Accessibilité pour tous : comment mieux inclure ?

00:00 - Générique

Emploi, orientation, formation, lampe de poche, le podcast qui éclaire votre quotidien pro. Le podcast qui éclaire votre quotidien pro.

00:16 - extrait humoristique (série Vestiaires)

Personnage 1 - L'inclusion c'est l'avenir, mais c'est hyper positif.

Personnage 2 - On va pas inclure tous les valides de toute façon ! 

Personnage 1 - Pardon ? 

Personnage 2 - On n'aura pas assez de fauteuils, ni de prothèses, c'est la réciprocité.

00:29 - Ann PORCHERET-AMARA (Animatrice)

L'accessibilité universelle, ça vous parle ? C'est l'accès à tout pour tous. Faire vivre cette exigence dans le monde professionnel est un travail de tous les instants. Plus globalement, c'est un projet de société auquel contribuent les acteurs de l'emploi et de la formation. Aujourd'hui, pour éclairer notre lanterne sur cette question, nous accueillons Camille Simon, cheffe de projet chez Alter Egal, une association dédiée à l'emploi et à la diversité. Nous donnerons ensuite la parole à Aurélie Sabatier, une collègue de Via Compétences, chargée de mission web et référente sur l'accessibilité numérique. Pour commencer, Camille, pouvez-vous nous dire plus précisément ce qu'est l'accessibilité universelle ?

01:08 - Camille SIMON (Intervenante)

Pour définir l'accessibilité universelle, je vais commencer par deux définitions. La première, c'est une définition sociologique qui est la capacité d'atteindre les biens, les services et les activités qui sont désirées par un individu. Et puis, on peut reprendre un peu cette logique plutôt philosophique où l'accessibilité universelle, c'est un idéal vers lequel on souhaite tendre. Et ça renvoie à cette définition de l'ONU qui est la conception universelle. Donc la conception universelle, c'est la conception de produits et d'équipements, de programmes et de services qui puissent être utilisés par tous, dans la mesure du possible, sans nécessité ni adaptation ni conception spéciale. Ça signifie que quand on conçoit, quand on améliore un service, qu'on se mette dans une posture de construire une société à partir des besoins de personnes qui sont plus vulnérables que d'autres. Qu'on pense aux différents types de déficiences : moteur, mais aussi psychique, mental, cognitif, des maladies invalidantes, auditif, visuel, pour... pouvoir aboutir à un service, à un bien. Cette accessibilité universelle prend en compte quatre dimensions. L'accessibilité bâtimentaire, architecturale. La deuxième, c'est l'accessibilité de communication et donc également numérique. La troisième, c'est l'accessibilité relationnelle et la manière dont on est accueilli pour un bien ou pour un service. Et la dernière, c'est l'accessibilité des produits de consommation de tous, aux citoyens et citoyennes.

02:48 - Ann

Et quelles sont les principales actions menées par votre association sur cette question d'inclusion universelle ?

02:54 - Camille

Alors notre objet social, notre raison d'être à Alter Egal, c'est vraiment la promotion de l'égalité d'accès à l'emploi et à la formation. Notre mission, c'est vraiment de se nourrir de l'action pour amorcer le changement. Donc ça passe par nous en interne, la manière dont on fonctionne, c'est par exemple notre charte de communication inclusive. On s'est posé la question de... Quels mots on emploie pour permettre à chacun et à chacune de se sentir appartenir à une société plus accessible et plus inclusive ? À l'externe, ça passe par de l'accompagnement de parcours professionnel, par de la sensibilisation, de la formation, du conseil ou de l'accompagnement au changement. Il y a une loi que j'ai envie de vous partager aussi à travers nos échanges, c'est la loi des 80-20. C'est-à-dire que les acteurs publics vont dépenser 80 % de leurs efforts pour une cible d'entreprise ou de personnes qui sont finalement assez minces. Ces 20 %, c'est souvent des grosses entreprises ou bien des personnes qui ont déjà recours à leurs droits. Nous, l'objectif à Alter Egal, c'est d'aller bouger ce curseur et puis d'aller chercher des petites entreprises, des personnes qui ne sont encore pas convaincues et d'autres personnes qui sont davantage à la marge.

04:14 - Ann

Avec qui travaillez-vous pour favoriser cette accessibilité ?

04:18 - Camille

Alors on ne travaille jamais seul, on associe toujours les différentes parties prenantes d'un projet ou d'un enjeu au sein de la société. Alors on a des projets spécifiques handicap, mais nous ce qui nous intéresse c'est tous les projets de droit commun auxquels on inclut cette dimension d'accessibilité, d'inclusion dès le démarrage. À Alter Egal on intervient sur trois niveaux. Auprès de trois types de publics, le premier, c'est les personnes directement concernées. Le deuxième niveau, ce sont les organisations, que ce soit des employeurs privés, publics, des structures de formation. Et le troisième niveau, ce sont les acteurs publics qui définissent, mettent en œuvre et déploient les politiques publiques d'emploi et de formation pour tendre et inclure cette notion. J'ai envie de faire un focus sur la participation des personnes concernées. On a en tête ce slogan « Tout ce qui est fait pour moi, sans moi, est fait contre moi » Et c'est notre parti pris aussi à Alter Egal. Chaque action qu'on va engager, on va être force de proposition pour développer ce pouvoir d'agir des personnes concernées.

05:27 - Ann

Pouvez-vous nous donner un exemple d'action menée et qui a particulièrement porté ses fruits ?

05:32 - Camille 

Le projet expérimental FitLab : former, innover, transformer dans un laboratoire. Et pendant cette expérimentation, nous avons mené avec des partenaires, mais surtout avec des personnes concernées, une méthodologie pour transformer une formation et la rendre accessible. Donc on est allé chercher des personnes concernées panélistes pour deux phases de test, pour une action de formation identifiée et permettre à la fin de créer d'une part... un carnet de bord avec cette méthodologie de comment est-ce qu'on mobilise les personnes concernées, et puis un deuxième document qui est un kit de bonne pratique pour rendre accessible une formation.

06:18 - Ann

Comment pouvons-nous sensibiliser davantage à cette question et quels sont les freins pour la mettre en place concrètement ?

06:24 - Camille

Alors, le premier frein qu'on identifie et sur lequel on agit au quotidien à Alter Egal, ce sont les représentations sociales qui sont véhiculées au sein de la société. Et notre préconisation, c'est d'intervenir dès le plus jeune âge pour construire et concevoir une société accessible et inclusive. Donc on va intervenir par exemple dans des formations professionnelles pour que les futurs professionnels intègrent complètement cette notion d'accessibilité. Et je pense par exemple à une promotion de chargés de communication ou de futurs gestionnaires en ressources humaines. Un autre frein qu'on identifie, c'est cette notion de temps. Le temps dédié à cette démarche de mise en accessibilité, à la fois pour le coordonner, mais aussi pour le concrétiser sur le terrain. Un point important pour contourner ce biais du temps et de l'énergie dépensée, c'est commencer par actionner finalement ce qui est à la portée de l'organisation. On arrête les grands diagnostics et les grands plans, mais l'idée c'est d'avancer petit à petit avec les moyens et les ressources qui sont à la portée d'un employeur, d'une personne pour atteindre cette accessibilité universelle.

07:37 - Ann 

Pour finir, auriez-vous des pistes concrètes à transmettre à nos auditeurs pour participer à une démarche d'accessibilité universelle ?

07:45 - Camille

Alors oui, bien sûr. Un premier élément, c'est de reprendre les procédures qui sont en place dans les organisations. L'idée étant de ne pas faire deux procédures qui ne se rencontrent jamais, mais vraiment d'avoir une seule et même procédure qui englobe l'ensemble des personnes qui utilisent cette procédure. Un deuxième exemple, ça peut être effectivement de déployer un support de présentation qui inclut justement cette notion d'accessibilité, avec des tests qui vont être alignés à gauche plutôt que justifiés. Il y a un interligne à 1,5 à minima, une taille de police qui permet d'être lue par le plus grand nombre.

08:28  - Ann 

L'accessibilité est aussi numérique. Focus sur la façon dont Via Compétences met en application cette obligation légale. La parole est à Aurélie Sabatier, chargée de mission web. Concrètement, à Via Compétences, quelles sont les actions menées pour développer cette accessibilité numérique ?

08:44 - Aurélie 

Donc à Via Compétences, on a mis en place l'accessibilité de façon très progressive, de façon à ce qu'on ait chacun le temps de s'approprier les nouvelles méthodes. On a proposé aux collaborateurs des formation ou simplement un premier niveau de sensibilisation, de façon à ce que chacun puisse s'en emparer à sa façon. On a priorisé les différents sites sur lesquels on souhaitait intervenir. En priorité, notre site viacompétences.fr, le site à destination des professionnels, mais également le site cotéformation.fr, celui qui est destiné au grand public. Ce sont deux sites qui sont très utilisés et sur lesquels il y avait des enjeux à la fois pour que la technique soit bien conforme et qu'également les contenus qu'on propose sur ces sites soient également conformes. Ça veut dire dans la rédaction qu'il faut travailler sur les titres, les intertitres, les sous-titres de façon très structurée, que les codes couleurs qu'on emploie dans le site soient suffisamment contrastés pour faciliter la visibilité et que la navigation clavier, par exemple, puisse se faire de façon aisée pour les personnes qui ne peuvent pas utiliser leur souris. Toutes ces petites contraintes on les a utilisées et on les a bien pensées en amont, de façon à ce qu'on gagne du temps dans la phase de conception de notre site et qu'au final, on ait un site qui soit le plus accessible possible. De façon à ce que nos utilisateurs à distance, mais également les collaborateurs internes qui seraient en situation de handicap, puissent utiliser nos outils.

10:13 - Ann 

Merci Aurélie pour cet éclairage numérique. En trois mots-clés, que doivent retenir nos auditeurs pour améliorer leur démarche d'accessibilité ?

10:20 - Aurélie

Trois mots-clés, je dirais « simplifier », « dès la conception » et « collectif ».

10:27 - Générique

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