel et puis des classes virtuelles d'une, de 2h, de 3h, donc vous allez passer du distanciel au présentiel. Les autoformations, c'est pour ceux qui ont déjà un compte sur moockie.fr, sinon n'hésitez pas à créer votre compte sur Moockie.fr, c'est une plateforme totalement gratuite avec une quinzaine de thèmes d'autoformation de 45 minutes, 1 heure, des thèmes très variés, totalements gratuits vous faites quand vous voulez et ça permet de s'autoformer, d'avoir un accès un premier niveau de connaissance sur des sujets liés à vos enjeux professionnels. Parcours de micro- learning : c'est pareil c'est une autre possibilité pour être vraiment en toute souplesse et sur un premier niveau de de formation. Et puis on n'oublie pas les webinar et les conférences, la webconférence comme ce matin qu'on vous propose et puis tout un chapelet de webinars, chaque mois vous aurez un, deux webinars sur des thématiques variées, pareil en lien avec vos enjeux. Enfin les ateliers d'échange de pratique c'est quelque chose qu'on a commencé l'année dernière et qui vous a bien plus donc on continue en 2024, donc là c'est du distanciel, c'est des ateliers vraiment pour faire ressortir vos bonnes pratiques, pour faire parler, vous faire échanger directement entre vous, pour faire éclore un maximum de bonnes idées et améliorer votre quotidien professionnel. Alors c'est les modalités maintenant petite focale sur les webinaires, donc si vous êtes abonné à nos différentes newsletters vous ne raterez pas les thématiques qui vont arriver en 2024, sinon n'hésitez pas à vous abonner, mais sachez qu'en tous les cas il y a quatre volets thématiques principaux. Les tendances conjoncturelles de l'économie et de l'emploi en Auvergne-Rhône-Alpes, le décrochage scolaire, l'évolution des secteurs professionnels, évolution des métiers, et enfin des webinaires pour décrypter l'actualité emploi formation. Il y aura forcément quelque chose qui va vous intéresser en 2024. Quelques nouveautés en 2024, sur les modalités on vous propose les mêmes modalités qu'en 2023 parce qu'elles ont bien fonctionné donc on vous propose plutôt en 2024 les mêmes modalités avec des thématiques qui comme chaque année certaines sont à nouveau proposées, et puis on a des nouvelles thématiques bien sûr en fonction de ce que vous nous avez fait remonter comme besoins. Pour vous donner quelques exemples dans les formations on vous propose cette année une formation sur comment recourir aux méthodes de créativité pour être plus innovant dans la réponse aux appels à projets, donc ça c'est dans le domaine de la formation. En restant dans le domaine de la formation on aura aussi une formation sur comment intégrer les neurosciences dans son ingénierie pédagogique, dans son ingénierie de formation pour améliorer l’efficacité de la formation. On aura un nouvel atelier d'échange de pratique sur le management non hiérarchique, et puis dans les webinaires, les tendances conjoncturelle c'est typiquement un nouveau cycle, on a démarré en décembre 2023 hé bien on va continuer fortement en 2024. Et puis un nouveau cycle aussi sur les webinires ça va être les dispositifs de financement de la formation professionnelle. Voici quelques exemples. Je continue peut-être simplement pour conclure, j'espère que ça vous donne un peu envie en tout cas tout est sur le site internet n'hésitez pas à naviguer ou à nous contacter si vous avez la moindre question, mais on va dire pour conclure, pour résumer, nous on aime bien présenter le plan de professionnalisation comme une opportunité finalement de rencontre, donc certes pour apprendre c'est clair, mais aussi pour échanger, pour innover sur ses pratiques, sur ses outils, et c'est aussi un temps de prise de recul donc on espère que c'est aussi ce que vous ressentez quand vous participez au plan de pro et on vous donne rendez-vous pour 2024 pour en profiter au maximum. Donc désormais moi j'ai terminé avec mon introduction ce que je vais vous proposer c'est de passer, de visionner une vidéo. On a parlé des financeurs tout à l'heure de Via Compétences c'est grâce à eux que le plan de professionnalisation existe et donc comme chaque année on est allés à leur rencontre. On est allé rencontrer Monsieur Blanchet qui est vice-président du conseil régional, on est allé rencontrer Madame Notter qui est, qui dirige la DREETS régionale pour leur demander leur point de vue puis leur demander quelques perspectives pour 2024 en lien avec la professionnalisation, avec la montée en compétences. Donc je vous laisse regarder cette vidéo et puis on démarrera la compétence la conférence en tant que telle juste après.

Parfait on va rebasculer sur la présentation de PowerPoint et puis on va rentrer dans le vif du sujet.

Voilà parfait merci alors et bien sans plus tarder je vous propose de rentrer sur la thématique de fond et donc de donner la parole à notre conférencier Youri Minne donc je vous laisse démarrer, merci Youri, puis je reviendrai avec quelques question sélectionnées du chat plus tard. 
Merci beaucoup Brice je me présente donc je m'appelle Youri Minne je suis doctorant en sciences cognitives. Je travaille dans deux laboratoires, un premier laboratoire d'informatique le LIRIS qui est basé à Villeurbanne, et un autre laboratoire le laboratoire EMC qui est un laboratoire de psychologie. On traite notamment des processus cognitifs notamment dans l'apprentissage. C'est une thèse que je réalise aussi dans l'entreprise Sydo qui est une entreprise de conseil en pédagogie et le sujet de mon doctorat porte sur la question de l'apprentissage multimédia, comment on capte l'attention des apprenants, comment on les engage dans des dispositifs asynchrones où on a effectivement des apprenants qui sont seuls face à des écrans et donc on a potentiellement des difficultés à les engager sur le temps long, à gérer des distracteurs dans l'environnement et cetera et pour se faire dans ma thèse j'ai traité de différents aspects de l'apprentissage et notamment sur cette question de la compétence, avec notamment cette révolution, en tout cas cette évolution technologique de l'intelligence artificielle notamment générative qui est arrivée à peu près en 2020, 2021. A cet égard la question de la compétence, et on l'a vu un petit peu dans l'introduction, la question de la professionnalisation et de la montée en compétence se pose dans un monde où effectivement les évolutions technologiques auraient tendance plutôt à nous retirer ces compétences. Alors on verra, est-ce que c'est plutôt on nous retire des compétences ou plutôt on nous augmente des compétences, c'est toute la question qu'on va se poser. Je souhaitais aujourd'hui commencer ma conférence en parlant du lien historique entre le développement humain et technologique et puis l'externalisation de ses compétences parce que vous le verrez, c’est finalement un petit peu l'histoire de l'humanité, d'avoir créé des outils pour externaliser un certain nombre d'aspects de sa cognition, pour pouvoir l'accompagner sur plein de tâches au quotidien. On verra dans une deuxième partie la question de est-ce que l’IA est un nouveau jalon spécifique de cette évolution, est-ce que l’IA c’est finalement le dernier jalon ? C'est une question qu'on pourrait être amené à se poser et puis on finira cette conférence sur la question de l'impact sur les pratiques des professionnels. C'est effectivement une question qui se pose énormément en tout cas dans les entreprises françaises, c'est comment je peux, en tant que salarié, en tant que freelance, pouvoir évoluer en termes de compétences avec ces nouveaux outils qui sont amenés à remplacer un certain nombre de tâches de mon quotidien.
Alors on va commencer donc par ce fameux lien historique entre le développement humain et l'externalisation des compétences. On pourrait partir d'un constat qui est assez intéressant donc je tire ce graphique d'un livre de Gérald Bronner qui s'appelle « l'Apocalypse cognitive » et ce graphique présente l'évolution du temps de cerveau disponible en année au cours du temps. Qu'est-ce qu'on voit, quel constat on peut obtenir ici c'est qu’on a beaucoup plus de temps à notre disposition, on est en fait plutôt libre sur ces aspects-là. On n’en a pas forcément conscience, la plupart des personnes à qui j'ai présenté ce graphique étaient assez étonnés en disant qu’on n'est pas vraiment libres au final, on a plein de tâches différentes au quotidien qui nous prennent un certain nombre de temps, et c'est toute la critique un petit peu que fait Gerald Bronner, en disant qu’effectivement on a plus de temps de cerveau disponible, grâce à un certain nombre d'outils qu'on a mis en place, mais potentiellement ce temps on le gâche ou en tout cas il est capturé par un certain nombre d'outils, d'applications. On parle d'un « marché cognitif », c'est-à-dire que les applications, les sites web ont pour objectif de venir capter ce temps de cerveau disponible, de récupérer ces ressources cognitives. Donc finalement on voit que déjà, ce constat il est assez fort, dans le sens où on a créé un certain nombre d'outils dans notre histoire pour avoir du temps de cerveau disponible. Certains voient la chose plutôt positivement en disant qu’effectivement, on peut se consacrer à plein d'aspects plus intéressants. D'autres disent que c'est plutôt un gâchis de temps de cerveau entre guillemets.
Alors cette quête de l'humain augmenté, ou en tout cas du temps de cerveau disponible, elle est historique, et elle se fait sur trois axes. C'est un peu arbitraire, j'ai choisi ces trois axes parce qu'ils me paraissaient assez importants. Premièrement, la quête de l'humain augmenté au travers des technologies robotiques. Les technologies robotiques maintenant ça fait à peu près 20 30 ans qu’elles ont émergé, notamment dans des entreprises, notamment dans l'industrie. On connaît forcément les péages qui ont été petit à petit remplacés par des machines. Il faut savoir qu'à la base initialement quand on fait cette recherche de l'humain augmenté on ne cherche pas l'humain augmenté, on cherche surtout à accompagner des personnes en situation de handicap. On crée ces technologies-là en fait pour accompagner des personnes qui n'ont pas forcément accès, qui ne peuvent pas gérer ces tâches, ces compétences-là. Donc les technologies robotiques ont profondément révolutionné l'industrie, l'économie dans les années 2000 à peu près, et si vous vous rappelez on avait eu à peu près les mêmes débats que sur l'IA aujourd'hui. C'est est-ce que ça ne va pas détruire de l'emploi ? Est-ce que j'ai besoin de monter en compétence sur ces questions-là puisque les robots ou la technologie robotique pourrait me remplacer ? Deuxième axe : les technologies physiologiques entre guillemets. Alors c'est ce qu'on appellerait les « smart things », c'est l'ensemble en fait des capteurs physiologiques qui vont venir récupérer un certain nombre d'informations sur nous. On a tous, on connaît tous par exemple les fameuses montres connectées qui nous permettent de récupérer notre tension, notre rythme cardiaque et cetera, qui viennent nous accompagner au quotidien. Encore une fois ces technologies-là elles ont été initialement conçues pour accompagner des personnes en situation de handicap, puis on s'est rendu compte qu'elles pouvaient également servir à des sportifs, à des personnes qui n'ont pas forcément de situation de handicap mais qui pourraient bénéficier de ce genre d'outils. Et puis le fameux 3e axe qui est finalement l'un des plus impactants potentiellement, c'est cette question de la technologie cognitive le fameux en anglais « extended mind », comment je peux accompagner mon cerveau, en tout cas externaliser de la cognition, donc des processus mentaux, au travers d'un certain nombre d'outils. C'est sur ce troisième axe là qu'on va se centrer aujourd'hui et voir à quel point l’IA potentiellement est un jalon de cet axe. 
Alors avant de commencer je fais rapidement une définition assez globale, qui n'est pas très détaillée, mais qui me permettra au moins d'amorcer le propos. Quand je parle de cognition qu'est-ce que j'entends ? J'entends l'ensemble des processus qui sont utilisés par un organisme, donc un être humain ou d'autres êtres vivants, pour traiter des informations. Je reçois des informations de mon environnement, je vais les traiter de manière cérébrale dans la cognition et je vais fournir une réponse à l'environnement. Donc ça suppose un certain nombre de processus qui sont assez complexes. D'abord la perception, puis la sélection, l'attention : est-ce que je porte attention aux bons éléments dans mon environnement, le raisonnement. Voilà c'est vraiment tous ces processus cognitifs-là qui jouent un rôle fort dans notre capacité à traiter des informations. Une autre brève définition de l’IA que je pourrais ensuite présenter pour présenter le lien entre les deux. L'intelligence artificielle quant à elle désigne l'ensemble des techniques informatiques qui permettent à des machine de simuler l'intelligence humaine. Cette définition est assez globale et permet de mettre à niveau tout le monde. Sur cette question de la définition, j'aurais quelques critiques à amener notamment sur cette question de simuler l'intelligence humaine. Est-ce qu'on veut véritablement simuler de l'intelligence humaine, ou de l'intelligence ? Alan Turing dès les années 50 avait expliqué que ça peut être de l'intelligence, et ça sera potentiellement différent de l'être humain, mais en tout cas ça n’en reste pas moins de l'intelligence. Donc quand on parle d'externalisation cognitive, est-ce que l'on parle de quoi, qu'est-ce qu'on veut dire quand on parle d'externalisation cognitive ? On parle tout simplement d'un accès à l'information qui ne serait pas intériorisé, qui ne serait pas dans notre propre cognition. On a forcément l'exemple de Google, des livres, etc., tout ça ce sont des outils qui nous permettent de stocker de l'information non pas dans notre cognition à nous, mais de manière extérieure. Également l'externalisation cognitive, ce n’est pas forcément que stocker l'information, c'est aussi la traiter. Une calculatrice va stocker un certain nombre d'informations et va vous permettre aussi de traiter cette information. Donc quand on parle d'externalisation cognitive, c'est information, et traitement de l'information qui est externe à notre propre cognition.
Alors justement, historiquement, on se rend bien compte que cette externalisation est passée par plein de phases différentes et finalement on a tout le temps chercher à externaliser ses compétences. L'écriture a été un des jalons primordiaux en fait puisqu'on pouvait laisser une trace en fait de l'information. On passait vraiment d'une culture orale, d'une mémoire très sophistiquée en tout cas, qui avait une importance forte, à la capacité de laisser une trace sur un document, et donc de ne plus avoir besoin de le stocker en mémoire. L’écriture a permis d'accéder à ça mais ça n’a pas vraiment permis la démocratisation de cette externalisation. C'est plutôt l'imprimerie qui a permis ça, où on a eu vraiment ce jalon, où toute l'information pouvait être stockée sur des documents papiers, et donc on n'avait plus forcément besoin d'avoir connaissance des théories, des équations, etc. Donc ça permettait notamment à des chercheurs, des scientifiques de pouvoir avancer sur des sujets, des thématiques sans avoir à vraiment connaître tous les sujets. Ils pouvaient récupérer un document, une thèse, un article d'un scientifique et pouvoir travailler sur ce sujet. Alors on restait sur le côté trace, donc stockage de l'information, on ne parlait pas vraiment encore de la question de comment on traite cette information. C'est vraiment l'informatique qui a changé la donne sur cette question-là puisqu'on a pu vraiment avoir de l'information stockée et puis faire du traitement de cette information, donc de pouvoir jouer avec cette information. Les robots ont été également un jalon supplémentaire, mais c'est surtout l’IA qui, à mon avis, est un énorme jalon, puisqu’elle va permettre à la fois de stocker beaucoup d'informations effectivement, mais aussi de faire un traitement qui est beaucoup plus fin que ce qu'on pourrait faire en informatique. Alors je passe assez rapidement sur cette question-là mais il y a un certain nombre de facteurs qui ont permis d’accéder à des connaissances finalement sans véritablement les connaître, en tout cas d'externaliser toute cette cognition. Premièrement, on voit qu'on a des systèmes de stockage de données, de traitement et de stockage de données qui sont de plus en plus grands. On a aussi énormément de données à disposition avec les réseaux sociaux, avec internet, avec l'informatique. Ça fait que l'information a été démultipliée. On a également des méthodes d'analyse et d'extraction de la connaissances qui se sont développées. Et puis ces fameux « smart things » justement, c'est cette capacité de capter de l'information un peu partout.
On a donc mis en place un certain nombre d'externalisations, de processus d'externalisation de la cognition. Par exemple vous avez les SEP, des système d'externalisation de la perception. Ces systèmes-là nous accompagnent pour nous dire quoi regarder en donnant les informations sur les objets qui composent notre environnement, tout simplement. Vous avez le fameux cas de la réalité augmentée et de la réalité virtuelle qui ont été vraiment dans les tendances de la formation dans les années précédentes, qui accompagnent véritablement potentiellement l'utilisateur dans sa perception de son environnement. 
Alors je vous ai mis quelques exemples. Le premier c'est un outil qui permet en scannant avec son smartphone de récupérer toutes les informations : le nom des magasins, etc. Vous avez ensuite une capture d'écran de chat GPT qui utilise la dernière fonctionnalité « vision », qui est capable en fait de lire une image. On lui envoie une image par exemple d'un plat et il est capable de décrire tous les ingrédients qu'il y a sur cette image. Je vous ai mis la fameuse image de la série Black Mirror, si vous connaissez, où on a un épisode un petit peu dystopique justement, où on a tous des lentilles. Ces lentilles sont capables de stocker l'information, de stocker tous les souvenirs qu'on va avoir à notre disposition, mais en explorant un peu le côté dystopique, c'est-à-dire qu’à partir du moment où on touche à la perception, on peut aussi la bloquer. Là vous avez le cas d'un utilisateur qui a bloqué la capacité de son ami à pouvoir le voir, l'entendre, etc. Ce sont vraiment des outils qui d'un point de vue dystopique pourraient poser pas mal de problèmes. En tout cas, ce que je voudrais quand même amener sur cette question, c'est que c'est la première approche qui a été utilisée pour la perception c'était de pouvoir accompagner des personnes qui n’avaient pas la capacité de percevoir au quotidien. On a un logiciel qui s'appelle Be My Eyes que je trouve assez intéressant qui permet justement avec son téléphone de pouvoir scanner son environnement quotidien et de fournir une transcription audio à l'utilisateur, pour pouvoir être plus à l'aise dans son environnement. Je trouve ça assez intéressant que la démarche soit d'abord pour accompagner ces personnes. 
La mémorisation. Forcément on en a parlé, sur cette question de toute information qui peut être stockée quelque part, et puis l'information, la connaissance c'est vraiment l'opération de base, l'unité de base finalement pour toute opération cognitive. Si je demande à Brice de me trouver une information, potentiellement il ne l'aura pas stocké en mémoire. Par contre, il saura où elle est stockée, est-ce que c'est sur un document Word, est-ce que c'est sur Google Docs, etc. Et puis il saura avoir « l'étiquette » de l'information, c'est-à-dire « je sais que le nom de mon fichier c'est Introduction plan de professionnalisation 2024 » par exemple. On voit donc que la mémorisation s'est transformée, notre système de mémoire s'est transformé. On ne stocke pas forcément les informations en tant que tel, on stocke les métadonnées qui permettent d'y accéder. Alors ça pose un certain nombre de problèmes, notamment ce fameux effet Google, où on montre qu’on a tendance à avoir une surestimation de sa mémoire puisqu'on a accès à des outils comme Google. On a l'impression d'avoir une très bonne mémoire, mais finalement si on nous enlève Google, on a vraiment une chute assez drastique des performances de mémorisation. On a également des systèmes de reconnaissance qui consistent à reconnaître des « patterns », des éléments en fait dans son environnement, et produire de la nouvelle connaissance.
Là je vous ai mis deux images. Une première qui est un outil qui permet de détecter les plaques d'immatriculation sur les voiture sur une autoroute. Je voulais vous montrer également une équipe de Bordeaux qui a réussi en fait à utiliser une IA pour traquer des cancers sur des radios, là où l'œil humain n'est pas capable de reconnaître des patterns très sophistiqués, très précis. Des IA ou des algorithme permettent de récupérer ces patterns et de détecter des cancers plus efficacement que l'être humain. 
Le raisonnement : c'est évidemment le jalon le plus important aujourd'hui à l'heure de l’IA, c'est cette capacité à produire de la nouvelle connaissance. Là on voit que c'est une vraie révolution. On a eu les premiers médicaments qui ont été mis en phase de test, des médicaments qui ont été uniquement créé, pensé et généré par de l'intelligence artificielle notamment chat GPT. Ces outils ont produit de la nouvelle connaissance à partir de l'ancienne. On a vraiment un consensus à ce niveau-là, c'est à quelle IA pourra accélérer les découvertes scientifiques dans l'avenir, c'est quelque chose qu’on a encore du mal à calculer et à anticiper tellement ça peut être important. 
Voilà, je vous ai parlé un petit peu des systèmes d'externalisation, mais ça a aussi un impact assez fort notamment de perte de fonctions cognitive. Alors ces fonctions cognitives, ce n’est pas qu'elles sont perdues, c'est qu'elles sont moins stimulées. Si on prend quelques exemples, la signalisation routière nous a permis en fait de ne pas anticiper et avoir en fait en mémoire « je suis dans une ville donc il faut que je roule à 50 km/h », ou « attention là je suis près d'une école », etc. Tout ça, la signalisation routière, c'est une forme d'externalisation puisqu'on n'a pas à se poser ces questions-là. Le GPS a été une énorme externalisation puisqu'on a retiré en fait la capacité de planification, d'orientation, de gestion de son environnement. C'est un outil qui a vraiment eu un impact assez fort. Finalement les cahiers de texte à l'école primaire ou au collège sont une forme d'externalisation puisque je n'ai pas besoin d'intérioriser, d'imaginer, de me dire « bon là demain j'ai mathématique donc il faut que je fasse mes devoirs ». Tout est dans mon cahier de texte, j'ai externalisé cette question. D'un côté positif on pourrait dire que l'impact de cette externalisation elle a été faite au profit d'autres compétences et d'autres fonctions cognitive. Le fait que je n'ai pas à me soucier de mon environnement, ou que je n'ai pas à me soucier d’où je dois aller, ça me permet d'avoir plus de ressources à allouer pour faire attention s'il n’y a pas un enfant qui traverse la route, etc. A condition de ne pas utiliser d'autres outils comme les téléphones portables qui pourraient nous capturer des ressources cognitives. Ce qu'on voit un petit peu dans la recherche, c'est que l'externalisation aide fortement à la résolution de problèmes. Vous avez tous eu ce cas où on est face à un problème mathématique, un problème de logique. Il est beaucoup plus simple de noter sur un papier les règles de ce problème, donc d'externaliser ces règles, pour résoudre le problème. C'est beaucoup plus simple. Par contre ce qu'on observe dans la littérature c'est que ça défavorise grandement la compréhension des concepts. A partir du moment où on externalise un concept, on n'a pas à l'internaliser, on ne le réfléchit pas, on ne le pense pas, on ne l'apprend pas, et donc on va être plutôt un utilisateur de l'externalisation sans vraiment la comprendre. Ça pose notamment la question dans l'apprentissage. C'était une question que je m'étais posé à l'école primaire, je me disais mais pourquoi on apprend les multiplications alors que dans 2, 3 ans on fera tout à la calculatrice ? C'était assez étrange et en fait avec cette conférence, et puis avec les réflexions que j’ai eu sur le sujet, on se rend compte que j'ai d'abord produit de l'internalisation. J'ai compris comment fonctionnait une multiplication, à quoi ça servait, comment ça pouvait se calculer. Je l'ai internalisé de manière cognitive au sein de mon cerveau et donc à partir de ce moment-là je peux utiliser des outils externes. Le danger de cette externalisation ça serait d’apprendre dès le début avec des outils qui sont externes, des outils qui nous fournissent le résultat sans que nous n'ayons à produire des processus cognitifs.
Là je vous ai mis un exemple potentiellement d'utiliser cette externalisation dans l'apprentissage. Dans mon Master, on utilisait un robot, le robot Nao, et on allait dans des classes de collège lycée et on proposait aux élèves de programmer de l'informatique sur les robots. En fait on leur faisait produire de l'externalisation, on leur faisait construire leur outil qui pourrait les accompagner plus tard. Mais en créant cette externalisation, il faut avoir compris, il faut avoir internalisé tous les concepts liés à ça. Je pense que cette question de l'externalisation cognitive a permis beaucoup de choses, mais que pour apprendre il faut quand même passer par cette internalisation, qui est assez primordiale dans la compréhension des concepts. Et puis évidemment on peut se poser la question de la dépendance. Dans quelle mesure on a des outils qui sont externes et qui, s'ils disparaissent un jour, nous privent de ces fonctions cognitives, puisqu'on aura plus à les entraîner, à les faire évoluer. J'ai le cas d'une banque, je ne me souviens plus exactement de la banque, mais ils avaient un logiciel depuis plusieurs générations qui avait été mis en place. Les premières générations savaient très bien comment utiliser ce logiciel, et puis maintenant il se rendent compte que plus personne ne sait comment ça fonctionne, plus personne ne saurait réparer s'il y avait une panne ou quoi que ce soit. Donc on voit qu'on a une perte des compétences et des connaissances sur des sujets, qui se fait de manière assez générationnelle, et qui pourrait avoir un impact assez fort finalement en cas de rupture de cet outil. 
Pour conclure sur cet aspect, on pourrait se poser la question, est-ce que c'est une cognition augmentée ? Si on prend cognition au sens technologique plus cognition humaine, on pourrait se dire effectivement qu’on a une cognition un peu augmentée dans le sens où on pourra faire potentiellement plus de choses avec moins de ressources cognitives. On pourrait également poser la question de la cognition diminuée, dans le sens où est-ce que on n’aurait pas effectivement tendance à ne plus stimuler certaines compétences cognitives, certaines fonctions cognitives, puisque j'ai accès à une externalisation ? Ou alors une condition finalement remplacée, où on ne serait que des exécutants d'outils, sans vraiment stimuler cette cognition ? Alors on a sélectionné les questions juste un petit peu avant donc si vous voulez répondre à cette question je vous vous invite plutôt à le faire pour la deuxième partie. On pourra poser cette question de condition augmentée, diminuée ou remplacée. A priori je n’ai pas forcément de réponse comme ça qui me vient naturellement. Je suis assez positif sur l'avenir et j'essaierai d'amener ces points dans les deuxième et troisième parties. Voilà je vous remercie pour cette première partie et on va passer aux questions réponses.
Merci beaucoup Youri. Merci pour les commentaires et les questions, on se rend compte à travers cette première partie, c'est un peu lié au sujet, que ça mobilise des concepts qu'on n’utilise pas forcément tous les jours, et du coup ce serait intéressant par exemple si vous pouviez préciser, quand vous avez évoqué les « smart things » par exemple, de repréciser qu'est-ce que c'est qu'est, qu'est-ce que ça a été, qu'est-ce que c'est aujourd'hui. Vous avez parlé aussi de dystopie, c'est intéressant sur ce sujet de repréciser un peu par dystopie qu'est-ce qu'on entend, et comment on le lie au sujet ? 
Tout à fait. Alors sur la question des smart things. « Smart things », c'est apparu avec la révolution Internet, où on pouvait avoir un certain nombre d'outils connectés les uns les autres qui transmettaient de l'information, par exemple une montre connectée, un téléphone portable qui capte notre position, des GPS... C'est un ensemble d'outils, de petites applications, de petits outils qui sont connectés les uns aux autres et qui envoient l'information. Et en fait c'est le nerf de la guerre, aujourd'hui vous allez voir avec l’IA, c'est cette question de l'information, que fait-on de l'information et comment on la traite. Et donc ces smart things, ce sont des outils qui sont censés accompagner au quotidien les utilisateurs dans un certain nombre de démarches. Potentiellement, le GPS a été l'un des plus impactant sur cet aspect. 
Sur la question de la dystopie, c'est intéressant cette question. Vous connaissez le terme utopie, qui renvoie au fait qu’on envisage une société, en tout cas une situation, dans laquelle tout se passe plutôt bien, en fait c'est le meilleur des mondes entre guillemets. La dystopie c'est le contraire, c'est la situation où une technologie, une pensée, ou quoi que ce soit, a dérapé de telle sorte qu’on est vraiment dans la pire situation possible. Black Mirror, la série, aborde ces questions en prenant comme postulat, en disant qu’on a une technologie qui a évolué jusqu’à un point donné. Quel impact ça aurait, quel est le pire impact plutôt, ça pourrait avoir sur notre environnement, sur notre société ? C'est toute la question qu'on pourrait se poser sur l'IA. Dans quelle mesure on peut envisager un avenir plutôt où on arrive à cadrer ces choses, on arrive à l'utiliser pour ce qu'elle a de bon à apporter, ou plutôt on se laisse complètement dépasser et on arrive à une situation où c'est dystopique, il y a contrôle sur un certain nombre d'aspect de nos vies, et ce n’est pas pour le bien-être de l'humanité. 
Merci Youri ! Il y alors une autre question intéressante, c'est lié à votre première slide sur le temps de cerveau disponible. Aujourd'hui on parle peut-être un peu moins de temps de cerveau disponible, on utilise pas mal l'expression « charge mentale », et du coup ça fait réagir un petit peu. Question simple : comment mesure-t-on, finalement, quelle méthodologie pour estimer, pour mesurer son temps de cerveau disponible ou sa charge mentale finalement ? Ça marche comment, vous qui êtes scientifique ?
On fait souvent des études, qui sont du coup quantitatives, sur un grand nombre, un panel assez représentatif de la population donc française ou européenne ou mondiale. On va essayer d'évaluer un petit peu la part du temps qu'ils associent à chaque tâche dans leur quotidien. A partir de là on peut faire un regroupement, voir un petit peu sur 100 000, 200 000 personnes en France par exemple, quelle est la part de tâches ménagères, quelle est la part de l'ordre du travail par exemple. Ça m'a paru assez étonnant au final, parce qu'on parle effectivement beaucoup de charge mentale aujourd'hui. Je pense que c'est plus une sensibilisation aujourd'hui à ces enjeux-là qui nous a amené à parler de ce sujet-là. Mais que si on regarde assez historiquement finalement, on se rend compte que cette part par exemple des tâches ménagère a diminué en termes de temps. J'entends en termes de temps puisqu'on a eu des évolutions technologiques qui ont fait que la vaisselle par exemple, on a un lave-vaisselle, etc. Ce sont les évolutions technologiques, ces systèmes d'externalisation qui ont libéré du temps de cerveau disponible. Le temps de travail également a fortement diminué en termes de quantité de temps dans la journée ou dans l'année. Donc ce sont des indicateurs que l'on calcule comme ça qui ne sont pas forcément représentatifs à tous les égards de la charge mentale, ou en tout cas de ces aspects-là, parce qu’on ne parle pas forcément de répartition, on parle pas forcément de qui, est-ce que c'est la technologie ou est-ce que c'est il y a aussi, voilà, toutes ces questions-là pour le coup qui demeurent encore présentes. Donc je pense qu'il y a des études qui devraient être faites sur ces questions-là et notamment le lien entre technologie et temps de cerveau disponible. 
Très bien donc finalement temps de cerveau disponible c'est le temps à soi réellement à soi qui n'est pas parasité finalement ni par le travail ni par des tâches. 
C'est ça en fait ça serait le temps de cerveau disponible en dehors des tâches qui sont un petit peu obligatoires entre guillemets donc le travail, les tâches ménagères par exemple. Et donc on voit qu'on a effectivement du temps encore disponible, mais on l'utilise potentiellement pour de mauvaises raisons, en tout cas on se fait tous avoir par les applications, qui ont très bien compris comment capturer ce temps de cerveau disponible. Je vous conseille notamment sur ces sujets, vous mettez sur internet ou sur YouTube la question du marché cognitif ou du marché de l’attention. Vraiment c'est cette concurrence-là qui est en train de se faire sur les applications, c'est qui aura le plus d'attention de ses utilisateurs. 
Très bien. Vous avez parlé tout à l'heure de la perception et le fait que l'intelligence artificielle a pu être mobilisée pour permettre à des non-voyants de pouvoir décrypter leur environnement. Est-ce qu'on peut imaginer parce que c'est j'imagine, c'est un cas qui a été cité, auquel on est beaucoup confronté, sur l'accessibilité d'un site internet par exemple. Il y a des gros enjeux de mise en accessibilité de nos sites internet, de nos contenus. Est-ce qu'on peut imaginer que l’IA va permettre finalement de passer un cap, et d'accéder, je ne sais pas, sur des contenus, sur un site web non accessible, grâce à l’IA, de pouvoir y accéder ? Est-ce que ça va débloquer, est-ce qu'on peut imaginer que ça débloque quelque chose, un rapport plus direct au contenu d'un site web ?
Alors tout à fait, sur plusieurs aspects. Le premier, c'est pourquoi potentiellement aujourd'hui tous les sites ne sont pas accessibles à tous les utilisateurs ? C'est à la fois un manque de moyens financiers et de compétences qui ne permet pas de dupliquer le site, en tout cas de faire justement ces variations-là, pour que ça soit complètement accessible. Donc sur cette question-là on voit qu'effectivement l’IA sur un certain nombre de tâches informatiques, de design, etc. pourra assez rapidement faire des variations d'un même site ou d'un même contenu. On peut parler notamment du FALC, du facile à lire et à comprendre justement. C'est quelque chose qui est assez intéressant pour les personnes en situation de handicap mais qui demande un travail assez volumineux en termes de conception et donc potentiellement qui peut faire ces variations là, ça peut être intéressant. Le deuxième aspect qu'on pourrait aussi traiter c'est cette question de la recherche assistée sur internet. Potentiellement aujourd'hui on peut se dire que Google sera à terme remplacé, d’un moteur de recherche classique à un chatbot qui nous permet de répondre à nos questions, d'aller lui-même chercher l'information. On pourrait dire effectivement aussi qu'on a un site internet qui n'est pas accessible initialement mais auquel on va mettre un chatbot, avec potentiellement un micro si on a besoin de lui parler à l'oral, et qui va nous accompagner sur la navigation Internet pour pouvoir trouver les informations, répondre à nos questions, etc. Je pense que sur ces deux aspects l’IA peut véritablement changer la donne sur cette question de l'accessibilité. 
C'est parfait, très bien, et bien merci on a fait le tour de cette première série de questions. On va pouvoir repartir sur la présentation et puis vous laisser aborder la partie 2 de de la conférence.
Avec plaisir. On va maintenant se poser. On a fait un peu le l'historique de tout ça, et on a vu que, bon déjà c'est quelque chose qui est assez, ça s'est passé conjointement à l'évolution humaine, ça a été quelque chose qui était de l'ordre d'étapes assez importantes, qui nous ont permis de faire plus. Si je vous donne un exemple, les singes ont une mémoire de travail, donc une capacité à mémoriser des informations comme ça, à court terme, beaucoup plus élevée que nous. Ils sont beaucoup plus forts si je leur donne une chiffre, une série de chiffres, ou des exercices comme ça, ils sont beaucoup plus forts que nous sur ces aspects. Donc ça montre bien que potentiellement, on avait ces capacités-là, on a décidé ou en tout cas pas explicitement, on n’a pas consciemment, on ne s'est pas débarrassé de la mémoire en tout cas, on s'est dit que ces compétences-là n'étaient pas forcément les plus adéquates dans notre environnement, et on en a développé d'autres. C'est toujours la question de on perd quelque chose, qu'est-ce qu'on gagne en retour ? Les pessimistes en tout cas nous diront qu'on perd beaucoup aujourd'hui, qu'on gagne pas vraiment. D'autres vous diront que finalement, on perd quelque chose, mais c'est à nous justement de poser les questions, quelle est la compétence de demain ? Qu'est-ce qu'on veut justement mettre en place dans nos parcours de formation ? Qu'est-ce qu'on veut que l'être humain de demain soit, avec ses compétences ? C'est un peu la question qu'on se pose, et donc l’IA à mon avis est ce nouveau jalon, qui nous fait poser cette question de manière assez brutale aujourd'hui. Alors je fais un bref historique de l'intelligence artificielle pour vous montrer que ça a un passé tout de même. La première trace d'intelligence artificielle, en tout cas de cette question-là, qu'on pourrait se poser, c'est Turing. Alan Turing est un peu le précurseur de l'informatique et a posé ces questions-là. Je ne vais pas rentrer dans les détails, mais c'est lui qui a été un peu le précurseur de ces questions. Après on a eu à peu près 80 ans de recherche sur le sujet, avec énormément de chercheurs, notamment un excellent chercheur français Yan Le Cun qui a énormément travaillé sur cette question. On s'est rendu compte qu'on a eu différents hivers de l’IA, c'est-à-dire qu'on arrivait à comprendre théoriquement comment ça pouvait fonctionner, comment l'imaginer, mais on n’arrivait pas à le mettre en place en pratique. Du coup ça a conduit à des hivers où il n'y avait plus d'études sur le sujet. On a eu AlphaGo, la première IA qui a battu un joueur professionnel au jeu de Go, qui a même révolutionné finalement un peu la façon de jouer au go. C'est assez intéressant, sur ce sujet on a eu forcément les échecs également, qui a joué un rôle important sur la démocratisation, en tout cas la compréhension de l’IA. Et puis on a donc ces nouveaux modèles de langage qui sont apparus à partir des années 2020, qui vraiment sonnent une sorte de révolution, pas tant en termes de technologie, mais plutôt en termes de démocratisation et d'accessibilité, puisque l'IA était déjà beaucoup utilisée dans l'industrie par exemple, pour plein de tâches diverses. Finalement la question qu'on se pose et que j’entends souvent dans des colloques ou en formation c'est vraiment la question : est-ce qu'on peut faire confiance à l'intelligence artificielle ? On sait qu'elle est biaisée, notamment sur la question de quelle donnée d'entraînement on va lui fournir. Comment on peut être sûr que sa réponse est juste au regard de de la situation ? On peut avoir des décisions par exemple si on imagine mettre une IA dans la justice, des décisions de justice qui seraient biaisées, des voitures autonomes potentiellement qui conduisent à des accidents parce qu'elles ont vraiment une problématique de « mauvais raisonnement ». La vraie question que tout le monde se pose aujourd'hui, c'est est-ce qu'on peut faire confiance à l’IA sur ces aspects-là ? Est-ce qu'on doit faire confiance, et finalement est-ce que ça ne serait pas un critère trop important, et qu’on décide collectivement finalement que l’IA ne nous est pas utile, puisqu'on ne peut pas lui faire confiance. Alors pourquoi je dis ça ? Parce qu'en fait l’IA, on ne peut pas trop savoir ce qui l’amène à faire ce raisonnement, qu'est-ce qui, pourquoi elle donne cette réponse. Je vous ai mis un petit schéma. Alors ce n’est pas forcément simple à comprendre mais notre cerveau, globalement, ce sont des neurones qui sont connectés les uns avec les autres, et qui se transmettent de l'information. Alors c'est assez caricatural, mais pour comprendre mon raisonnement, ça suffira. Qu'est-ce qui se passe quand on va voir une information, une voiture dans la rue par exemple. On va voir l'image, la perception de la voiture qui va arriver. Puis, on va décider, à partir d'un certain nombre de critères, c'est la couche cachée que vous voyez au milieu. On va dire voilà, est-ce que la voiture a des roues ? Oui elle a des roues, donc potentiellement c'est une voiture. Est-ce qu'elle a un capot ? Est-ce qu'elle a un volant ? Etc. Ça, c'est un certain nombre de critères qui vont nous permettre, à nous, de dire que ce que j'ai vu là, est une voiture, et donc en sortie, dire oui, j'ai vu une voiture. C'est un peu comme ça que fonctionne le système de neurone et c'est ce qu'on a essayé de mettre en place en fait dans l'intelligence artificielle avec les réseaux de neurones justement. La problématique c'est qu'on ne sait pas du tout ce qu'il y a dans cette couche cachée, on ne sait pas quels sont les critères qu'elle a utilisés pour répondre à la question. Même si le résultat finalement nous paraît assez cohérent, on ne sait pas du tout ce qu'elle a utilisé. Alors dans certains cas, ça a beaucoup d'intérêt, on a I’IA qui a été entraînée sur un ensemble d'entretiens cliniques de psychologie, avec des personnes qui étaient dépressives ou non, et il y a en fait à trouver un nouveau critère, un nouveau critère de diagnostic de la dépression, qui était le timbre de la voix. On se rendait compte que les personnes en situation de dépression avaient une voix légèrement différente. On voit qu'on peut arriver à des nouveaux critères de décision qui n’étaient pas connus des êtres humains, mais qui sont intéressants. La question se pose du coup : est-ce qu'on peut faire confiance quand on ne sait pas quels critères elle a utilisé pour répondre à la question ? J'ai tendance à répondre à ça de manière un peu provocatrice. Je l'entends mais finalement, on l'a accepté de manière humaine cette question-là. Est-ce qu'on on fait confiance aux êtres humains ? On le fait, on a accepté de manière collective de faire confiance à l'être humain alors qu'on sait qu'il est énormément biaisé. Il y a un certain nombre d'études dont je vous ai mis les références qui ont montré en fait ce fameux effet qu'on a on appelle « effet halo » qui montre en fait que le physique d'une personne va avoir un impact sur énormément de choses, notamment des processus cognitifs. On a vu des études qui montraient qu’on avait relié, qu’en tout cas inconsciemment, on relie le fait d'être beau au fait d'être compétent. On relie aussi, il y a pas mal d'études qui montrent que dans les situations de justice, des personnes qui seraient séduisantes auraient des peines moins longues que d'autres. On voit également que les personnes qui portent des lunettes, c'est pour ça que j'en porte aujourd'hui, sont jugées plus intelligentes par les autres. On voit donc qu'on a un certain nombre de biais finalement qui sont assez forts. Il y a même des études qui montrent que quand on explique ces biais-là à la personne, elle les reproduira quand même. C'est vraiment si fort que ça et pourtant on a accepté de faire confiance à l'être humain. Vous acceptez d'aller chez votre médecin alors qu'il a potentiellement énormément de biais.
C'est donc pour moi pas vraiment une question de confiance. C'est plutôt une question de compétence. Est-ce qu'on accepte de déléguer des compétences qu'on ne jugeait pas délégables dans le sens où ça nous a toujours paru quelque chose de propre à l'être humain ? Quand on a eu cette révolution de la robotique, on a accepté de le déléguer parce que c'était quelque chose qui était finalement délégable. Aujourd'hui, la question à mon avis c'est plutôt ça : est-ce que de manière sociétale, est-ce que de manière collective, on accepte de déléguer ses compétences de raisonnement, de synthétisation, d'attention, de perception, tous ces aspects. Peu importe la réponse qu'on apporte à cette question finalement, ce qu'il y a comme consensus, c'est que nos compétences doivent changer, la formation, la question de qu'est-ce que l'on veut faire évoluer dans le temps en tant qu'être humain, doit être posée. Elle aurait dû être posée à mon avis beaucoup plus tôt. Elle a été, elle est amenée ici à cause de ce jalon de l’IA. On va essayer d'amener quelques réponses de qu'est-ce que sera la compétence de demain à l'ère de l’IA, mais en tout cas on voit effectivement que l’IA nous remplace sur un certain nombre de compétences très techniques finalement. On pourra en voir quelques exemples. Il faut donc se poser la question de qu'est-ce que je veux développer moi, en tant qu'être humain, à l'ère de l'IA.
Je pense qu'on va arriver vers une certaine polyvalence des compétences, une certaine transdisciplinarité des compétences si j'ose dire. Je vous ai mis un schéma qui explique un peu la dichotomie qui est utilisée aujourd'hui sur les IA. On a deux types d'IA. Les IA faibles donc les IA faibles en fait c'est toutes les IA qu'on a aujourd'hui, GPT compris. Ce sont des IA qui ont été entraînées sur une tâche spécifique, un objectif spécifique, avec des données spécifiques, et qui vont répondre à ce besoin. Chat GPT, tout simplement, on lui a donné du langage, elle s'est entraînée sur ce langage, et donc elle sait comprendre et générer du langage. Quand on arrivera à une IA forte, on aura une IA qui sera capable de s'adapter. Un peu comme un être humain qui va, dans n'importe quelle situation, comprendre les règles, apprendre et s'autoaméliorer. Quand on sera dans le cas d’une IA forte, je pense qu'on aura plus besoin de se poser cette question de la compétence, parce qu'on sera complètement dépassés. Alors ne vous inquiétez pas, je suis pas sûr que ça arrivera. Beaucoup de chercheurs disent que c'est impossible, donc on est un peu dans le flou par rapport à ça. En tout cas la question de l’IA faible montre à quel point on peut, sur certaines tâches, remplacer notre cognition, en tout cas utiliser ces outils pour faire des tâches. Je prends l'exemple de classer des documents, chercher de l'information quelque part, voilà on a toutes ces idées-là qui permettent de nous accompagner là-dessus. La question c'est donc est-ce qu’on ne va pas aller plutôt vers une polyvalence des compétences, c'est-à-dire que j'ai un certain nombre d'outils à ma disposition, et ma plus-value, moi, en tant que salarié ou en tant que freelance, ça va être de regrouper ces outils-là, de faire du raisonnement, de synthétiser toutes ces informations là pour créer quelque chose de nouveau. 
Je trouve également que ça offre une perspective de démocratisation des accès qui est assez intéressante. Si on prend le cas de la musique par exemple, ou du cinéma, on s'est rendu compte qu'avec l'évolution technologique des machines, dans les années 80 70, pour faire de la musique c'était réservé quand même. Il fallait avoir beaucoup de matériel et être suffisamment expert du sujet pour faire de la musique. Avec l'évolution des technologies, ça a un petit peu ouvert cet accès- là à la musique, puisqu’on pouvait avec un tout petit outil commencer à composer de la musique. Alors je ne dis pas qu'on va faire des experts de la musique, en tout cas des génies, mais ça offre cette démocratisation technique à certains aspects, et donc un nouveau moyen de support finalement pour certaines personnes. On pourrait même se demander si les artistes musicaux d'aujourd'hui ne sont pas apparus grâce à ça, grâce à cette démocratisation, grâce à cette externalisation cognitive. De la même manière pour le cinéma, on voit qu'on a des outils de plus en plus perfectionnés, qui nous permettent peut-être de nous exprimer différemment sur cette question. Alors pour conclure sur cette deuxième partie, on peut se poser la question : est-ce que nous sommes menacés ? La question, pour moi, elle est plutôt sur la tâche que sur le job. A mon avis, on n'a pas des jobs qui sont menacés, ou des postes qui sont menacés, mais plutôt des tâches. Certaines tâches qui n'avaient pas forcément de plus-value au quotidien pourront être remplacées et on pourra se concentrer potentiellement sur d'autres aspects de notre travail, qui seraient plus intéressants, ou en tout cas qui nous permettraient d'évoluer un peu différemment. Le quantitatif potentiellement est menacé, la répétition de tâches un petit peu, pas manutentionnaires, mais répétitives on va dire. On pose la question de la « destruction créatrice », donc effectivement je ne vais pas vous mentir, comme toute révolution technologique, ça va détruire un certain nombre de tâches, peut-être des emplois. Mais c'est la question de : qu'est-ce qu'on crée derrière ça ? Je ne veux pas amener, je n'ai pas d’a priori là-dessus. Je ne suis pas pour ou contre l'intelligence artificielle parce que globalement on n’a pas tellement le choix. C'est quelque chose qui est en train d'arriver. La question c'est plutôt comment on peut prendre le train en marche ? Ce que je vous recommande de faire tout de même, même si vous avez un avis contre l’IA initialement, c'est plutôt de se dire, je vais tester l'intelligence artificielle, voir ce qu'elle pourrait m'apporter, et si je décide de finalement pas l'utiliser, parce que je ne la trouve pas pertinente, j'aurais au moins, je saurais pourquoi je ne le fais pas. Mais avoir cet a priori dès le début sur cette question-là pourrait potentiellement vous faire passer à côté d'autres choses. Et donc pour moi il y a vraiment cette nécessité de prendre le train en marche sur ces questions-là. On va voir comment on peut essayer de prendre ce train en marche dans la troisième partie, pour conclure sur cet aspect-là. Je propose qu'on passe au questions réponses sur cette partie.
Merci beaucoup ! Alors on commence par quelque chose de concret, puis après on va aller un peu vers le philosophique, l’éthique. Alors première question : l’IA est-elle déjà entrée dans la formation initiale. 
Formation initiale, on parle collèges, lycées ?
Collèges, lycées, universités… 
Alors de mon expérience, de manière générale, je n'ai pas l'impression que ça soit rentré dans la formation initiale. De mon expérience, ce que je vois c'est qu'on a beaucoup d'enseignants qui sont très curieux de ces nouveautés technologiques, de ce que ça pourrait apporter à la fois dans la conception pédagogique, mais surtout et c'est là où je trouve que ça le plus d'intérêt dans la formation, dans l'accompagnement aux apprenants. On voit que la formation plutôt professionnelle, plutôt privée, s'est bien saisie de ces outils-là, et commence vraiment à amener des choses intéressantes. La formation initiale a un peu plus de difficultés à le faire, notamment dû au fait que c'est des programmes qui sont assez lourds, on a un cadre qui est différent on va dire. Je pense que c'est un enjeu important des années à venir, ça va être de voir comment on peut, dans la formation initiale, inclure ces aspects-là, notamment sur l'utilisation de l'IA mais aussi sur la question de comment j'évalue dans la formation initiale ? Quelles compétences je veux que mes apprenants, mes élèves développent au quotidien ?
Très bien, alors on va revenir un peu sur la question de la confiance parce que c'est un enjeu clé. Quelqu'un demande pourquoi l'homme ne se fait-il finalement pas assez confiance, en imaginant pouvoir faire confiance au contraire à 100 % à l’IA. Pourquoi ce déficit de confiance, du fait qu’on va se tourner vers l'IA ? C'est en lien avec les biais dont vous avez parlé, mais comment vous répondriez à ça ? Pourquoi on ne pas fait pas confiance à 100 % à l'humain ? Et on imagine que ce serait peut-être possible un jour, vous avez parlé de la justice, que la justice enfin que l'IA puisse… 
En fait dans les deux cas on pour moi on ne fera jamais totalement confiance, ni à l'humain ni à l’IA. La question elle n’est pas tant sur la confiance que sur accepter cette part d'erreur, et dans quel cas cette marge d'erreur est acceptable. On va chez le médecin, on va chez le juge, on a tous collectivement acceptés que l'être humain est biaisé dans certains aspects. Pourtant collectivement, on a dit que le juge était le dépositaire de l'autorité publique, on a accepté collectivement qu'on lui faisait confiance dans son rôle. Et donc la question c'est surtout de se poser, dans quelle mesure on accepte ce taux d'erreur en fait, ce pourcentage, on ne sait pas exactement ce qu'elle va nous fournir et dans quel cas ça a des implications. Donc c'est là vraiment pour moi qu’il faudra se poser ces questions et de nombreux chercheurs se sont posés les questions, il y a encore beaucoup d'années, c'est dans quel cas on l'utilise ? Est-ce qu'on l'utilise dans le médical ? est-ce qu'on l'utilise dans la justice ? Quel pouvoir on lui donne sur ces questions-là donc je pense que même si on arrive à une IA où on peut voir des résultats assez performants, il faudra rester méfiant sur ces questions-là. Il y a pas mal de chercheurs qui parlent plutôt d'aide à la décision accompagnée par l'IA, donc la décision reste prise par un humain, mais il a un assistant, un algorithme qui permet de lui fournir des solutions possibles, mais jamais l'IA ne prendrait la décision. Je pense que c'est plus pertinent en tout cas pour l'instant, tant qu'on arrive pas exactement à savoir ce qui se passe dans sa tête. On en vient un peu à une autre question du coup, c'est au-delà de la confiance, l'éthique et comment ça fonctionne. Du coup a une nécessité de recul critique effectivement parce qu’on ne sait pas comment ça fonctionne à l'intérieur. Plutôt une aide à la décision, mais du coup ça fonctionne comment ? Aujourd'hui on en est où, et quelles sont les possibilités pour le futur, pour exercer ce recul critique, et pas finalement en être victime ? C'est qu'il y a des corrections, par exemple, qui peuvent être faites, etc. Qu'est-ce qui se passe aujourd'hui, et est-ce que ça va continuer de s'améliorer, ou est-ce que ça restera un souci. A mon avis, tant qu'on ne saura pas exactement ce qu'il se passe dans l'IA et notamment sur le fait que sur la question de l'éthique, c'est surtout la question de quelles données on va fournir à l'intelligence artificielle. Si vous avez testé un peu Midjourney, donc des outils d'IA qui font de la génération d'images, on voit qu'ils ont un biais assez fort, un biais occidental et très, comment dire assez discutable. La question va se poser surtout sur les données qu'on va lui fournir, quelles sont les données qu'on lui fournit pour qu'il ait un raisonnement, en tout cas un résultat, qui soit plutôt objectif, ou en tout cas pas biaisé et dans quelle mesure on l'utilise ensuite. La prise de recul est donc très importante, et c'est là où je mentionnais cette question plutôt d'aide à la décision accompagnée, par et non pas à la place de, sur cette question-là. Sur l'éthique, alors je pense qu'il y a à la fois un plan de législation qui doit se mettre en place et je pense qu’en Europe on est, je suis assez content de ce qu'a fait le Parlement européen, parce qu'on a vraiment un cadre réglementaire qui s'est mis en place, qui est une première mondiale, qui pose justement ce cadre de l'IA de confiance, l'éthique de l'IA et notamment sur ces dimensions aussi écologiques. Dans quelle mesure on doit utiliser l'IA pour une tâche quand ça n’a pas forcément de plus-value, et que finalement ça consomme de la ressource pour rien ? Toutes ces questions-là en fait sont à mon avis, nécessitent un traitement législatif et aussi citoyen, sur des débats et sur des sur des experts. Un mélange d'experts et du coup de politique qui à mon avis permettrait de faire ça. Après je pense, en tant que citoyen, qu’il faut aussi faire de la formation et comprendre un petit peu comment ça fonctionne pour justement être plus à même de l'utiliser. Je donne souvent le conseil, pour terminer sur cette question, de ne jamais apprendre un nouveau sujet avec chat GPT parce que quand vous apprenez un sujet, vous n'êtes pas en mesure de détecter l'erreur finalement. Si chat GPT vous dit une grosse bêtise, vous ne saurez pas précisément ce qu'il a dit de mauvais, donc ça pose une vraie question d'apprendre avec chat GPT. Je pense que c'est utile quand on est déjà expert de son sujet et j'amènerai cette question après. Quand on est expert d'un sujet et qu'on utilise chat GPT, ça nous permet d'avoir une prise de recul suffisante pour dire non, là il a dit une grosse bêtise ou non, ça ce n’est pas ce que j'aurais amené. Par contre, ça permet de récupérer les éléments intéressants qui me sont pertinents pour ma tâche. 
Merci ! il y a un autre élément qui intéresse les participants. On a parlé des bases de données, de la façon, du fait qu'il faille nourrir ces IA. Qui sont les travailleurs de l'ombre, qui sont les personnes qui volontairement, voire involontairement finalement, vont alimenter ces bases de données, sur lesquelles on va se reposer pour en tirer des résultats ? On a des informations là-dessus ?
C'est vous principalement, c'est à peu près tout le monde. Ce qu'il faut savoir aujourd'hui c'est que Twitter a fermé tous ses accès aux données, au système d'API, donc on ne peut plus accéder de l'extérieur aux données Twitter. Reddit a fait pareil, donc là on a vraiment une guerre de la donnée en fait. La donnée vaut de l'or et tout le monde veut acheter cette donnée, récupérer cette donnée, pour entraîner des modèles d'IA. Sur Chat GPT par exemple, il a récupéré toutes les données textuelles qu'il avait à sa disposition sur internet. Je ne sais pas si vous avez vu récemment mais le New York Times a porté plainte contre la société de chat GPT parce qu'ils se sont rendu compte qu'ils avaient pris également des articles du New York Times. Je m'étais rendu compte aussi également une fois que j'avais écrit un article scientifique, que je n’avais jamais publié, que j'avais mis sur une plateforme de stockage privé, et quand je mettais le début de mon article sur Chat GPT, j'avais la fin de mon article, directement, qui était fourni. On se rend compte que potentiellement il y a même des plateformes dont on est censé avoir une certaine protection qui ont fourni ces données-là finalement. Regardez les cookies quand vous allez sur un site web, et vous verrez très vite à quel point les données sont utilisées et vendues. Bon, c'est assez caricatural, mais on dit que quand c'est gratuit, c'est toi le produit ! Finalement, c'est toutes ces données-là qui ont servi à entraîner ces modèles, donc je vous invite à être assez vigilant sur ces questions-là et sur ces aspects. Et aussi de ne pas donner d'informations privées ou d'informations importantes à ces modèles, notamment chat GPT, parce qu’on n'est pas certain exactement de ce qu'ils font avec. Est-ce qu'ils vont entraîner des modèles avec etc. Donc oui, il y a une vigilance à avoir. Est notamment développée dans le monde universitaire, on essaie de développer des datasets, donc des bases de données, qui seraient open source et qui ne seraient pas identifiantes, qui ne permettraient pas d'identifier des personnes ou quoi que ce soit. Donc il y a un vrai travail de recherche sur ces questions-là, mais on voit que c'est le monde du privé qui, quand même, a le monopole technologique pour l'instant.
D'accord, merci beaucoup pour ces réponses. On va pouvoir démarrer la partie 3 de la conférence donc je vous redonne la main Youri. 
Tout à fait. Donc là on va partir sur la question de quel est l'impact finalement sur les pratiques des professionnels ? On a un petit peu vu dans quelle mesure cette question-là en fait, de transdisciplinarité de la compétence, de voir dans quelle mesure je vais développer des nouvelles compétences effectivement sur certains aspects. Alors ce que je vous conseille de faire, je l'ai fait pour l'exercice, je suis allé sur un site qui s'appelle « thereisaniaforthat », « il y a une IA pour ça » qui propose ce qu'ils appellent le job impact index, où ils ont en fait référencé un certain nombre de métiers, d'emplois, qu'ils ont décomposé en plein de tâches différentes. Ils ont essayé de voir dans quelle mesure en fait pour un métier donné, pour des tâches données, est-ce qu'il existe des solutions d'intelligence artificielle pour ça, pour répondre à ça, ce qui leur permet de calculer un indicateur. Alors j'ai mis deux métiers, j'ai mis consultant pédagogique, qui est impacté, alors je vois pas très bien, mais je crois que c'est 15 % qui est impacté par l'IA. Donc on a encore de beau jours devant nous pour ce métier, il y a encore pas mal de tâches qui ne sont pas remplaçables, en tout cas pas réalisables par l'intelligence artificielle. Et puis j'ai mis en anglais, alors comment on pourrait dire, accompagnant professionnel, conseiller d'orientation, toutes ces questions de relation à l'orientation et à l'emploi. On voit que c'est un impact à 20 %, donc on voit que, encore une fois, l’IA ne remplacera pas ce métier. Déjà dans un premier temps, on pourrait dire que c'est des métiers qui sont aussi profondément humains, et qui ont besoin de ce rapport humain, et donc l’IA en soi n'est pas en mesure de pouvoir remplacer sur ces tâches-là. Par contre, de ce que j'ai pu observer, il y a quelques outils qui m'ont paru intéressants. C'est comment l’IA peut nous accompagner sur des compétences plutôt techniques, pour laisser plus de place à d'autres aspects. Donc là, je vous ai mis une étude, qui a essayé de voir dans quelle mesure l'utilité perçue de l'IA, pour un certain nombre de type de tâches que l'on a au quotidien. Quand on voit qu’on a donc trouvé des informations qu'on cherche dans des documents, dans des messages, etc., ça c'est vraiment quelque chose qui est ressorti comme étant impacté fortement par l'IA, et qui peut avoir une utilité perçue finalement. C'est vrai qu'on est dans une société où l'information elle est partout. On a tendance à se perdre, et donc l'IA en soi peut être un bon outil pour nous accompagner sur cette recherche d'information. Donc en soi, là je trouve ça pas très négatif d'utiliser ce genre d'outil puisque ça nous permet de récupérer l'information au bon moment, au bon endroit. Après, il y a des outils assez, comme je vous disais dystopiques, dans le sens où ils ont, il y a une application qui est sortie qui vous propose en fait d'enregistrer tout sur votre téléphone ou votre ordinateur. Tout ce que vous faites, tous les messages que vous envoyez. Ils offrent même, ils vous vendent un petit collier avec un micro, et ça enregistre également tout ce que vous dites à l'oral. Et alors pourquoi ils font ça ? Parce qu'après tu peux parler avec le chatbot et dire qu'est-ce que j'ai dit à mon ami hier soir ? Il a essayé de m'expliquer un truc, mais je ne l’écoutais pas vraiment. Qu'est-ce qu'il a voulu me dire ? Et là finalement l’IA va nous réexpliquer tout, toute la discussion qu'on aurait pu avoir avec notre ami. Donc là c'est complètement dystopique, et c'est presque effrayant au final, parce qu'on ne sait pas vraiment ce qu'ils font de nos données. Par contre, c'est vrai que si je pense à des personnes qui ont Alzheimer, ça peut être quelque chose qui est très pertinent et très efficace pour eux. Donc c'est toujours la question de, d'une part qu'est-ce qu'on fait des données en fait utilisées, et dans quel objectif ? Est-ce que ça a vraiment un intérêt ou pas de l'utiliser ? Les tâches répétitives effectivement c'est quelque chose qui pourrait être amené à être remplacé. Notamment si j'ai beaucoup de tâches assez administratives finalement, qui sont très répétitives, je pourrais créer de l'automatisation ou intégrer une intelligence artificielle qui va venir faire ça pour moi, ou en tout cas m'accompagner à 80 % du job, et moi je vais vérifier à la fin. Les tâches administratives basiques effectivement, on voit que maintenant de plus en plus de logiciels notamment de facturation permettent, vous avez une facture papier, l’IA va analyser tout le contenu de la facture et vous faire extraire cette donnée-là. Donc on voit qu'il y a pas mal d'outils qui permettent ça. Résumer, récapituler des échanges de réunion… Alors je ne sais pas si vous avez déjà fait ça mais il y a maintenant des outils qui permettent d'enregistrer tout ce que vous dites pendant la réunion avec vos collaborateurs, et qui va construire un résumé de tout ça, et puis par exemple l’envoyer par mail à tous vos collègues. Donc c'est vrai que c'est des outils qui peuvent être intéressants. Toute la question, c'est qu'est-ce qu'ils font de la donnée, encore une fois. Alors les tâches à faible valeur ajoutée. Pour moi c'est toute la question, quelles sont dans votre quotidien des tâches qui seraient à faible valeur ajoutée, qui ne composent pas finalement votre travail, ou en tout cas la plus-value que vous pouvez apporter, et dans quelle mesure elles sont remplaçables ? En tout cas on peut les accompagner avec de l’IA. Rédiger pour vous des messages, des réponses à des mails. Alors ça je ne recommanderais pas forcément, par contre c'est vrai qu'il y a des fois où les mails, on a quand même une codification qui est assez importante, il y a un certain nombre d'éléments à mettre dans un mail qui sont toujours présents, et donc potentiellement ça peut être un outil qu'on automatise sur ces aspects-là.
Alors voilà, pour vous présenter, Brice m'a expliqué qu'on avait à peu près deux publics aujourd'hui. On a premièrement des concepteurs pédagogiques, potentiellement qui pourraient être intéressés sur ces aspects, donc je voulais vous présenter cet outil-là qui s'appelle donc Nolej, c'est une société qui est française pour le coup, d'où la fameuse faute en anglais quand même de Nolej. C'est un outil qui est assez intéressant, qui permet justement, en fournissant un contenu assez brut on va dire, notamment par exemple d'un expert qu'on aurait pu interviewer, va créer un microlearning, donc un petit cours sur le sujet, et il va vous proposer un ensemble d'exercices assez interactifs. On a des quiz, on a plein d'outils pour tester vos apprenants sur ces questions-là. Je trouve ça intéressant, non pas pour la question pédagogique, parce que vous gardez ce processus-là finalement, vous avez toujours cette étape d'interview de l'expert, de comprendre le sujet, avant de pouvoir l'expliquer. Vous avez ensuite votre prise de note, vous allez essayer vraiment d’appréhender le sujet, de voir, d'imaginer un plan potentiellement de tout ça. Et après la question c'est comment le matérialiser, comment le mettre en place sur une vidéo, sur un e-learning... Et là, on fait appel plus à des compétences techniques, comment faire une vidéo interactive, comment aller sur genial.ly ou sur storyline pour créer des interactions les unes avec les autres. Tout ça, ce sont des compétences techniques qui, à certains égards, n'étaient pas le cœur du métier du concept pédagogique. Et donc je trouve que des outils comme celui-ci, en tout cas à l'avenir, vont permettre en fait au concepteur pédagogique de plus se centrer sur le cœur de son métier, qui est la pédagogie, transmettre des connaissances, et moins sur des compétences plutôt techniques comme mettre en place des interactions sur Storyline, ou créer un beau visuel etc. Sur un schéma par exemple, j'ai l'idée de mon schéma, j'ai bien pensé mon schéma, par contre je veux qu'il soit plus beau visuellement. Je peux utiliser une IA qui va me remplacer sur ses compétences techniques. Donc je suis assez positif sur cet aspect-là, dans le sens où je trouve que ces compétences techniques, c'était pas le cœur de métier du concepteur pédagogique, ça permet comme je vous disais de se recentrer plutôt sur le cœur de ce métier-là, qui est la conception pédagogique. 
Alors j'ai vu également une autre solution, plutôt sur l'axe recherche d'emploi, en tout cas faire matcher des compétences, des formations, avec un job. Donc là c'est une solution qui permet en fait d'analyser votre CV et qui va un petit peu détecter les compétences que vous avez, votre formation notamment, et qui va trouver le job parfait, le job de vos rêves, qui existe et qui est donc une offre d'emploi. Elle va aussi vous accompagner je crois sur le fait de rédiger un CV un peu plus beau, un peu plus hiérarchisé. Elle peut vous aider également sur une lettre de motivation je crois. Voilà, donc c’est impressionnant à quel point des outils IA pourraient vous accompagner sur ces questions-là. La question qui demeure c'est dans quelle mesure c'est une compétence essentielle en tant que telle. Est-ce que j'attends de la personne qu'elle puisse bien structurer, hiérarchiser, mettre dans un CV toutes ses compétences et sa formation, ou est-ce que c'est quelque chose qui me paraît pas intéressant ? Pour moi la question elle est surtout, comme je vous l'ai mentionné, sur l'internalisation, c'est-à-dire que quand j'ai commencé à faire des recherches d'emploi, j'ai créé mon premier CV, donc j'ai compris comment ça fonctionnait. Après quand on va chercher d'autres emplois, on va actualiser un peu son CV, le faire différemment. Est-ce que c'est des compétences qui me paraissent essentielles puisque je les ai déjà internalisées ? Pas forcément, c'est toute une question. Donc je pense qu'il y a énormément d'impact, l'analyse des CV comme je vous l'ai mentionné, peut être assez intéressante puisqu’on a une problématique aujourd'hui où on a beaucoup de personnes qui sont en recherche d'emploi. Et donc la question de faire matcher des CV, en tout cas des personnes, des compétences, avec soit des entreprises, soit des formations, ça peut être assez intéressant. On a un certain nombre d'algorithmes qui peuvent recommander les parcours de formation en fonction de ces compétences-là, des aspirations du demandeur d'emploi. On a vraiment un certain nombre de compétences, qui comme je vous disais, ont encore ce rapport humain, vous allez recommander des formations, recommander des métiers, mais vous allez avoir peut-être un premier retour de l’IA qui vous accompagnera sur ces questions-là.
Donc je pense qu'il ne faut pas avoir peur, pour conclure un petit peu sur ça. Pour moi, l’IA ne nous remplacera pas. Quelqu'un utilisant l’IA potentiellement oui. C'est là où il faudra un peu se méfier, c'est qu’une personne qui a réussi à utiliser les outils d'intelligence artificielle pour remplacer un certain nombre de tâches, de compétences techniques, qui n'était pas finalement le cœur ou la plus-value de son travail, pourra faire plus en moins de temps, ou aller plus loin. Et donc là on pourra se poser la question de cette personne-là, qui peut faire plus pour le même prix par exemple. Je ne sais pas si c'est si c'est un critère mais en tout cas il y a cette crainte-là. Après, la question de l'expertise est toujours présente. J'avais essayé de faire de la génération d'images par exemple avec des outils. Je m'étais rendu compte que ce que je faisais n’était pas super beau on va dire. Par contre, quand un nos illustrateurs donc de l'entreprise Sydo, ont commencé à voir un peu ce qu'ils pouvaient faire - alors on ne l’utilise pas du tout parce qu'ils ont déjà l'expertise - mais quand ils ont vu ce qu'ils pouvaient faire, ils se sont rendus compte qu'un graphiste ou un illustrateur qui a déjà la compétence de base peut aller beaucoup plus loin, parce qu'il va s'en servir comme base, voir un peu ok, il y a ça, c'est intéressant… Je vais prendre un calque ou un élément qui me paraît pertinent et retravailler dessus… On voit que ça peut être un gain de temps pour lui et pour aller plus loin sur sa plus-value, qui est peut-être l'affinage, en tout cas la créativité. Je pense qu'on arrivera effectivement à cette question-là, de transdisciplinarité des compétences, donc des personnes qui sont capables d'utiliser des outils, de relier les cadres théoriques et de compétences ensemble, pour créer quelque chose de nouveau. C'est un peu un peu pour moi l'enjeu. Après, je n'ai pas de réponse à ça, et c'est un peu la question que je vous pose aujourd'hui, est-ce que dans vos pratiques vous vous sentez plutôt menacé ? Est-ce qu'on parlerait, si je reviens sur la question une, de cognition augmentée finalement ? Est-ce que l'a va nous permettre d'aller plus loin ? Est-ce que ça va nous remplacer sur cette question de on a trop externalisé finalement, et on n’a plus véritablement de compétences en tant que tel ? Ou est-ce que on a vraiment quelque chose qui est diminué ? C'est une question où je n'aurais pas forcément de parti pris. De toute façon, comme je vous le disais, c'est une évolution technologique, c'est une révolution technologique, et donc il y a nécessité de la prendre en main, et de la comprendre au moins, pour ne pas être trop dépassé.
Avant de passer aux questions réponses, je voulais juste terminer sur cette question-là. Si vous êtes en en poste, ce que je recommande souvent quand je fais des formations sur la question, c'est plutôt de se dire voilà, je prendre une feuille Excel, ou un tableau, et pendant une semaine, deux semaines, un mois, je vais regarder toutes les tâches que je fais au quotidien. Quelle part elles ont dans mon temps de travail. Est-ce que je trouve qu'elles ont une vraie plus-value sur mon temps de travail et est-ce que potentiellement je passe à côté d'autres tâches que je ne peux pas faire par manque de temps ? A partir de ce diagnostic, de cette analyse du besoin, vous allez pouvoir déterminer si effectivement il y a des tâches qui ne vous intéressent pas et qui vous prennent trop de temps, et de voir dans quelle mesure l’IA pourrait vous permettre de gagner du temps. Je pense que c'est souvent une bonne étape, que je recommande, pour envisager cette question de la compétence, et de comment on pourra externaliser un certain nombre de choses. Je vous remercie donc, on va passer aux questions – réponses. 
On a pas mal de de questions alors, peut-être pour quelqu'un qui veut se lancer, qui se considère comme débutant, qui veut tenter l'IA, se jeter à l'eau. Quel est l'outil que vous conseillez ? Imaginons, parmi vous on a beaucoup de formateurs, d'ingénieurs pédagogiques, on a aussi beaucoup de personnes qui accompagnent autour de la VAE, pour retourner vers l'emploi, etc. On pense un peu à ces profils-là. Si je dois démarrer avec un outil, est-ce que je démarre avec chat GPT parce que c'est le plus connu ? Est-ce que je vais tout de suite chercher un outil très simple lié à nos métiers ? Enfin, qu'est-ce que vous conseilleriez ? 
Je recommanderais quand même de passer par chat GPT dans un premier temps, parce qu'il est finalement assez pédagogue. Si vous discutez avec lui, vous lui posez les questions, il saura à peu près vous répondre sur les possibilités d'utilisation de l'IA dans votre métier. Puis, vous allez voir les outils qui vous proposent un abonnement, par exemple pour l'IA en conception pédagogique, dans 80 % du temps on utilise Chat GPT, et on le met sous une forme plus accessible pour vous. Donc vous avez simplement à rentrer l'information, et ça fait le travail à votre place. Dans 70 %, 80 % du temps, vous auriez pu le faire avec chat GPT. De la même manière, on peut coder, on peut vraiment faire pas mal de choses, donc je vous recommande de commencer avec chat GPT, de lui poser des questions. N'hésitez pas à consulter des bibliothèques de ce qu'on appelle des « prompts », donc des messages qu'on va envoyer à l’IA, qui permettent d'avoir des résultats plus adaptés et cohérents. Et puis il y a beaucoup de ressources sur YouTube sur Chat GPT, pour bien commencer, etc. Une fois que vous avez compris un peu le principe de chat GPT, vous allez voir que soit vous allez la possibilité d'aller un peu plus loin, prendre un abonnement à chat GPT, pour avoir accès à plein de fonctionnalités supplémentaires, et puis finalement intégrer un petit peu plus dans votre travail, parce que les fonctionnalités aujourd'hui, on peut même connecter sa boîte mail, on peut lui donner des fichiers Excel, et il fait tout le travail sur le fichier Excel, et vous redonne le fichier tout propre, tout beau, traité. Il peut prévoir des réunions, des agendas, donc en explorant un petit peu cet univers-là, on peut effectivement se rendre compte que c'est intéressant. Après voilà, avec la méfiance des données, on ne sait pas encore pour le moment ce que fait chat GPT des données que vous lui fournirez. 
Une question subsidiaire par rapport à ça, est-ce que vous nous confirmez qu'on peut accéder à ça en français ? Parce qu'on a vu pas mal de ressources en anglais par exemple, est-ce que c'est un vrai frein, ou est-ce qu'on peut se débrouiller et avoir voilà accéder à des logiciels que ce soit chat GPT ou d'autres tout en français ?
Sans souci, chat GPT a une version française. Le modèle est entraîné en plein de langues différentes donc vous pouvez communiquer avec lui directement en français, il vous répondra en français. De manière générale, après en termes de solutions plutôt spécifiques, c'est assez variable, la plupart sont en anglais de base, il y a quelques solutions qui sont en français ensuite. La solution que je vous ai présenté, Nolej, c'est une solution qui a été faite par une entreprise française, donc vous aurez une version française. Après il faut voir. Sur Youtube par contre, en termes de ressources, on a pas mal de youtubeurs aujourd'hui, Micode, ou des youtubeurs français qui ont essayé de traiter ces questions-là, et qui ont amené beaucoup de réponses. Il y a aujourd'hui pas mal de ressources françaises sur ces questions-là. Si vous avez la documentation en anglais, par exemple un PDF qui vous explique ça, et que vous n’arrivez pas trop à le comprendre, vous le donnez à chat GPT, il va le lire pour vous, il vous en fera un résumé en français. C'est aussi ça l'avenir potentiellement, c'est l'accessibilité. Notamment sur les articles scientifiques, quand je voulais vulgariser, en tout cas donner un article scientifique à un de mes collègues qui n'avait pas le vocabulaire, on utilisait un petit outil qui s'appelait « Chat with PDF », et il mettait le document, et il pouvait poser toutes ses questions à son PDF. Il n’avait donc pas vraiment besoin de le lire. Il le lisait pour bien comprendre, mais il pouvait poser toutes ses questions. Donc ça offrait une accessibilité nouvelle à un domaine scientifique qui est assez fermé de manière générale. 
Pour les outils et sites internet que vous avez cités, on pourra les mettre dans les ressources avec le replay, donc ne vous inquiétez pas. Comme il y a des noms anglais potentiellement un peu longs, et cetera, on les mettra sur le site. Eh bien, par rapport à ces outils, justement, je commence à explorer, je vois des choses qui ont l'air intéressantes. Potentiellement, ça va être des fois en anglais. Je ne connais pas les entreprises derrière. Comment savoir si l'outil est fiable ? Si je peux avoir déjà confiance fondamentalement, pour envoyer quand même une première donnée ou quelques petites données, pas encore sensibles ? Déjà, par rapport à l'utilisation des donnée. Et aussi, comme on a parlé de cette histoire de critères cachés, comment je fais par rapport à ces critères cachés ? Est-ce que je dois aller quand même explorer, essayer de comprendre ça, ou est-ce que finalement j'abandonne d'office parce que ce sont des critères cachés ? Peu importe ? Là, je dois faire confiance à partir du moment où j'utilise de l'IA. Donc, c'est vraiment cette question de fiabilité, à la fois comme vous l'avez dit, les données, et puis sur le résultat final. Quelle posture adopter finalement pour notre vie quotidienne, quoi ? 
C'est vraiment une question qui ressort beaucoup quand je fais des formations, notamment auprès d’enseignants, ou dans des organismes publics qui veulent utiliser l'IA. Mais on a la question RGPD qui va tout de suite être un frein assez important. Deux réponses par rapport à ça, qui ne vont pas forcément résoudre le problème, mais on a d'abord Microsoft. Donc, Microsoft, qui a tous leurs serveurs en Europe, donc ils sont soumis à la juridiction européenne sur la question de la RGPD. Donc, Microsoft propose le modèle de ChatGPT sur Bing. Donc, si vous allez sur Bing chat, vous avez notamment cette option-là. Ils vont le mettre sur toutes leurs licences bientôt. Quand vous aurez une licence Microsoft, vous aurez accès à Copilote, qui est leur outil IA. Il faudra voir les conditions d'utilisation, mais en tout cas, Microsoft est plus soumis à ces questions de RGPD pour l'instant que OpenAI ou d'autres solutions que vous pourriez trouver sur cette question-là. 
Et après, c'est comment faire confiance au résultat ? Alors, ça sera vraiment, pour le coup, vous gardez votre expertise. Donc, quand vous allez voir le résultat de l’IA, vous allez vous rendre compte que soit c'est vraiment n'importe quoi. Alors, si vous voyez que c'est n'importe quoi, je vous invite tout de même à vous dire, est-ce que c'est moi qui ai donné des mauvaises données ? Est-ce que les données n'étaient pas forcément correctes ? Est-ce que je lui ai posé les mauvaises questions finalement ? Est-ce que je lui ai mal expliqué ce que je voulais faire ? Est-ce que le contexte dans lequel je voulais avoir besoin de Lia, je lui ai bien expliqué ? Et effectivement, il y a des cas où l’IA ne pourra pas du tout vous accompagner, sur plein de sujets qui sont encore trop compliqués pour elle. Elle ne pourra pas vous accompagner. Donc, je pense qu'il faut que vous gardiez cette expertise, que vous capitalisiez sur votre expertise. Avec ce regard critique, vous ne pourrez pas accéder aux critères cachés, comme on l'a mentionné. Donc, ça sera plutôt d'avoir un regard très critique sur le résultat qui vous est fourni. 
Et puis, pour finir, juste, on a une entreprise qui donc a créé un modèle MISTRAL AI, qui est le premier modèle potentiellement français open source. On avait eu Bloom à l'époque, qui était un autre modèle français également, mais MISTRAL AI peut rivaliser, il me semble, avec les performances de ChatGPT. Donc, c'est assez intéressant. Ils sont en train progressivement d'ouvrir l'accès à pas mal de monde. Donc, je mettrai également le nom dans le replay. 
Très bien. On va revenir un peu sur ces questions de formation initiale, un petit peu, de scolaire. Il y a eu toute cette vague où on a introduit les ordinateurs à l'école, voir le code, etc. Du coup, est-ce qu'on a déjà identifié, à travers la recherche scientifique notamment académique, des compétences ou des domaines où on se dit, ça c'est à intégrer dans les programmes scolaires, comme on a pu le faire, avec les enfants qui doivent apprendre à coder, voilà. Est-ce que par exemple, ça, c'est déjà fini, et puis on est passé à autre chose ? Est-ce qu'il y a des choses qui émergent, alors peut-être pas en France, mais peut-être d'autres exemples, ou est-ce que c'est vraiment trop tôt ?
Alors, en France, je pense qu'on ne s'est pas encore posé ces questions-là. Mais je ne connais pas exactement tous les débats qu'il peut y avoir sur cette question de la formation initiale. Il y a évidemment une question de la compétence et de à quoi on va former les étudiants de demain. Est-ce qu'il y a toujours un intérêt de faire un devoir maison, dans la mesure où l'étudiant pourra utiliser ChatGPT et recopier assez bêtement finalement les réponses de ChatGPT ? Donc, la question de l'évaluation, elle va être profondément modifiée, et finalement elle aurait dû être modifiée il y a longtemps. C'est qu'est-ce qu'on veut que nos étudiants, nos apprenants comprennent ? Est-ce que c'est l'esprit critique ? Est-ce que c'est la synthétisation ? Est-ce que c'est la capacité à regrouper des éléments ensemble ? Donc, ce sont des questions que l'on doit se poser, auxquelles je ne peux pas répondre, puisque je n'ai pas l'expérience déjà d'enseigner en initial. Ce que je peux vous dire par contre à l'université, parce que j'ai un petit peu enseigné à l'université, c'est que là, effectivement, il y a un enjeu.
L'enjeu il est surtout de potentiellement de se rendre compte que on peut apprendre des connaissances assez simplement aujourd'hui, donc avoir un cours de 2 heures où on a simplement une transmission de connaissance qui se fait de l'enseignant à l'apprenant. Ça n'a pas d'intérêt, autant aller sur internet ou récupérer le cours, lire le diapo, lire un livre, etc. On a accès à la connaissance. Donc le cœur de métier de l'enseignant, ce qui a été bien compris en formation initiale et peut-être qui devrait être amélioré à l'université, c'est plutôt l'aspect pédagogique, c'est comment on questionne, comment on amène l'étudiant à développer sa compétence, c'est poser ses questions sur ça. Et donc si effectivement on pose la question sur l'informatique, je pense qu'il y a des nouvelles compétences en termes d'IA qui qui doivent émerger, mais qui finalement ne sont que des suites logiques à l'informatique potentiellement, parce que c'est assez similaire en terme de logique en tout cas. Mais je pense qu'il y a vraiment une sensibilisation à faire sur ces questions-là.
Très bien, alors si on se met un peu dans la peau d'un concepteur pédagogique, d'un ingénieur pédagogique, vous avez dit bon, on a internalisé une première fois. Ensuite, je peux passer à la conception pédagogique par IA, a priori pas forcément problématique. Mais il y a quand même cette crainte de se dire, mais est-ce que je vais pas perdre quand même la compétence ? Donc, voilà, est-ce qu'il n'y a pas un risque de perdre la compétence, même dans notre cœur de métier, de se dire bon, je sais faire, allez, je bascule sur l'IA, je prends des habitudes, les 10 prochaines années, de toute façon, je vais concevoir avec de l’IA, et in fine risquer d'avoir perdu la compétence, d'être devenu totalement dépendant. Comment anticiper ça et comment le doser ?
Complètement, et on pourrait même aller plus loin, on voit que, par exemple, sur l'activité des GPS sur les chauffeurs de taxi, on s'est rendu compte que les nouvelles générations de chauffeurs de taxi n'ont jamais eu à internaliser, à apprendre à planifier, puisqu'ils avaient tout le temps un GPS. Les chauffeurs Uber ont tout le temps un GPS, donc ils n'ont vraiment aucune représentation mentale de leur espace à construire. Donc, finalement, on construit plus des experts chauffeurs de taxi, où on voyait vraiment des études où les chauffeurs de taxi experts à l'époque avaient une représentation mentale de tout l'espace de la ville. Ils savaient exactement où aller, ils pouvaient planifier en fonction d'un certain nombre de processus. C'étaient vraiment des experts. Maintenant, on ne construit plus des experts sur ces questions-là, et donc on a perdu cette compétence. Elle n'existe plus en soi dans cette catégorie professionnelle. Si jamais il y a des chauffeurs de taxi parmi vous, n'hésitez pas à me prouver le contraire, mais en tout cas, c'est ce qu'on voit un peu dans la littérature. Donc, effectivement, sur cette question de si j'ai recours un peu à l'utilisation de l’IA, je l'ai effectivement internalisé, mais j'ai recours à cette utilisation, on aurait potentiellement tendance à la perdre parce qu'elle est moins entraînée, moins stimulée. Donc, je pense que c'est là où c'est intéressant, quand vous allez utiliser l'outil, de l'externaliser, c'est quand même de passer par cette étape de, voilà, je reprends un peu mon processus. Peut-être qu'il sera allégé parce que finalement, vous allez reprendre des éléments que l’IA a déjà fait, mais vous gardez ce processus-là. Si vous faites un programme pédagogique, vous devez concevoir une formation, l’IA vous donnera quelques pistes, vous donnera peut-être, vous évitera la page blanche, donc avoir un programme qui est intéressant. Mais vous allez quand même faire ce processus-là en récupérant les informations, oui, effectivement, c'est pertinent, je n'aurais pas pensé à ça, etc. Donc, ça va plutôt vous accompagner sur votre processus interne que véritablement l'externaliser à 100 %. Après, je suis peut-être très optimiste, et qu'on va avoir effectivement une approche plutôt dans les 20, 30 ans où de nombreuses boîtes, ou nouveaux concepteurs pédagogiques, ne passeront que par l'IA. Mais je pense que les entreprises qui ont déjà fait cette démarche-là, qui ont déjà vraiment une plus-value pédagogique sur ce sujet, en ajoutant un peu d'IA, elles seront encore plus fortes. Les entreprises qui ne font que de l'IA, globalement, ça va ne pas être, à mon avis, très convaincant, en tout cas dans les 20, 30 ans à venir. 
Très bien. Alors, du coup, un thème de fond aussi, est-ce qu'on a des études qui ont été menées, des résultats, pour savoir si l'humain est devenu finalement plus intelligent ? Parce qu'on a parlé de la cognition, donc les capacités à apprendre, acquérir des connaissances, etc., mais du coup, plus intelligent dans le sens capacité à s'adapter, survivre par ses propres moyens, voilà, avec tous ces développements technologiques, où en est-on, et où ça revient un peu à ce qu'on disait sur le temps de cerveau disponible, etc. ? Alors, on est plus intelligent en 2024 quand on voit l'état actuel de notre environnement, en termes d'outils d'informatique, où finalement, il y a eu, on s'est abruti, entre guillemets, ou alors, c'est stable. Que dit la science ?
Alors, déjà, la science elle vous dirait, qu'est-ce que vous définissez comme intelligence ? Qu'est-ce que l'intelligence en soi ? Le créateur du test de QI disait que l'intelligence, c'est ce que mesure mon test. Globalement, on a eu parfois quelques difficultés à définir de manière assez scientifique ce qu'est l'intelligence. Il y a un consensus pour expliquer que l'intelligence, c'est notre capacité d'adaptation, finalement, à un nouvel environnement, apprendre des nouvelles règles, apprendre une nouvelle tâche, et puis du coup, s'adapter à cette question, à cet environnement-là. Et on a eu pas mal de recherches scientifiques, on a eu des débats sur la question du QI, par exemple, qui diminuerait au fil du temps. Et donc, on s'est dit bon, voilà, on arrive au fameux film "Idiocracy", donc une population qui n’aurait plus du tout de QI. Et en fait, ces études ont été complètement remises en cause, puisqu'en fait elles étaient extrêmement biaisées sur la méthode dont elles mesuraient l'intelligence. Donc, on se rend compte qu’on n’est pas forcément sur une baisse de l'intelligence, à mon avis, au fil du temps. Par contre, une dépendance, certainement. Je pense qu'on arrive à effectivement une augmentation de la dépendance à ces outils-là, et qu'il faudra sérieusement se poser la question à un moment donné, qu'est-ce qui se passerait si on avait plus accès à tous ces outils-là ? Dans le médical, on le voit notamment quand il y a eu des piratages de cybersécurité dans des hôpitaux, où toute leur données étaient virtuelles, il n’y avait plus de papier, et donc ils étaient complètement perdus et ils ne pouvaient rien faire.
Il y a vraiment cette question de la dépendance qui va se poser. Après sur l'intelligence en tant que telle, je ne pourrais pas vous répondre, je ne sais pas s'il y a un consensus scientifique sur cette question. Pour le coup, je chercherai, je vous mettrai peut-être des articles en bibliographie du replay pour explorer un peu cette piste. Je pense qu'effectivement on est plus accompagné, on a perdu beaucoup de compétences. Les jeunes aujourd'hui ne savent plus, n’ont plus les repères orthonormés par exemple, ne savent plus où est le nord, le sud, etc., mais parce que ça ne nous sert plus dans notre environnement. On a de la signalisation, on a des GPS, etc. Est-ce que vous considérez ça comme une perte d'intelligence ou pas ? On pourrait dire que non, finalement, ils ont pu développer d'autres compétences. D'autres diraient que non, s'ils sont dans la nature, ils sont paumés, ils ont perdu une compétence qui était utile. C'est toujours la question de s'adapter à un environnement qui demande de moins en moins de compétences, plutôt pas physiques, mais spatiales, etc. Donc par rapport à notre environnement, on s'adapte, donc on peut être, en quelque sorte, intelligent de plus en plus.
Ça reste une question en suspens, très intéressante. Alors, on a aussi des questions assez concrètes. Typiquement, comment accompagner les entreprises pour répondre aux enjeux de l'IA ? Donc là, c'est plutôt avec une casquette un peu différente, mais c'est dans quel service un consultant ou un spécialiste de l'IA peut offrir pour accompagner une entreprise. Donc, là, on va être dans les organismes de formation beaucoup, dans ceux qui sont avec nous ce matin. Ça marche comment ? Comment on accompagne ? Alors, déjà, il y a un aspect de conduite au changement. Toute révolution technologique amène une résistance, et c'est normal en soi, puisqu'on a passé 15 ans, 10 ans de sa vie à prendre une compétence technique, à devenir expert d'un sujet, et du jour au lendemain, on va nous dire : "Bah, une solution regarde, ça fait pareil que toi, j'ai fait ça en 2 minutes sur mon ordinateur." Évidemment, il y a une résistance. Évidemment, il y a une certaine conduite au changement et une façon d'amener les choses finalement au sein des entreprises pour que ça se passe de la meilleure façon possible. 
Alors, la formation, effectivement, c'est quelque chose qui est aujourd'hui beaucoup demandé dans les entreprises. D'avoir une formation, en tout cas, pour mettre tout le monde à niveau. Je trouve que c'est intéressant parce qu'il n'y a pas de tabou en soi. Les salariés sont assez ouverts sur leur utilisation de l'IA. Donc, je trouve que c'est intéressant de mettre au moins tout le monde à niveau sur les problématiques de l'IA, comment l'utiliser au mieux pour obtenir la meilleure réponse. Donc, cette formation au prompt, quel message j'envoie à l'IA pour avoir une bonne réponse. Et puis, après, d'avoir une réponse un peu structurelle de l'entreprise sur le cadre d'utilisation. Après, je pense qu'il y a, comme je vous disais, sur cette fameuse question de la destruction créatrice, va y avoir des nouveaux postes, des nouvelles tâches, et potentiellement des chefs de projets en IA, si j'ose dire, des personnes qui seraient capables dans des entreprises d'analyser le besoin, de voir un peu ce qu'on appelle l'ergonomie, donc l'ergonomie des postes, des processus, identifier un peu les points de douleur des salariés et de proposer des solutions, a ou pas, finalement, même d'automatisation d'informatique pour accompagner ça. Je pense que c'est un peu la problématique aussi aujourd'hui, c'est qu'on a les salariés qui sont en poste, qui n'ont pas forcément le temps d'appréhender ces questions-là, et du coup, qui sont un peu frustrés. Ils savent que ça existe, mais ils n'ont pas trop le temps de le faire. Oui, complètement. C'est la question de la nouveauté aussi, ça se pose. Quand quelqu'un nous demande, on en avait parlé, mais comment on forme des jeunes et vers quoi on les oriente, alors que potentiellement, ils vont être remplacés par l'IA, entre guillemets, on se projette bien avec eux quand on est un centre de formation, par exemple, où on travaille dans une mission locale, on se projette avec le jeune, mais on se projette sur quoi, comment on fait pour ne pas faire d'erreur, sachant que l'IA est en train de bouleverser et va bouleverser leur parcours, les compétences attendues, etc. Donc, qu'est-ce qu'on dit aux jeunes, et quelle posture avoir avec les jeunes pour ne pas les envoyer dans des mauvaises directions ou justement, voilà, peut-être que c'est eux aussi qui sont peut-être plus à l'aise avec l'IA. Aussi ça dépend des jeunes. Alors, je vais avoir un avis qui est assez personnel. Je pense qu'on devrait arrêter de se focaliser sur des compétences qui n'en sont pas vraiment, comment dire, des compétences qui, si je prends l'exemple de la recherche scientifique, par exemple, 80% du travail d'un chercheur scientifique, c'est beaucoup d'administratif, c'est beaucoup de code à respecter, c'est beaucoup d'éléments qui ne sont pas le cœur de son métier, au final. Pourquoi on le fait ? Parce qu'on a créé une société dans laquelle, pour communiquer les uns avec les autres, il faut qu'on respecte ses codes, il faut qu'on ait les mêmes processus en interne. Tout ça, c'est des choses qui sont importantes pour communiquer, mais qui, finalement, en tout cas, moi, personnellement, m'apportent pas plus de joie que ça au quotidien dans mon travail. C'est pas ça, mon métier. Donc, si je vais faire le point dans mon métier, ce qui m'intéresse, c'est réfléchir, lire de la littérature scientifique, poser des questions, créer des expériences, etc. Donc, personnellement, j'ai redéfini un peu mon métier, en tout cas ce que je voulais qu'il soit, en termes de compétences. J'accepte totalement de déléguer ces tâches-là. Si j'avais besoin, je pourrais les déléguer à l'IA, si j'en avais envie. Donc, c'est une question qui se pose aussi sur ça. C'est dans quelle mesure les métiers de demain doivent évoluer, dans quelle mesure il y a des compétences finalement qui ne sont pas utiles dans la construction de votre étudiant ou de quoi que ce soit. Donc, accepter finalement cette part, il y a des compétences que tu dois effectivement maîtriser, il faut les internaliser quand même, même si effectivement l'IA demain pourra te remplacer. Il faut quand même que tu en aies conscience. Je ne sais pas, écrire des mails, avoir des compétences de base en informatique, par exemple, ce sont des choses que tu dois avoir parce que tu n'en auras pas forcément besoin dans ton travail, mais dans tous les cas, dans plein d'autres situations. En fait, si vous internalisez suffisamment ces compétences, c'est aussi la question, comme je vous disais sur la multiplication. Il vous dira peut-être, bah, je comprends pas, il y a une qui fait ça. Oui, mais on apprend la multiplication pour bien l'utiliser ensuite avec la calculatrice. Donc, si vous connaissez bien ça, les compétences, vous saurez bien les externaliser et votre étudiant, potentiellement, c'est là où peut-être plein de formations, en tout cas, des formations qui regroupent un certain nombre de domaines, peuvent être intéressantes. Où votre étudiant, il saura faire cette compétence-là, cette compétence-là, cette compétence-là. Il saura regrouper l'ensemble de ses compétences pour faire quelque chose de tout à fait nouveau ou qui lui convient lui-même. Donc, je pense qu'il y a une redéfinition des tâches qui doit être mise en place. Est-ce que ça peut trouver aussi un parallèle avec le développement des compétences interpersonnelles, des soft skills, pas forcément des compétences techniques métier, mais toutes ces compétences qui permettent d'interagir avec les autres, d'apprendre, de communiquer, etc. Peut-être un lien avec ce que vous venez de dire, tout à fait. C'est un des points qui peut être intéressant à explorer, qui est exploré maintenant, même avant l'IA, a été exploré sur cette question-là. Parce que l'on voit que ça a un impact assez fort sur la productivité, sur le bien-être au travail, sur plein d'éléments à l'entreprise. Et je pense qu'effectivement, ce sont des compétences que l'on pourrait ou qu'on pourra développer un peu plus, avoir le temps, en fait, de passer plus de temps sur ce rapport humain là, plutôt que d'être sur des tâches qui sont répétitives ou très digitales. Donc, oui, tout à fait. Vous parliez de l'industrie tout à l'heure. Est-ce qu'il y a des secteurs professionnels qui sont plus en avance que d'autres sur l'intégration de l'IA dans les apprentissages, dans le développement des compétences du salarié, donc formation continue, vraiment des salariés, des secteurs pro qui ont intégré l'IA, pour justement le proposer dans leur plan de compétence annuel, par exemple, plan de développement des compétences. J'ai intégré l'IA, parce que je veux que mes salariés s'en emparent, et l'ont déjà fait, on n'a pas attendu 2024. Alors, quand je parlais d'industrie, ou les boîtes qui auraient utilisé fortement l'IA, en fait, les salariés n'en ont pas conscience. En fait, on leur donne un logiciel, par exemple, et ce logiciel va leur dire, bah, voilà, cet algorithme, il permet de déterminer si, sur une chaîne de production, par exemple, s'il y a une problématique de qualité sur l'un des produits. Donc, là, on voit qu'on utilise de l'IA, en fait, qui est un algorithme de détection, de reconnaissance, de qualité. Donc, ils utilisaient l'IA sans en avoir conscience. Donc, quand je disais que l'industrie l'utilisait, finalement, c'était assez transparent pour les salariés. Ils n'ont pas vu le changement véritable. Et après, alors, quels seraient les secteurs aujourd'hui qui ont pris le plus le changement de l'IA, en tout cas, qui ont plus cette formation proposée aux salariés? Je ne suis pas dans beaucoup de domaines. Je ne pratique pas dans des domaines comme ça. Mais alors, sur la formation pro, moi, je vois qu'il y a une forte demande sur ces questions-là. Les concepteurs pédagogiques ont bien cerné l'intérêt que ça a pour eux et pour les apprenants, pour transformer l'expérience d'apprentissage. Tout ce qui va être logistique, supply chain, ce genre d'aspects là. Je crois que les entreprises ont saisi l'intérêt que ça pourrait avoir sur le suivi logistique d'éléments, de produits, etc. C'est vrai que là, il faudrait regarder s'il y a des études qui ont regardé par secteur l'intérêt que l'IA a apporté. Je ne pourrais pas vous dire exactement sur tous les secteurs. Une autre question qui est posée, qui est peut-être liée aussi à tout ce qui est création d'image, conception d'image, de photographie, etc, quelqu'un demande, est-ce qu'il n'y a pas aussi un enjeu sur la propriété intellectuelle, les droits d'auteur, etc, c'est lié au aux données, mais du coup, qui pourrait peut-être aussi poser un problème, puisque toutes ces créations d'images, on sait qu'il y a peut-être un flou sur l'utilisation, la création de nouvelles images à partir d'images anciennes, pour lequel on n'a pas payé les droits d'auteur, par exemple. Est-ce que ça, c'est réglé? On est encore dans la problématique du coup, parce que ça peut créer peut-être un problème juridique aussi pour nous, si on utilise des données que finalement on se rend compte qu'il y a un problème de droit d'auteur derrière. La question se pose effectivement. Alors, je ne sais pas si le projet de loi européen a résolu cette question. Je j'ai pas regardé exactement. Ce que je sais par contre, c'est que les outils, notamment de génération d'images, ont retiré la capacité de dire, génère-moi une image dans le style de Picasso, par exemple. Ils ont enlevé ces possibilités là, pour justement essayer de ne pas reproduire en fait le style de personne. Mais en fait, on peut toujours le faire sur certains aspects. Je sais que d'un point de vue juridique, sur Chat GPT par exemple, OpenAI s'engage à vous soutenir. Si vous avez une entreprise qui porte plainte contre vous, par exemple, parce que vous utilisez du contenu qui appartenait à l'entreprise, mais que ce contenu était généré par Chat GPT, OpenAI vous aide de manière juridique, vous défend sur ces questions-là. Donc, en fait, on n'a sur la propriété intellectuelle de Chat GPT, on n'a pas à se poser cette question-là, c'est eux qui ont à se la poser, chat GPT. Après d'un point de vue éthique... Oui, parce qu'ils ne défendent pas les artistes, par contre, potentiellement. Exactement. Alors, sur la génération d'image, je saurais pas vous dire exactement ce qui est en train de se mettre en place, qui est en train de se poser la question. C'est important effectivement, et on voit qu'il y a même de nombreux petits artistes, des artistes moins connus dont les travaux ont été repris, et on peut générer des images comme ça. Donc, c'est une question qui se pose, euh, et je regarderai le projet de loi pour voir s'ils ont apporté une réponse par rapport à ça. En tout cas, encore être prudent à ce stade dans la génération d'image. Oui, tout à fait. Après, pour trouver des listes d'outils. Là, on a quelqu'un, par exemple, qui fait de la conception pédagogique. Comment je trouve une liste d'outil? Je passe par où, par LinkedIn? Je suis des gens, je vais sur un agrégateur, je demande directement à Chat GPT, qu'est-ce que vous conseillez, une boîte à outil, comment je me la crée ? Alors là, vous avez vraiment plein d'angles, plein de possibilités, effectivement. Sur LinkedIn, il y a différentes personnes qui partagent, notamment des concepteurs pédagogiques, des outils intéressants. Moi, j'utilise un annuaire qui s'appelle, je voulais mentionner tout à l'heure, ThereIsAnAIForThat, en français, il y a une IA pour ça. C'est un annuaire qui est composé de plus de 12 000 solutions d'IA je crois. Ce qui est intéressant, c'est que vous allez mettre votre tâche, votre besoin, donc par exemple, générer des diaporamas, et elle va vous donner toutes les solutions qui existent par rapport à cette tâche, avec leur prix, etc. Donc, j'aime bien cette annuaire pour cet aspect là. Et puis, il peut aussi décomposer par compétence, par tâche, en tout cas, de métier, donc c'est intéressant. Et puis, effectivement, Chat GPT, vous pouvez le connecter à cet annuaire, donc c'est Chat GPT qui fait la recherche sur l'annuaire pour vous. Donc effectivement, je pense que LinkedIn, ça va être un peu complexe, mais l'annuaire, je vous le conseille véritablement. Très bien. Et bien, merci pour toutes les questions, on a eu beaucoup de questions super intéressantes. On va s'orienter désormais, on va peut-être remettre la présentation, et s'orienter vers la conclusion. Alors, voilà, on a brassé pas mal de choses. Peut-être, si vous avez un mot final ou un dernier élément à donner, puis après, je clôturerai avec des éléments du plan de professionnalisation. Un dernier mot? Oui, je pense qu'il n'y a pas à être positif ou pessimiste sur ces questions-là, puisqu'en fait, c'est quelque chose qui est en train d'arriver. Donc, je pense que c'est intéressant et je vous remercie de m'avoir invité aujourd'hui pour présenter cette conférence. C'est qu'on puisse se poser ces questions là et que l'on ne soit pas dépassé complètement, parce que ça c'est dommage dans le sens où on va avoir vraiment une phase de destruction et ça serait problématique pour beaucoup de personnes. Donc, je pense qu'il faut savoir se saisir de l'IA comme un outil, comme Wikipédia à l'époque. C'est un outil que je vais utiliser pour un certain nombre de tâches, qui va m'accompagner, et je vais placer l'IA en tant qu'outil. Donc, mettre ce cadre là, ce n'est pas plus qu'un outil qui m'accompagne ou pas. Donc, la question de la compétence demeure. Par contre, on doit se poser la question de quelles sont les nouvelles compétences de demain. Est-ce qu'il y a des compétences qui sont amenées à disparaître ou en tout cas être modifiées, ça c'est une vraie question. J'ai essayé d'amener quelques pistes de réflexion, mais je pense que maintenant, c'est métier par métier. Il y a vraiment cette question de se poser, plutôt que d'attendre que l'IA remplace tout, plutôt de se dire bon voilà, je fais un diagnostic de mon métier aujourd'hui, ou de mon groupe de travail, et j'envisage un peu ce qui était la plus-value ou pas, comment je peux utiliser l'IA ou pas pour ça, et donc comment ces compétences-là sont amenées à évoluer. Voilà, pour cette conclusion. Très bien, on va remettre la dernière slide pour clôturer. En tout cas, moi, je tiens à vous dire que j'espère que vous avez trouvé ça intéressant. Il y a beaucoup d'éléments, de thèmes qui ont été abordés dans la conférence, qui sont traités dans le plan de professionnalisation à travers les webinaires qui arriveront ou des sessions de formation. On a une session de formation sur l'intelligence artificielle, des sessions de formations sur les soft skills, etc. Donc, vraiment, n'hésitez pas, voilà, si vous avez été intéressés, n'hésitez pas à consulter l'offre de Via Compétence sur www.via-compétences.fr, à vous inscrire à nos newsletters, et puis n'hésitez pas à nous contacter si vous avez la moindre question. On est à votre service. On vous remercie tous encore pour les questions posées, pour votre participation, et à bientôt sur le site web pour consulter le replay, les ressources, ou pour d'autres événements liés à la professionnalisation de Via Compétences. Merci et très bonne fin de journée ! Merci à tous.