L’action publique nationale en matière d’orientation
Un rapport publié par l’Institut des Hautes Études de l'Éducation et de la Formation (IH2EF) analyse les enjeux et les dispositifs de l’action publique nationale en matière d’orientation scolaire et professionnelle.
Les politiques publiques éducatives nationales sont souvent influencées par des initiatives européennes. Ce sont des accords intergouvernementaux qui ont permis de construire des dispositifs d’échange entre les pays comme le programme Erasmus.
Les accords de Bologne ont permis une cohérence et reconnaissance des diplômes avec la mise en place d’un espace européen de l’enseignement supérieur à 3 cycles Licence Master Doctorat.
Au niveau national les questions d’orientation et d’insertion professionnelle sont reparties entre les ministères du Travail, de l’Éducation nationale et de l’enseignement supérieur. Ce qui tend à rendre le pilotage plus complexe.
Mais au niveau régional comment se passe la gouvernance ?
Orientation et gouvernance régionale
En 1993 la coordination des acteurs et l’organisation des actions d’accueil, d’information et d’orientation sont confiées aux Régions.
En 2005, elles souhaitent s’engager pleinement dans la lutte contre le décrochage scolaire et l’orientation.
En 2018, la loi pour la liberté de choisir son avenir a renforcé les compétences des Régions en matière de financement et de coordination des acteurs de l’orientation. L’orientation demeure sous la responsabilité de l’État, les académies au niveau régional.
Positionnement des Régions
Le rapport montre une disparité importante entre les actions des différents schémas régionaux. Le partage de compétences n’est pas toujours lisible.
Le rapport de IH2EF préconise une clarification des rôles de chacun et la mise en place d’une nouvelle loi sur l’orientation. Celle-ci aurait pour objectif de mener une politique publique engagée assumant des choix de pilotage sur :
- le rôle des acteurs de l’orientation, notamment les psychologues de l’éducation nationale
- et la répartition des moyens financiers.
Une vision de l’orientation pas toujours partagée ?
Pour assurer la réussite et l’insertion professionnelle de tous, le rapport préconise que les acteurs puissent avoir la même vision de l’orientation. Souvent deux approches s’opposent :
L’approche adéquationniste des Régions
Elle place un lien fort entre emploi et formation, l’orientation est abordée sous l’angle des métiers en tension.
L’approche éducative de l’État
L’orientation est vue comme un processus lent que l’on ne peut pas diviser avec :
- d’un côté la problématique d’emploi- formation
- et de l’autre la personne.
L’approche adéquationniste ne suffit plus à conduire une politique régionale efficace. Face à l’évolution de la société, il faut prendre en compte la construction du jeune dans toutes ses dimensions : intellectuelle , sociale ...
L’information sur les métiers et les formations
Le rapport préconise un pilotage national qui serait le garant d’un accès à l’information pour tous et sur tous les territoires.
Le problème qui se pose est la multiplication des sources d’information. Ce qui rend illisible l’offre de service d’accompagnement et l’information sur les formations, les diplômes pour les jeunes et leurs familles. Deux raisons à cela :
Le manque de clarté sur les professionnels de l’orientation
Au niveau des établissements, une multitude de professionnels sont engagés dans l’orientation des jeunes, professeurs principaux, psychologues de l’Éducation nationale, référents décrochage, chargé d’information et d’orientation en SUIO …
L’accès à l’information n’est pas réservé qu’un seul corps de métiers. Tout le monde s’empare du sujet. Le rapport préconise ainsi de clarifier les rôles de chacun.
Une multitude de dispositifs territoriaux
Chacun de son côté la région et l’État lancent des appels à projets APP pour trouver des projets et solutions innovantes. Ainsi de nouveaux prestataires vont bénéficier de fonds publics. Le programme d’investissements d’avenir PIA, piloté par le secrétariat général pour l’investissement vise à financer des investissements innovants et prometteurs notamment sur la problématique de la transition enseignement secondaire enseignement supérieur sur le territoire. Il est demandé une évaluation de tous ces dispositifs afin de ne reconduire que les solutions efficaces.
L’émergence de tous ces dispositifs entraine une forme de concurrence entre eux et provoquent parfois une forte inégalité entre les territoires.
La non-sécurisation des parcours de formation
L’IH2EF constate que l’éducation devient un marché de plus en plus ouvert à la concurrence qui manque de régulation. Il y a une augmentation des offres de formation pas toujours contrôlées avec :
- des centres de formation sans certification réelle
- des salons, organisés par des groupes de média privés ne facilitant pas les choix d’orientation des jeunes et l’information des familles.
Le rapport préconise la création :
- d’une certification garantissant un accompagnement à l’orientation d’excellence". Ce label AOE copié sur le principe de Qualiopi ou Eduform permettrait une régulation par les ministères et offrirait un vrai service aux critères et indicateurs clairement identifiés.
- d’un espace de dialogue entre les jeunes et les professionnels pouvant évoluer vers du mentorat.
Pour une meilleure gouvernance en matière d’orientation sur le territoire, il est impératif d’avoir :
- une vision partagée de l’orientation
- et de s’appuyer sur des partenaires solides si l’on veut garantir la réussite et l’insertion professionnelle de tous.
Suite à la publication du rapport, nous envisageons un tour de l'orientation pour mettre à plat la politique d'orientation. Une concertation nationale sur l'orientation post collège et fin du lycée est lancée dès le mois de décembre au sein des régions académiques avec les principaux acteurs : Région, Éducation nationale, enseignement supérieur, Onisep...
3 thématiques sont retenues : la gouvernance et l'articulation de la politique des acteurs de la politique de l'orientation, la valorisation des formations porteuses d'avenir dans l'information des métiers et l'accompagnement des jeunes dans la construction de leur parcours.
Une présentation des propositions sera faite en février 2025.
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